Couillard injecte 16 millions autour des hôpitaux pour régler le problème aux urgences
Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, a reconnu, hier, que les salles d'urgence au Québec traversaient «une période difficile» à l'heure actuelle pour des raisons encore inexpliquées.
Afin d'améliorer la situation, le ministre a annoncé l'injection immédiate de 16 millions, «des investissements non pas dans les hôpitaux mais autour des hôpitaux», c'est-à-dire dans les soins à domicile, dans les prises en charge par la communauté des personnes souffrant de maladies mentales et dans la réadaptation. «On vit actuellement une période difficile dans nos salles d'urgence», a signalé M. Couillard au cours d'un point de presse. «Il est probable que cet état de fait va durer encore et jusqu'à temps qu'on ait mis le doigt sur le problème qui explique cet achalandage important.»La situation pourrait nécessiter d'autres actions si «une épidémie d'influenza classique au début de l'hiver» venait empirer les choses, a prévenu M. Couillard. Le ministre a tenu ce point de presse afin de commenter l'information, publiée dans La Presse, selon laquelle la situation se dégrade dans les urgences cette année.
Les dernières données disponibles du ministère montrent que la situation s'est effectivement détériorée depuis un an. Le nombre de patients qui séjournent sur une civière à l'urgence pour plus de 48 heures, un délai jugé inacceptable, s'est accru de 9 % dans les six premiers mois de l'année (d'avril à septembre) par rapport à la même période de 2005, passant de 21 167 à 23 145 personnes. L'achalandage total a augmenté de 751 590 à 793 996 patients. La durée moyenne de séjour sur civière est un peu plus longue que l'an dernier, soit 15,4 heures, sauf en santé mentale où elle a légèrement diminué. En outre, le nombre des personnes âgées de plus de 75 ans (104 195) n'a jamais été aussi élevé pour cette période de l'année depuis 2002-03.
Mais Philippe Couillard préfère voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. Le ministre a fait valoir que les durées de séjour, surtout en santé mentale, ont diminué depuis 2003 et que le nombre de personnes qui passent plus de 48 heures à l'urgence, en dépit de la hausse de cette année, est moindre en 2006 qu'il y a trois ans. C'est en santé mentale que la durée des séjours a diminué le plus depuis trois ans, de 35,7 à 25,3 heures, a-t-il mentionné.
Afin d'améliorer la situation des urgences à Montréal, l'Agence de santé et des services sociaux de Montréal (ASSSM) effectuera une injection immédiate de 6,9 millions de dollars, une part incluse dans les 16 millions annoncés par Québec.
Cette dépense supplémentaire permettra au réseau de santé montréalais de se pourvoir de quelque 300 lits à l'extérieur des hôpitaux, que ce soit pour le soutien à domicile de certains patients ou pour leur offrir des places en hébergement transitoire en CHSLD. Cette somme servira à désengorger les 15 unités d'urgence de l'île de Montréal, mais une attention particulière sera portée aux besoins plus criants des hôpitaux Maisonneuve-Rosemont, Notre-Dame et Santa Cabrini. Pour la première fois, quatre lits seront ajoutés à l'unité de soins intensifs de l'Hôpital juif de Montréal.
Même si l'annonce survient à la suite de la publication de données montrant que la situation se détériore dans les urgences, l'Agence se défend bien d'agir uniquement dans le but de limiter les dégâts. «Ce que j'annonce était déjà prévu depuis deux mois. Acheter des nouveaux lits, ça se planifie. Je ne fais pas du damage control» a assuré David Levine, le directeur de l'ASSSM.