Montréal retarde les changements à l’horaire des parcomètres du centre-ville

La période de tarification devait s’étendre jusqu’à 23 h en semaine, plutôt que 21 h.
Annik MH de Carufel Archives Le Devoir La période de tarification devait s’étendre jusqu’à 23 h en semaine, plutôt que 21 h.

Valérie Plante reconnaît que le prolongement des heures de tarification des parcomètres du centre-ville a donné lieu à un cafouillage. La mairesse a annoncé lundi un moratoire de deux semaines afin de retarder l’entrée en vigueur de cette mesure de manière à mener des consultations auprès des commerçants et des partenaires.

Le quotidien Montreal Gazette rapportait vendredi que des autocollants apposés sur les bornes de stationnement au centre-ville indiquaient que les automobilistes seraient désormais tarifés pour garer leur voiture selon un nouvel horaire. En semaine, la période de tarification devait s’étendre jusqu’à 23 h, au lieu de 21 h. Le samedi, le stationnement devait être payant de 9 h à 23 h, au lieu de 9 h à 18 h ; le dimanche, de 9 h à 18 h, au lieu de 13 h à 18 h.

Non seulement les commerçants n’avaient pas eu vent de l’entrée en vigueur de cette mesure mise en place par l’Agence de mobilité durable, mais l’administration Plante l’ignorait aussi. « Oui, il y a eu un cafouillage », a admis la mairesse Plante lorsque questionnée par l’opposition lundi, lors de l’assemblée du conseil municipal. « Je l’ai appris vendredi soir à travers la Gazette, et ce n’est pas acceptable. Quand on met des mesures en place, c’est bien attaché. On fait un plan de communication, on consulte les partenaires. Ça n’a pas été fait, et c’est un problème dans ce cas-ci. »

Valérie Plante a donc fait savoir que le projet serait mis sur pause pour deux semaines, le temps de mener des consultations. Selon elle, cette mesure peut favoriser la fluidité et une meilleure accessibilité des places de stationnement aux clients des commerces du centre-ville. « Cette mesure n’est pas à propos de l’argent, mais à propos d’un changement des comportements, pour soutenir de petits commerçants qui ont besoin d’avoir des clients », a-t-elle dit.

La Société de développement commercial (SDC) Montréal centre-ville a toutefois réclamé un moratoire d’un an, a fait valoir le chef d’Ensemble Montréal, Aref Salem. Plus tôt lundi, il avait souligné que la mesure risquait de nuire au centre-ville, qui se relève déjà difficilement de la COVID. « On sort d’une pandémie. On a un centre-ville qui est vide. On a déjà des problèmes pour les commerçants de la rue Sainte-Catherine et là, on arrive avec une augmentation de [l’horaire des] tarifs sans aucune consultation », a-t-il dit. Selon lui, en plus de pénaliser les commerçants du centre-ville, cette mesure nuit aux résidents du secteur.

Note interne

L’élu s’étonne aussi que l’administration puisse ignorer l’existence de ce projet puisqu’une note interne à ce sujet avait été envoyée à tous les arrondissements le 8 février dernier par le Service d’urbanisme et de mobilité. Dans la missive, sa directrice, Lucie Careau, mentionnait qu’en étant « davantage en cohérence avec les horaires d’ouverture des bars, restaurants et autres attraits, ces nouvelles plages horaires permettront d’accroître la disponibilité des espaces de stationnement sur rue et d’améliorer la mobilité au centre-ville ».

Cette note faisait aussi état d’une augmentation de 3 % de la tarification des parcomètres dans les autres arrondissements, ce qu’Aref Salem juge par ailleurs « assez acceptable ». « Les SDC n’ont pas été consultées. On impose et, après ça, on consulte, a-t-il déploré. Ça prend un consensus. »

Bien que cette directive ait été envoyée à tous les arrondissements, dont ceux représentés par des élus d’Ensemble Montréal, Aref Salem soutient ne pas avoir eu connaissance du nouvel horaire des parcomètres au centre-ville.

De son côté, la SDC Montréal centre-ville a salué la décision de l’administration Plante de suspendre temporairement l’application du nouvel horaire, mais ne s’en satisfait pas. Elle se dit d’ailleurs « fermement » opposée au changement d’horaire proposé. « Nous demandons à la Ville de Montréal un moratoire d’au moins un an avant toute modification aux horaires de tarification au centre-ville afin de permettre une évaluation en bonne et due forme et, surtout, un avis suffisamment long pour permettre l’ajustement des habitudes », a affirmé par communiqué le directeur général de la SDC, Glenn Castanheira.

À voir en vidéo