Négociations entre Québec et les spécialistes - Le Collège des médecins craint l'escalade des moyens de pression
Réélu hier pour un troisième mandat à la tête du Collège des médecins du Québec, Yves Lamontagne s'est dit «inquiet des répercussions que pourrait avoir l'escalade des moyens de pression» entre le gouvernement et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).
«On ne règle pas grand-chose sans se parler», estime M. Lamontagne, qui réagissait à la décision de la FMSQ, annoncée jeudi, de bouder le plan du ministre de la Santé et des Services sociaux en ce qui concerne la réduction des délais d'attente pour les chirurgies. La FMSQ a demandé à ses membres de ne pas accroître leur volume de travail, malgré l'annonce par le gouvernement d'une injection de 50 millions pour réduire les délais et augmenter les heures de fonctionnement des bloc opératoires au Québec.Selon le président Lamontagne, réélu par acclamation, le Collège des médecins n'a pas le pouvoir de forcer les spécialistes à opérer tant qu'ils ne diminuent pas eux-mêmes leur pratique. «Ils suivent à la lettre l'approche légaliste imposée par la loi. Ce n'est pas le rôle du Collège d'intervenir là-dedans, à moins que des gestes allant contre le code de déontologie ne soient commis. Mais pour l'instant, ça ne met pas la sécurité des gens en danger.»
Pour son dernier mandat — il entend se retirer dans quatre ans —, Yves Lamontagne a ciblé quelques dossiers prioritaires à traiter. Le premier a été réglé hier: l'harmonisation de la formation des médecins de famille. Jusqu'ici, un médecin de famille ayant étudié en Ontario, par exemple, ne pouvait pas venir donner un coup de main au Québec sans passer de nouveaux examens, une mesure jugée contraignante par M. Lamontagne. Au sein de la FMSQ, 32 des 35 spécialités sont harmonisées avec le reste du Canada.
La pérennité du financement public du réseau l'inquiète aussi. «Je veux reparler des PPP [partenariats public-privé] dans les prochaines années. Je suis convaincu qu'aucun État au monde ne sera capable de suivre financièrement la progression démographique de sa population. Il va falloir trouver de nouveaux moyens pour financer un système de santé public fort.» D'ici 2010, M. Lamontagne aimerait aussi développer davantage le créneau des «activités partageables» (infirmières praticiennes spécialisées, permission accordée aux pharmaciens de prescrire la pilule du lendemain, etc.).