Montréal vise la protection du boisé Steinberg

Le boisé situé dans l'arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve avait fait parler de lui en mai 2021, quand un campement illégal y avait été démantelé.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le boisé situé dans l'arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve avait fait parler de lui en mai 2021, quand un campement illégal y avait été démantelé.

La Ville de Montréal compte acquérir le boisé Steinberg, dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, afin de le préserver comme espace naturel, a appris Le Devoir. La Ville a conclu une entente avec Hydro-Québec, propriétaire du boisé, mais cet accord est conditionnel à l’achat par la société d’État d’un autre terrain pour y construire son poste de transformation.

Le comité exécutif a approuvé mercredi à huis clos une promesse d’achat par la Ville de deux terrains au coût de 26 millions de dollars.

Dans un premier temps, Montréal s’est entendue avec Hydro-Québec pour faire l’acquisition du boisé Steinberg, situé au sud de la rue Hochelaga, dans le secteur Assomption Sud–Longue-Pointe. Hydro-Québec est propriétaire de ce lot depuis août 2021 et comptait y construire un poste de transformation.

Selon les documents de la Ville que Le Devoir a pu consulter, le coût d’achat du boisé Steinberg, d’une superficie de 29 087 mètres carrés, a été fixé à 7,2 millions de dollars. Il s’agit du même montant qu’avait versé Hydro-Québec à la Société québécoise des infrastructures il y a un an pour ce terrain.

Une opération complexe

 

Mais là où ça se complique, c’est que pour réaliser cette transaction, Hydro-Québec doit de son côté parvenir à acheter un autre terrain pour y construire son poste de transformation. La société d’État convoite donc un terrain situé tout près, au nord de la rue Hochelaga, et a entrepris des négociations avec son propriétaire, Développements Rosmac inc.

Les pourparlers sont toujours en cours. Lorsque cette transaction sera conclue, Hydro-Québec cédera à son tour à la Ville une partie du terrain qu’elle n’utilisera pas pour son poste de transformation. Ce qui fait que pour mettre la main sur le boisé Steinberg, la Ville s’engage aussi à faire l’acquisition d’un terrain de 23 000 mètres carrés au coût estimé de 20,1 millions. 

« C’est une avancée majeure vers l’acquisition d’un espace vert et sa protection, mais tant que la vente entre le propriétaire privé et Hydro-Québec n’est pas confirmée, la protection du boisé Steinberg n’est pas officielle. C’est pour ça qu’on a un enthousiasme prudent », explique le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais. « C’est un peu un domino à trois. »

L’élu croit cependant que les négociations entre Hydro-Québec et Développements Rosmac pourraient se conclure au mois d’octobre, « si tout va bien ».

Manque d’espaces verts

Le boisé Steinberg accueillait autrefois un entrepôt du géant de l’alimentation Steinberg, mais le bâtiment a été démoli dans les années 1990 à la suite d’un incendie. Au fil du temps, la nature a repris ses droits et, depuis des années, des résidents réclament la protection du boisé, dans un secteur où les espaces verts sont rares.

Il est d’ailleurs situé au nord du site de Ray-Mont Logistiques où un controversé projet de transbordement de conteneurs doit voir le jour.

Il y a quelques années, le ministère des Transports du Québec, alors propriétaire du boisé Steinberg, envisageait d’aménager une boucle autoroutière sur une partie du site afin de relier l’avenue Souligny au boulevard de l’Assomption, mais cette option n’est plus dans les plans, assure Pierre Lessard-Blais.

Le boisé avait aussi fait parler de lui en mai 2021, quand un campement illégal y avait été démantelé.

 

Quant au terrain situé au nord de la rue Hochelaga que convoite Hydro-Québec, il accueillait autrefois un centre de distribution de fruits qui a été déconstruit dans les dernières années. « C’est un terrain minéralisé qui n’a pas la valeur du boisé Steinberg », souligne le maire Lessard-Blais.

L’entente conclue entre Montréal et Hydro-Québec devra être approuvée par le conseil municipal et par le conseil d’agglomération la semaine prochaine.

À voir en vidéo