Le ministre Fournier est d'accord avec le nouveau programme d'histoire...

Québec — Le ministre de l'Éducation, Jean-Marc Fournier, a affirmé hier qu'«après vérifications», le controversé «projet de programme d'histoire et d'éducation à la citoyenneté», discuté depuis près d'une semaine et qui doit être implanté en 3e année du secondaire en septembre 2007, «correspond à ce [qu'il] souhaite». Les «réelles intentions» du projet de programme ne seraient pas du tout, selon ce qu'il a martelé en Chambre hier, de «gommer l'histoire». Malgré tout, il a demandé à ses fonctionnaires de «corriger» le document pour que celui-ci «soit plus précis», pour qu'il ne suscite «plus aucune inquiétude».

Le ministre s'est dit certain que, lorsque le programme révisé arrivera sur son bureau quelque part en juin, celui-ci permettra de donner «une éducation qui est valable dans un cours d'histoire». Le ministre a aussi insisté sur le fait qu'avec la réforme, «il y aura plus d'histoire, plus de notions données, [...] beaucoup plus d'informations». Pour les éditeurs qui ont lancé la rédaction des manuels — à l'incitation du ministère — avant que le programme ait été approuvé par le ministre, M. Fournier a eu cet avertissement : «Ils [pourraient] être obligés de reprendre le travail.»

Au critique de l'opposition Camil Bouchard, qui lui demandait pourquoi il n'avait pas suivi davantage le processus de rédaction des programmes, M. Fournier a répondu qu'il avait appris l'existence du projet de programme à RDI et a expliqué qu'il voulait éviter d'être accusé de «dirigisme». «Il est hors de question que le ministre fasse du dirigisme, que ce soit le gouvernement du Québec qui écrive l'histoire. Il y a des spécialistes pour faire ça», a-t-il déclaré, pour ensuite pointer l'opposition en brandissant le livre Parlons de la souveraineté à l'école du Conseil de la souveraineté: «Vous autres, vous avez les vôtres, hein? Vous autres, vous avez vos spécialistes à vous autres. On les rejette, ceux-là. Ce n'est pas ça, l'histoire.»

Un ministre socio-constructiviste

Par ailleurs, le ministre a senti le besoin, hier en après-midi, lors de la Rencontre nationale sur le renouveau pédagogique, de faire un plaidoyer en faveur de la réforme, qui fait l'objet de certaines critiques et dans laquelle s'inscrit le nouveau cours «d'histoire et d'éducation à la citoyenneté».

M. Fournier — dont la participation n'était pas prévue au programme officiel de l'événement qui se tenait au Hilton — a affirmé devant un parterre de quelque 500 «responsables de l'implantation de la réforme»: «J'en ai la profonde conviction, le renouveau pédagogique [...] est nécessaire pour l'avenir de tous nos jeunes, pour la réussite du plus grand nombre.»

Si la réforme est souvent critiquée, c'est que ses défenseurs ne font pas assez de vulgarisation, a expliqué le ministre. Il a nié avec énergie que «le concept» à la base de la réforme, le socio-constructivisme, soit «ésotérique» et «obscur». Dans l'école québécoise de la réforme, l'élève «apprend par la comparaison de ses perceptions et de ses connaissances avec celles de ses pairs et celles de son enseignant. C'est un changement au niveau de l'enseignement. Ce renouveau jette un pont entre apprendre et comprendre», a-t-il dit. Dans cette école axée sur la «compétence», la connaissance a encore toute sa place, a-t-il affirmé: les tables de multiplication, les règles de grammaire, les «dates» clés en histoire, etc., seront enseignées.

«Tout n'est évidemment pas parfait», a ajouté le ministre. Les «bulletins scolaires», par exemple, dans lesquels il préférerait voir des «notes» chiffrées. M. Fournier s'est dit confiant que la «table de pilotage» chargée d'évaluer la réforme suggérera des ajustements nécessaires. Il a toutefois exclu tout report de l'application de la réforme.

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