Malaise au PQ, qui perd deux dirigeants

Dominique Ollivier
Photo: Dominique Ollivier

Deux membres de l'exécutif national du Parti québécois viennent de remettre leur démission, critiquant l'absence de diversité ethnique chez les députés et candidats du parti tout en dénonçant «l'attitude paternaliste et autocrate de ses dirigeants».

Dans une lettre qu'elles ont remise à la présidente du PQ, Monique Richard, le 28 septembre dernier, Isabelle Beaulieu et Dominique Ollivier, deux membres de l'exécutif national élus lors du dernier congrès national, en juin 2005, déplorent «l'écart entre les bonnes intentions exprimées et les actions terrain» lorsqu'il est question de choisir des candidats en provenance des communautés culturelles. «Nous croyons fermement que la diversité québécoise doit se refléter dans toutes ses composantes à travers notre aile parlementaire. Malheureusement, force est de constater que dans toutes les circonscriptions prenables, le vieux réflexe de l'homogénéité joue encore», écrivent les démissionnaires.

Issue de la communauté haïtienne, Dominique Ollivier s'était retirée de la course à l'investiture dans la circonscription de Taillon après que le chef du PQ, André Boisclair, eut accordé son appui à l'ex-vice-présidente du parti, Marie Malavoy. Lors de l'élection partielle qui a suivi, en août dernier, Mme Malavoy a été élue députée en remplacement de Pauline Marois dans ce comté considéré comme étant sûr pour le PQ.

Jointe hier, Mme Ollivier s'est défendue d'avoir remis sa démission de l'exécutif par dépit en réaction à sa déconvenue dans Taillon. «Ce n'est vraiment pas de l'amertume. Moi ou quelqu'un d'autre, ça ne fait aucune différence», a-t-elle soutenu, soulignant qu'elle avait travaillé pendant des années au Bloc québécois afin que les personnes des communautés culturelles trouvent leur place au sein de ce parti souverainiste.

Le PQ serait-il ce parti ethnique — blanc, catholique, d'origine européenne — que décrivent certains universitaires? «Ça me fait de la peine qu'on dise ça. Ça fait depuis 1995 que je travaille dans le mouvement souverainiste pour faire changer cette image-là. Ça me désole de constater que ça semble encore être le cas au PQ», a-t-elle dit.

Les quelques personnes des communautés culturelles pressenties pour devenir candidats péquistes et qui ont communiqué avec elle «se retrouvent dans des comtés absolument perdants comme Marguerite-Bourgeoys ou Mont-Royal», a signalé Mme Ollivier.

Quelques occasions se sont présentées où, selon Mme Ollivier, il aurait été possible pour le parti de favoriser un candidat d'une origine autre que québécoise de souche. Or il en a été décidé autrement, «même si M. Boisclair nous avait annoncé un beau portrait», a-t-elle fait observer. «C'est toujours l'excuse: c'est qu'ils n'ont pas trouvé» de bons candidats dans les communautés culturelles.

Coquille vide

Les deux démissionnaires se plaignent aussi du fait que l'exécutif serait devenu une coquille vide, soumise aux diktats du chef et de son entourage. «Nous nous refusons à jouer un rôle de caution morale pour des décisions qui semblent prises d'avance», écrivent-elles.

La présidente Monique Richard n'aurait aucun pouvoir et, malgré son «ardeur», les démissionnaires n'ont «trouvé au parti ni le soutien ni la marge de manoeuvre nécessaires pour faire le travail pour lequel les militants [les] avaient élues», jugent-elles. «L'exécutif nous semble être considéré tout juste comme un mal nécessaire.»

À la permanence du parti, on jugeait cette lettre de démission comme une affaire interne que la présidente ne commenterait pas. Tout au plus le directeur des communications du PQ, Daniel Bussières, a-t-il indiqué que le parti «veut avoir des députés à l'Assemblée nationale qui sont issus de l'immigration».

Par ailleurs, le député de Lac-Saint-Jean, Stéphan Tremblay, a annoncé qu'il ne se représentera pas aux prochaines élections. Élu à l'Assemblée nationale en 2001, le jeune député de 32 ans compte déjà dix ans d'expérience parlementaire puisqu'il a porté les couleurs du Bloc québécois à la Chambre des communes, élu pour la première fois en 1996. M. Tremblay quittera la vie politique pour des raisons personnelles: il veut se consacrer à sa famille et compléter des études de maîtrise. Il ne s'agit aucunement d'un désaveu du chef André Boisclair, a-t-il assuré hier.

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