Plaidoyer pour le développement de la filière hydrogène

Le Québec doit se doter d'une stratégie de développement de la filière «hydrogène», comme il l'a fait pour les biotechnologies et les technologies de l'optique, d'autant plus que le marché international pour cette forme d'énergie propre explose littéralement.

C'est ce que soutiennent l'Université du Québec à Trois-Rivières et la société E-H2 dans un document de réflexion qu'elles viennent de faire parvenir à Québec et Ottawa pour que chercheurs et entreprises de ce secteur ne ratent pas la «fenêtre d'opportunité» 2007-12, qui verra les premiers centres de distribution se structurer en Amérique et en Europe pour desservir, notamment, les véhicules que plusieurs constructeurs automobiles et de poids lourds s'apprêtent à mettre sur le marché.

La stratégie que Québec doit adopter dans ce domaine devrait s'articuler autour de deux objectifs, explique le mémoire. D'abord, il faut assurer la sécurité de nos approvisionnements énergétiques en remplacement des hydrocarbures, de plus en plus populaires et de plus en plus chers. Deuxièmement, la stratégie québécoise de l'hydrogène devrait constituer un des piliers de la politique de lutte contre les changements climatiques puisque l'utilisation de l'hydrogène ne rejette aucun gaz à effet de serre si on le produit au moyen d'énergies renouvelables comme l'énergie éolienne.

L'hydrogène, soutient le mémoire, a un énorme avantage sur l'électricité parce qu'on peut l'emmagasiner plus facilement et en grandes quantités et, dans le cas de l'éolien par exemple, il permet de différer le moment de l'utilisation. L'hydrogène peut aussi se transporter relativement facilement, ce qui en fait un substitut intéressant au pétrole pour alimenter les moteurs de trains, navires, camions et voitures, soutient le mémoire. Certes, son transport et son stockage exigent de le maintenir sous 700 atmosphères de pression et à une température de - 293 °C. Mais les technologies de stockage, de transport et d'utilisation sont sécuritaires, affirme le mémoire.

On obtient présentement 96 % de l'hydrogène produit dans le monde au moyen de procédés chimiques qui l'extraient de combustibles fossiles. Mais pour qui a de l'électricité, le procédé de l'électrolyse permet de l'obtenir à partir de l'eau en séparant ses atomes constitutifs, ce qui permet de transformer l'énergie obtenue du vent ou de l'eau en un combustible propre, transportable, sans la moindre émission de GES.

Le marché de l'hydrogène est en phase d'expansion. Entre 2005 et 2006 seulement, le marché de l'hydrogène est passé de 11 à 22 milliards, selon la Banque mondiale, note le mémoire des universitaires.

Selon E-H2 et l'UQTR, le projet de recherche conjoint mené par le Québec et l'Union européenne de 1990 à 1998 a permis de constituer ici une masse critique de chercheurs et d'investissements qui ont mis le Québec «sur la carte» dans ce domaine. Mais comme ce programme a piqué du nez depuis, il faut aller plus loin et créer un nouvel organisme à vocation plus large, le Centre d'innovation des technologies de l'hydrogène (CITH2), qui aurait pour mandat d'offrir et de développer une expertise québécoise autant en recherche que dans la mise en marché. La création de ce centre exigerait un investissement de 31,5 millions pour la période 2007-12, dont 10,2 millions seraient fournis par Québec et 20,3 millions par Ottawa.

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