Valérie Plante préoccupée par le «climat toxique» à l’OCPM

« On est en train de regarder quelle sera notre intervention, mais ce qui est certain, c’est que s’il y a un climat toxique, il faut que ça arrête », a indiqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Graham Hughes La Presse canadienne « On est en train de regarder quelle sera notre intervention, mais ce qui est certain, c’est que s’il y a un climat toxique, il faut que ça arrête », a indiqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, promet d’enquêter sur des allégations d’anciens et d’actuels employés de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), qui ont fait état d’un climat de travail toxique au sein de l’organisme paramunicipal depuis l’arrivée en poste l’an dernier de la présidente Isabelle Beaulieu.

« On a pris connaissance des allégations, de ce qui se passe, comme quoi il y aurait un climat toxique. C’est extrêmement préoccupant parce que peu importe le milieu de travail, on veut que ce soit un milieu de travail sain, mais aussi parce que l’OCPM, c’est une organisation dans laquelle on croit et qui fait beaucoup pour améliorer les projets de la Ville de Montréal », a déclaré Mme Plante vendredi en marge d’une conférence de presse dans l’arrondissement de Ville-Marie.

Créé en 2002, l’OCPM est un organisme indépendant responsable de mener des consultations publiques sur des dossiers qui lui sont soumis par le conseil municipal ou le comité exécutif de la Ville.

« On est en train de regarder quelle sera notre intervention, mais ce qui est certain, c’est que s’il y a un climat toxique, il faut que ça arrête », a ajouté Mme Plante. « Il va falloir enquêter », a ajouté la mairesse, qui réagissait alors à un reportage publié jeudi dans le journal Métro abordant le climat de travail régnant à l’OCPM.

Plusieurs départs

Joints par Le Devoir, plusieurs employés actuels ou ayant récemment quitté les rangs de l’OCPM ont dénoncé de façon anonyme le climat de travail au sein de cette organisation, dont le budget annuel, payé par la Ville, oscillait en 2021 autour de 2,35 millions de dollars. Au coeur des situations dénoncées se trouve la présidente Isabelle Beaulieu, qui a succédé à Dominique Ollivier à la tête de l’OCPM en février 2022 après l’élection de cette dernière avec Projet Montréal et sa nomination comme présidente du comité exécutif.

Dans les derniers mois, six employés permanents ont quitté les rangs de l’OCPM, selon les témoignages recueillis. Plusieurs d’entre eux affirment avoir été victimes d’une « mise à pied déguisée » après avoir critiqué le style de gestion de Mme Beaulieu, qui est arrivée en poste au moment où l’organisation célébrait ses 20 ans d’existence.

« Le climat avec Mme Beaulieu a été excessivement difficile dès son arrivée en février », relève une ancienne employée, qui fait état de la « microgestion » de la présidente et d’un « contrôle des communications en interne ».

« Il y a eu énormément de condescendance, de passif-agressif », ajoute cette source. À un point où « c’est devenu très difficile de coordonner un 20e anniversaire » sous la gouverne de Mme Beaulieu, renchérit cette source, qui a finalement remis sa démission après avoir travaillé plusieurs années au sein de l’OCPM. L’organisme a d’ailleurs procédé à plusieurs embauches dans les derniers mois, notamment pour compenser certains départs d’employés.

« J’ai fini par partir de façon volontaire, mais c’est parce que le climat de travail était devenu malsain », ajoute une autre ancienne employée de l’organisme. Cette dernière déplore la charge de travail accrue qui a été mise sur les épaules des employés en marge de l’arrivée de Mme Beaulieu, qui a alors entamé cinq consultations publiques en l’espace de quelques mois, ce qui ne s’était jamais vu à l’OCPM, aux dires mêmes de sa présidente.

« C’est quelque chose qui m’avait été demandé par le conseil municipal d’entamer cinq consultations publiques à mon embauche », justifie Mme Beaulieu, qui assure que des embauches ont alors été effectuées pour remplir les mandats soumis par la Ville. « Ça s’est très bien passé », assure la présidente de l’OCPM, qui a été « très surprise » par les critiques dont elle fait l’objet de la part d’anciens et d’actuels employés de l’organisme.

« On a beaucoup de travail à l’office, plus de travail qu’habituellement, mais franchement, le climat interne est vraiment bon », affirme Mme Beaulieu, qui assure n’avoir procédé à « aucune mise à pied » depuis son arrivée en poste.

Conditions de travail

Des employés qui avaient l’habitude de prendre des vacances prolongées pendant l’été pour compenser les heures supplémentaires accumulées pendant le reste de l’année ont pour leur part raconté avoir essuyé un refus l’an dernier sous la gouverne de Mme Beaulieu, sous prétexte que l’OCPM avait besoin d’eux pendant cette période. La présidente aurait d’ailleurs, dès son arrivée en poste, insisté sur l’importance d’améliorer la performance de l’organisme, selon nos sources.

Or, « qui est-elle pour dire que ce qu’on fait à l’office depuis 20 ans, ce n’est pas bon ? » lance une ancienne employée, qui dénonce la façon « condescendante » qu’aurait Mme Beaulieu de gérer les employés de l’OCPM.

Un employé qui a été congédié avant la fin de sa période de probation a d’ailleurs déposé une plainte à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail parce qu’il estime avoir été victime d’un congédiement abusif. Cette plainte a été jugée recevable. « On pourrait me faire réengager, mais je n’ai pas envie de retourner travailler là », ajoute cette source, qui souhaitait plutôt « essayer d’obtenir un semblant de justice » en dénonçant les circonstances entourant son renvoi.

Des employés actuels et anciens de l’OCPM déplorent d’ailleurs le manque de sécurité de travail qui est le lot des travailleurs de cet organisme indépendant, qui ne disposent pas des mêmes protections que les employés syndiqués de la Ville.

Isabelle Beaulieu, pour sa part, affirme au contraire que les conditions de travail se sont améliorées à l’OCPM depuis son arrivée en poste. « On a considérablement augmenté la couverture des assurances, notamment pour inclure le dentiste. On paie une carte de transport collectif pour les gens qui font cinq jours de travail au bureau, énumère la présidente. Et tout le monde a reçu une augmentation de salaire. »

Avec Jeanne Corriveau

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