Montréal prépare le terrain pour le scrutin municipal de 2025

Alors que la campagne électorale québécoise vient tout juste de prendre son envol, à Montréal, une commission municipale se penchera à compter de mardi sur le bilan du scrutin de novembre dernier et son maigre taux de participation, qui était sous la barre des 40 %.
Les jeunes ont été particulièrement nombreux à bouder les élections municipales. Et parmi les solutions avancées pour les inciter à voter davantage figure le vote par Internet.
En 2017, 42,47 % des citoyens inscrits sur la liste électorale s’étaient prévalus de leur droit de vote lors des élections municipales à Montréal. Ce chiffre a chuté à 38,3 % l’an dernier. Doit-on attribuer cette baisse à la pandémie de COVID-19 ? Élections Montréal ne va pas jusque-là, mais signale que la crise sanitaire a complexifié la tenue du scrutin. Rappelons que pour faciliter la participation citoyenne, le vote s’est déroulé sur quatre jours au lieu de deux.
Les élections fédérales, qui se sont tenues le 20 septembre 2021, soit trois jours après le début de la période électorale municipale, ont pu réduire l’intérêt des électeurs pour le scrutin municipal, souligne aussi Élections Montréal.
C’est dans Outremont que les électeurs montréalais ont été proportionnellement les plus nombreux à voter, avec un taux de participation de 56,3 %. À l’autre bout du spectre, dans Saint-Laurent, le taux de participation a atteint 28,9 %, le plus faible de tous les arrondissements montréalais.
Lors des élections de novembre dernier, Élections Montréal et l’administration de Valérie Plante s’étaient fait reprocher par l’opposition de ne pas avoir permis le vote par correspondance pour l’ensemble des aînés de 70 ans et plus. Élections Montréal n’avait offert ce service qu’à certaines catégories de citoyens, dont les résidents des CHSLD et les personnes ne pouvant se déplacer. Un peu plus de 4500 bulletins de vote ont été acheminés à Élections Montréal ; de ce nombre, 3866 ont été jugés valides.
Malgré tout, la participation des aînés a peu varié entre 2017 et 2021, note Élections Montréal.
Le vote des jeunes
En revanche, le vote des jeunes de 18 à 35 ans a reculé, passant d’un taux de participation de 28,6 % en 2017 à 24,7 % en 2021 — un constat qu’Élections Montréal juge préoccupant.
Ce faible taux inquiète aussi Joia Duskic, vice-présidente du Conseil jeunesse de Montréal (CJM). « Ce n’est pas que les jeunes ne sont pas intéressés ou qu’ils ne sont pas informés. J’ai davantage l’impression que le problème est dans l’accès au vote, qui est complexe », avance-t-elle.
Le CJM a d’ailleurs plusieurs idées pour stimuler le vote des jeunes. En premier lieu : le vote par Internet. « Ça serait une révolution, et ça simplifierait les choses. Les jeunes n’auraient plus d’excuses pour ne pas se présenter », soutient Mme Duskic. « Pour les jeunes, le vote par correspondance n’est pas le moyen le plus efficace, surtout parce qu’ils changent souvent d’adresse et ne sont pas nécessairement stables à un endroit. »
Reste que, pour l’instant, le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) n’est pas prêt à mettre en place ce genre de système. En 2021, la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, avait cependant demandé au DGEQ de se pencher sur la question en prévision des élections municipales de 2025.
Responsable des dossiers de démocratie au comité exécutif de la Ville de Montréal, Robert Beaudry ne ferme d’ailleurs pas la porte à cette possibilité. « On va être à l’écoute si on nous propose des façons de faire et si on nous accompagne. Parce que ce sont des investissements assez importants. » L’an dernier, les élections montréalaises ont coûté 18,8 millions de dollars, contre 12,3 millions en 2017, indique-t-il.
Rappelons qu’en 2005, 133 municipalités, dont Montréal, avaient testé le vote électronique, ce qui s’était soldé par un échec cuisant en raison de pannes informatiques. Québec avait par la suite décrété un moratoire sur le vote électronique.
Projet Montréal a cependant pris l’engagement d’offrir le vote par correspondance à tous les électeurs pour le scrutin de 2025. Cette opération sera un défi, car chaque électeur doit se prononcer sur plusieurs postes : le maire de la Ville, le maire d’arrondissement, le conseiller d’arrondissement et le conseiller de ville. « Ce sont des choses sur lesquelles on doit se pencher maintenant, parce que même si les élections sont dans un peu plus de trois ans, ça s’en vient vite », indique l’élu.
Aux urnes à 16 ans ?
Le CJM croit que les jeunes devraient être en mesure de voter à partir de 16 ans. S’ils ne peuvent le faire, ils devraient au moins pouvoir travailler dans les bureaux de scrutin le jour des élections municipales, estime Joia Duskic. « C’est une bonne introduction au processus électoral et aux lieux de vote. »
Pour Robert Beaudry, le vote à 16 ans est une question de société. Si une telle décision devait être prise, il faudrait qu’elle le soit en cohérence avec les autres ordres de gouvernement. « Selon moi, le remède pour attirer les jeunes, c’est de ne pas penser que la démocratie municipale se passe seulement le jour des élections. C’est quelque chose qui se cultive tout au long de l’année. Il faut qu’on amène les jeunes à se sentir parties prenantes de la Ville. »
Dans le cadre de la consultation menée par la Commission de la présidence, les citoyens ou groupes intéressés par la question auront jusqu’au 20 septembre pour soumettre leur opinion. La commission prévoit adopter ses recommandations le 15 novembre prochain.