Montréal veut accélérer la construction de logements abordables

Questionnée sur la définition de «logements abordables», la mairesse Plante est demeurée évasive et n’a pas voulu mentionner de montant précis.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Questionnée sur la définition de «logements abordables», la mairesse Plante est demeurée évasive et n’a pas voulu mentionner de montant précis.

Dans l’espoir d’accélérer la construction de logements abordables, la Ville de Montréal a réuni un comité formé de promoteurs et de représentants d’organismes œuvrant dans le domaine de l’habitation afin d’explorer de nouvelles stratégies. Ce groupe devra proposer des concepts innovants à mettre en place pour aider la Ville à atteindre son objectif de construire 60 000 logements abordables d’ici dix ans.

Le comité comprend des promoteurs, parmi lesquels Roger Plamondon, président du Groupe immobilier Broccolini, ainsi que des représentants d’entreprises d’économie sociale ou d’organismes comme Édith Cyr, directrice générale de Bâtir son quartier,Christian Yaccarini, président de la Société de développement Angus, et Nancy Shoiry, directrice générale de la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM).

Une équipe tactique

 

La mairesse Valérie Plante confie à cette « équipe tactique » le mandat d’examiner quatre chantiers spécifiques susceptibles de donner un nouvel élan à la construction de logements abordables.

Dans les prochains mois, les membres du comité devront se pencher sur la stratégie foncière et immobilière de la Ville, examiner la fiscalité et le financement des projets, proposer de nouveaux aménagements réglementaires pour faciliter la réalisation de projets et analyser le rôle de la SHDM. La Ville souhaite tester de nouvelles formules dans le cadre de projets pilotes.

« Pour protéger l’abordabilité de la métropole et le toit des générations futures, il faut agir maintenant et avec force avant qu’il ne soit trop tard », croit la mairesse Plante.

Montréal possède plusieurs outils pour stimuler la construction de logements abordables, comme le Règlement pour une métropole mixte (aussi connu sous le nom de règlement 20-20-20) qui oblige les promoteurs à prévoir des logements sociaux, abordables et familiaux dans leurs projets immobiliers. Elle détient aussi un droit de préemption qui lui permet d’acquérir des terrains pour des projets d’habitation.

Mais la Ville estime qu’il lui faut accélérer le pas compte tenu de la crise du logement dans laquelle la métropole est plongée.

Elle souhaite aussi maintenir l’abordabilité des logements sur une période d’au moins 40 ans.

Le responsable de l’habitation au comité exécutif, Benoit Dorais, a évoqué la possibilité de recourir à des fiducies foncières et d’opter pour des assouplissements réglementaires susceptibles de faciliter la réalisation de projets.

Qu’est-ce qu’un logement abordable ?

Questionnée sur la définition du terme « logements abordables », la mairesse Plante est demeurée évasive et n’a pas voulu mentionner de montant précis. « Ce qu’on est en train de faire en ce moment, c’est il y a dix ans qu’on aurait dû le faire », a-t-elle dit.

Rappelons cependant que le Règlement pour une métropole mixte stipule qu’un logement abordable doit être proposé à un prix inférieur de 10 % à celui du marché.

Pour l’opposition à l’hôtel de ville, le temps presse. La Ville n’a pas le loisir de tergiverser compte tenu de la crise du logement qui frappe la métropole, avance le chef d’Ensemble Montréal, Aref Salem.

« Il est décevant de voir que l’administration de Projet Montréal est encore à l’étape des discussions plutôt que d’offrir un toit aux Montréalais et Montréalaises », a-t-il indiqué. « Après cinq ans au pouvoir, on se serait attendu à des actions concrètes plutôt que de simplement créer des comités. La mairesse n’arrive même pas à définir ce qu’est un logement abordable alors qu’elle en promet des milliers. À ce compte-là, tout peut être calculé comme du logement abordable pour remplir sa promesse. »


Une version précédente de ce texte, qui désignait la Société de développement Angus comme promoteur, a été corrigée. Il s'agit plutôt d'une société d'économie sociale.

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