La Ville de Côte-Saint-Luc se moque du projet de loi 96

« Nous sommes la Ville de Côte-Saint-Luc, et c’est comme ça qu’on fonctionne ici », indique un message téléphonique sur la ligne d’information de la Ville.
Valérian Mazataud Archives Le Devoir « Nous sommes la Ville de Côte-Saint-Luc, et c’est comme ça qu’on fonctionne ici », indique un message téléphonique sur la ligne d’information de la Ville.

La Ville de Côte-Saint-Luc a répondu aux nouvelles dispositions de la réforme de la loi 101 du gouvernement Legault, en vigueur depuis jeudi, avec humour. Tandis que les municipalités du Québec ne peuvent désormais offrir des services en anglais qu’à certains groupes ciblés, Côte-Saint-Luc a décidé de se moquer de cette nouvelle mesure dans un message humoristique sur sa ligne d’information téléphonique.

« Pour un service en anglais, appuyez sur le 2, dit la voix enregistrée. Au fait, vous n’avez pas besoin de nous montrer votre bulletin scolaire de troisième année ou votre arbre généalogique remontant à dix générations. Et vous n’avez pas à promettre quoi que ce soit. Nous sommes la Ville de Côte-Saint-Luc, et c’est comme ça qu’on fonctionne ici. »

« Cette loi est tellement absurde que quelqu’un doit [oser] le dire », a expliqué vendredi Steven Erdelyi, un conseiller municipal de cette petite enclave à majorité anglophone de l’ouest de Montréal, en entrevue avec CTV News. La municipalité a d’ailleurs précisé que le message serait temporaire et qu’elle a surtout voulu réagir avec humour.

Rappelons que parmi les nouvelles dispositions de la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, seules certaines personnes qui peuvent démontrer « de bonne foi » qu’elles appartiennent à des groupes exemptés peuvent recevoir des services municipaux en anglais.

Il s’agit des personnes déclarées admissibles à l’enseignement en anglais, des personnes autochtones, des immigrants qui sont au Québec depuis moins de six mois, des appelants de l’extérieur de la province de Québec et des personnes qui ont correspondu avec la Ville uniquement en anglais avant le 13 mai 2021.

Services en ligne

Plusieurs villes du Québec ont également modifié leur site Web à la suite de l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions de la loi. Sur le site de la Ville de Montréal, par exemple, on pouvait lire, jeudi : « Ce contenu est destiné au public couvert par les exceptions prévues par le projet de loi 96 ». Vendredi, le message, qui a semé la controverse, semblait avoir été changé pour : « La Charte de la langue française régit la consultation des contenus en anglais ».

À Longueuil, la section anglophone du site Web de la Ville a été carrément retirée. Un message en anglais indique toutefois qu’« en utilisant les outils de traduction de votre navigateur web, vous pouvez également le consulter dans la langue de votre choix ». Du côté de la Ville de Québec, aucune modification n’a été faite au site pour le moment.

Qui plus est, des municipalités québécoises bilingues ont dû s’assurer dans les derniers mois auprès de l’Office québécois de la langue française (OQLF) qu’elles pourraient conserver leur statut. On leur avait indiqué que ledit statut pouvait leur être révoqué si l’anglais était la langue maternelle de moins de 50 % de leur population.

Or, l’OQLF a confirmé, en mars dernier, que ces 48 villes, municipalités ou arrondissements avaient pris les mesures nécessaires pour demeurer bilingues. Sans grande surprise, Côte-Saint-Luc fait partie du lot.

Une version précédente de ce texte indiquait erronément que la Ville de Côte-Saint-Luc, qui possède un statut bilingue, faisait fi des nouvelles dispositions de la réforme de la loi 101.

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