Pays non démocratiques - La Francophonie devrait imiter le Commonwealth, selon Turp

Québec — La Francophonie devrait s'inspirer du Commonwealth et sévir contre les pays non démocratiques. C'est ce que croit le député Daniel Turp, porte-parole péquiste en matière de relations internationales et de francophonie. M. Turp réagissait aux propos de la ministre des Relations internationales, Monique Gagnon-Tremblay, qui a déclaré avant-hier, lors d'une entrevue au Devoir, qu'il valait mieux ne pas exclure les pays de la Francophonie qui violent les droits et libertés. Mme Gagnon-Tremblay était au Laos pour une conférence des ministres de la Francophonie en préparation du prochain sommet, à Québec, en octobre 2008. Un des trois thèmes choisis, «Démocratie et gouvernance», pourrait d'ailleurs mettre sur la table la question des droits de l'homme. Les deux autres thèmes portent sur l'environnement et la langue française.
M. Turp croit qu'il faut sévir contre les pays récalcitrants. Le député de Mercier observe que le Commonwealth, dont le sommet s'ouvre aujourd'hui, exerce une réelle pression sur le Pakistan pour qu'il respecte les principes démocratiques. D'ailleurs, le premier ministre canadien, Stephen Harper, a opté pour la ligne dure hier en se déclarant favorable à la suspension du Pakistan des rangs de l'organisation. M. Turp souligne du reste que c'est en partie l'action du Commonwealth qui a permis de libérer l'Afrique du Sud du joug de l'apartheid.Par ailleurs, M. Turp se souvient que sa vis-à-vis, questionnée lors d'une commission parlementaire sur les droits de l'homme en Chine, s'était montrée «très évasive».
Pourtant, la Francophonie s'est donné les instruments pour agir en la matière, rappelle M. Turp: elle a entériné en 2002 la Déclaration de Bamako, selon laquelle «Francophonie et démocratie sont indissociables». Dans cette déclaration, le Conseil permanent de la francophonie était autorisé à prendre certaines mesures contre les États membres récalcitrants, dont les quatre suivantes:
- le refus de soutenir les candidatures présentées par le pays concerné à des postes électifs au sein d'organisations internationales;
- le refus de la tenue de manifestations ou conférences de la Francophonie dans le pays concerné;
- la recommandations en matière d'octroi de visas aux autorités de fait du pays concerné et la réduction des contacts intergouvernementaux;
- la suspension de la participation des représentants du pays concerné aux réunions des instances.
«Je n'ai pas souvenir d'un pays qui ait été assujetti aux sanctions prévues dans ce document», se désole le député, qui croit que le Québec devrait se faire un défenseur de ces principes au sein de la Francophonie.