À la défense de Pierre Lortie

Pierre Lortie a beau conseiller deux organisations gouvernementales distinctes dans un seul et même dossier, cela ne le place pas en situation de conflit d'intérêts, soutient la présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget.
Mme Jérôme-Forget s'est portée à la défense de M. Lortie en marge de la réunion du caucus des députés libéraux, mardi. Elle a donné l'assurance que M. Lortie était, par son travail dans le dossier de la modernisation du CHUM et du CUSM, «loyal envers les citoyens».«Il ne peut pas être en conflit d'intérêts parce que c'est comme demander à un sous-ministre d'aider au ministère du Travail et au ministère des Finances. Vous avez un employé, enfin presque, dont le mandat est de s'occuper de grands projets. Il a une vaste expérience. Les gens sont renversés de voir son talent et son habileté à pousser les dossiers», a affirmé Mme Jérôme-Forget.
Depuis juin dernier, Pierre Lortie agit comme consultant auprès de l'agence gouvernementale Partenariats public-privé Québec (PPP Québec). Il coordonne les analyses devant mener au choix du gouvernement en faveur ou non des PPP pour la construction et l'entretien des deux mégahôpitaux montréalais.
Il est également conseiller, notamment sur la question des PPP, auprès du directeur exécutif responsable du projet du CHUM et du CUSM.
Dans les deux cas, il est rémunéré. Mais ce qui apparaît comme étant deux clients n'en est qu'un seul, affirment la présidente du Conseil du trésor ainsi que le cabinet du ministre de la Santé.
À titre de consultant pour PPP Québec, M. Lortie a été recruté sans appel d'offres public. Il y a eu dérogation à cause de la complexité technique du dossier, de sa «haute visibilité», de la diversité des intervenants et de l'importance financière du projet, explique-t-on au cabinet de la présidente du Conseil du trésor. On ajoute que M. Lortie a une expertise hors du commun en PPP et en gestion de projets d'envergure. Il reçoit 1250 $ par jour, trois jours par semaine.
L'opposition officielle a une tout autre interprétation et voit un problème dans le double emploi de M. Lortie mais également pour les organisations gouvernementales. Le critique péquiste pour les dossiers relevant du Trésor, le député Sylvain Simard, estime que la situation soulève de sérieux doutes. «C'est un peu choquant. Ça me semble beaucoup pour une seule personne dans la chaîne de décisions», a dit M. Simard, qui voit ainsi que Mme Jérôme-Forget dicte une solution, les PPP, en imposant l'embauche de Pierre Lortie.
«L'ennui dans tout ça, c'est que l'Agence des PPP sous-traite leur analyse à un cabinet d'avocats [qui embauche M. Lortie] alors que ce dernier cherche à se spécialiser dans les PPP. Qu'est-ce qui nous assure que le gouvernement va prendre une décision objective?», s'inquiète M. Simard.
Québec doit trancher la question des PPP pour le CHUM et le CUSM en décembre prochain.