Les nouveaux logements se font toujours attendre à l’ancien hippodrome

Le projet de développement qui doit voir le jour sur le terrain de l’ancien hippodrome de Montréal fait du surplace, estime l’opposition à l’hôtel de ville qui réclame de l’administration Plante l’élaboration d’un plan d’ensemble pour le site de manière à accélérer la construction de logements.
Il fut une époque où les chevaux « tournaient en rond » sur la piste de l’hippodrome, a rappelé mardi Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent et membre d’Ensemble Montréal. Désormais, c’est l’administration Plante qui tourne en rond avec le développement de ce site, a-t-il dit.
En septembre dernier, la Ville avait lancé un appel d’offres afin de trouver un OBNL qui se porterait acquéreur d’un terrain pour 4,5 millions de dollars afin d’y construire des logements abordables. La soumission d’un organisme aurait été retenue, mais la transaction n’a pas encore été finalisée.
Le second appel d’offres, lancé en octobre, visait plutôt à trouver un promoteur immobilier prêt à acheter un lot pour 10 millions et y construire des logements, dont 60 % de type abordable. Or, aucune soumisse n’a été reçue, témoignant du peu d’attrait de la proposition de la Ville.
Un plan de développement nécessaire
Selon Alan DeSousa, l’absence d’infrastructures souterraines et de plan précis pour l’ensemble du site rebute les promoteurs immobiliers, d’autant que les lots mis en vente ne représentent qu’une part infime du site de 43,5 hectares. « On a besoin de savoir exactement où vont être les rues et les services publics, comme les parcs, les infrastructures d’eau et d’égouts et les logements sociaux », a-t-il indiqué mardi. « En connaissant ça, on va être en mesure de chiffrer les montants [requis]. »
Selon lui, conclure une entente avec les autres ordres de gouvernement pour le financement des infrastructures rassurerait les promoteurs immobiliers. La Ville devrait aussi prévoir des investissements pour ces infrastructures dans son plan décennal d’immobilisations, note-t-il.
C’est dans ce contexte qu’Ensemble Montréal présentera une motion lors de l’assemblée du conseil municipal du 15 mai. Cette motion réclame de l’administration qu’elle dépose un Programme particulier d’urbanisme (PPU) pour le site dès le mois de septembre et qu’elle mandate l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) afin de mener une consultation à ce sujet. Une entente sur un plan d’investissement avec Québec et Ottawa permettrait d’accélérer le développement du site, avance l’opposition.
Financer les infrastructures
Si le prix demandé pour le lot offert aux promoteurs a pu en décourager quelques-uns, Jean-Marc Fournier, p.-d.g. de l’Institut du développement urbain (IDU), croit que les contraintes imposées par la Ville et surtout, l’absence d’un plan d’ensemble pour le développement du site ont refroidi les promoteurs. « Ce n’est pas facile de se faire une tête quand on ne sait pas ce qui va arriver à côté, sur 96 % du site », souligne-t-il.
Le site ne comporte pas d’infrastructures souterraines. Pour y remédier, la Ville pourrait conclure une entente avec Québec afin que le gouvernement assume une partie des investissements nécessaires, quitte à ce que la Ville lui verse une partie des taxes foncières récoltées pendant les premières années, avance-t-il.
« Je sais que pour les villes, ce n’est pas un réflexe de partager leurs revenus. Mais en ce moment, la Ville de Montréal n’en fait pas ! », dit-il. Au terme du contrat, la Ville pourrait récupérer la totalité de ses revenus fonciers, signale M. Fournier.
Selon lui, un nouveau pacte de développement entre la Ville et le gouvernement du Québec — et peut-être même Ottawa — serait avantageux car des sites comme celui de Namur-Hippodrome, Bridge-Bonaventure et certains secteurs de l’Est de Montréal sont appelés à devenir des « quartiers de proximité de l’avenir ». « Le site de l’hippodrome appartient à la Ville. On ne peut pas dire que ce sont les promoteurs qui retardent le projet », dit-il. « Et dans le cas de l’hippodrome, il y a déjà une station de métro à proximité. »
Discussion avec la ministre Duranceau
La mairesse Valérie Plante assure que le dossier de l’hippodrome « avance ». « C’est une vision concertée entre la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec. Et on veut travailler avec l’ensemble de l’écosystème », a-t-elle commenté mardi, en marge d’une conférence de presse sur les rues piétonnes estivales.
La Ville n’a pas encore relancé l’appel d’offres pour les promoteurs. La mairesse a cependant indiqué que le dossier Namur-Hippodrome a figuré au menu de ses discussions avec la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, il y a deux semaines. « Autant la ministre que moi souhaitons que ça bouge le plus rapidement possible même s’il y a des enjeux majeurs comme le coût des infrastructures. »
En 2012, le gouvernement du Québec avait convenu de céder le site de l’hippodrome à la Ville de Montréal. En échange, la moitié des revenus générés par la vente des lots de terrain à des promoteurs devait être versée au gouvernement. Il a fallu cinq ans avant que la cession se concrétise, mais aucun logement n’a encore vu le jour.
Avec Zacharie Goudreault