Programme d'histoire au secondaire - Une nouvelle version sera prête en juin

Jean-Marc Fournier
Photo: Jean-Marc Fournier

Québec — Une nouvelle version du programme «d'histoire et d'éducation à la citoyenneté» de troisième secondaire sera remise au ministre de l'Éducation, Jean-Marc Fournier, en juin. Le cabinet du ministre l'a confirmé dès jeudi après que Le Devoir eut divulgué les grandes lignes d'un document de travail controversé dans lequel plusieurs, dont la Société des professeurs d'histoire du Québec, ont vu une tentative d'épuration de l'histoire du Québec.

Hier dans la capitale, le premier ministre Jean Charest a dit avoir l'assurance que le programme sera «conforme», c'est-à-dire qu'il ne contribuera pas à «politiser l'enseignement de l'histoire». Manifestement peu enclin à aborder cette question, il a cependant formulé ce commentaire: «Les événements sont les événements. Il n'y a pas un livre d'histoire qui peut [les] effacer... » M. Charest a tenu à dire que la définition des programmes dans le détail ne relève pas de ses responsabilités «comme premier ministre»: «Ça ne vous surprendra pas si je vous dis [...] que ce n'est pas venu sur mon bureau, cette affaire-là», a-t-il déclaré en réitérant sa confiance à l'égard du ministre de l'Éducation.

L'opposition péquiste, par la voix du critique en matière d'éducation, Camil Bouchard, a demandé hier à ce que l'actuel projet de programme soit «sérieusement revu de manière à ne pas gommer des pans de l'histoire du Québec». Le député réclame aussi que le ministre «mette immédiatement un holà aux démarches d'édition entreprises par la Direction des programmes de son ministère». En effet, comme nous le révélions dans notre édition d'hier, bien que le ministre Fournier n'ait pas approuvé le programme d'histoire, des représentants de son ministère ont rencontré des éditeurs de manuels scolaires cette semaine et leur ont présenté le projet de programme comme étant quasi achevé. La rédaction des manuels pouvait donc commencer, avait même dit un représentant du ministère. Le Devoir a pu échanger hier avec des rédacteurs de tels ouvrages, qui ont dit que le travail est commencé depuis plusieurs mois. «J'ai été embauché l'automne dernier à titre de contractuel par un éditeur scolaire montréalais pour rédiger des contenus à l'intention des auteurs d'un nouveau manuel d'histoire du Québec (sec. 3-4)», nous écrit l'un d'eux.

L'attachée de presse du ministre Fournier, Marie-Claude Lavigne, a expliqué jeudi que le ministère n'avait «pas le choix» de lancer le processus de rédaction de manuels avant l'adoption du programme final. Sinon, on risquait de se retrouver sans manuels au moment de l'implantation de la réforme (une situation qui s'est produite par le passé). «De toute façon, c'est le ministre qui approuve les manuels», a-t-elle dit.

Selon certains, c'est justement cette implantation prévue en 2007 pour la troisième secondaire qui doit être remise en question: «Le programme devrait être révisé dans ses fondements et la réforme repoussée», opine Martin Pâquet, professeur au département d'histoire de l'Université Laval, très critique du projet de programme. D'autres croient que le processus de préparation du programme doit être revu. Robert Comeau, titulaire de la chaire Hector-Fabre d'histoire du Québec à l'UQAM, estime que cette fois-ci, le ministère a procédé «en catimini», «dans le plus grand secret». Au contraire, au moment de la rédaction du programme de deuxième secondaire, rappelle-t-il, les documents pour fins d'évaluation avaient été présentés sur le site Internet du ministère.

Notons qu'après avoir étudié le projet de programme, l'Association étudiante des cycles supérieurs en histoire de l'UQAM (AECSH) l'a aussi dénoncé: «Le but reconnu de l'histoire est de comprendre le présent à la lumière du passé. Or ce que semble proposer le programme est l'inverse: éclairer le passé à partir du présent», écrit un membre de l'exécutif de l'AECSH, Mourad Djebabla. (Le texte complet de M. Djebabla sera publié dans nos pages lundi.)

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