Valérie Plante lance un nouvel appel pour le contrôle des armes de poing

Au lendemain des tirs qui ont atteint une garderie dans le secteur de Rivière-des-Prairies, la mairesse Valérie Plante a lancé un nouvel appel au gouvernement fédéral afin qu’il interdise une fois pour toutes les armes de poing au pays.
« Je ne sais pas combien de temps on va attendre et quand le courage politique va être au rendez-vous, mais moi, j’interpelle le gouvernement fédéral parce que les armes de poing circulent. Le SPVM et la SQ le disent : à chaque fois qu’ils réussissent à retirer des armes, il y en a d’autres qui entrent et ce ne sont pas les villes qui peuvent trouver une solution à ça », a fait valoir mercredi la mairesse.
Ce n’est pas la première fois que Valérie Plante interpelle le gouvernement de Justin Trudeau sur le trafic d’armes illégales. En septembre dernier, les maires de cinq grandes villes québécoises avaient pressé les partis fédéraux en campagne à s’engager sur la question des armes à feu, mais en vain.
Valérie Plante a aussi demandé mercredi aux chefs de parti engagés dans la campagne électorale québécoise d’appuyer les revendications de Montréal et des autres villes québécoises pour un meilleur contrôle des armes à feu.
Vaste opération policière
Valérie Plante a qualifié de « troublants » les coups de feu tirés mardi dans Rivière-des-Prairies et qui ont atteint une garderie. L’établissement était cependant fermé au moment des événements et personne n’a été blessé. « Ça donne froid dans le dos », a-t-elle commenté.
Plusieurs quartiers montréalais ont été le théâtre d’événements violents récemment. Et mardi, une tuerie perpétrée dans une école primaire du Texas, aux États-Unis, a fait 21 morts, dont 19 enfants. « À Montréal, cette violence-là, on n’en veut pas. »
Ces déclarations surviennent alors que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) procédait mercredi matin au démantèlement d’un important réseau de trafic et de production d’amphétamine. Une vingtaine de perquisitions ont été menées dans la grande région de Montréal et dans d’autres municipalités québécoises. Plus de 6,5 millions de comprimés d’amphétamine, d’une valeur estimée sur la rue à 32,5 millions de dollars, ont été saisis.
Cette opération d’envergure, à laquelle ont participé 280 policiers, a été réalisée dans la foulée d’une enquête amorcée en septembre dernier. Lors de l’opération, 21 armes ont été saisies et 8 suspects ont été arrêtés. « Les gens qui utilisent les armes à feu sont de plus en plus jeunes », a reconnu le commandant de la Division du crime organisé du SPVM, Francis Renaud. « Ces criminels-là sont moins gênés de régler leurs comptes en plein jour. »
Le SPVM prévoit mener une autre opération en lien avec le trafic d’amphétamine ultérieurement.
Valérie Plante croit que ces opérations sont importantes dans la lutte contre la violence armée. « Quand on s’attaque à cette source de revenus, ce sont des revenus de moins pour acheter des armes. »
En attendant Ottawa
À Québec, le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a souligné le rôle d’Ottawa pour contrer le trafic d’armes aux frontières et pour doter les policiers et les procureurs aux poursuites criminelles et pénales de moyens pour contrer ce type de violence. « Il faut que le fédéral exerce son leadership sur le contrôle des armes à feu », a-t-il dit en Chambre.
Plus tôt, Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) avaient tous deux évoqué la possibilité que le gouvernement du Québec interdise les armes de poing sur son territoire, à défaut de geste concret en ce sens de la part du gouvernement fédéral.
En février 2021, tous les partis représentés à l’Assemblée nationale avaient adopté une motion réclamant le transfert à Québec du pouvoir d’interdire ce type d’arme. Ils s’opposaient au projet d’Ottawa d’accorder cette responsabilité aux municipalités.
Dans la foulée du drame au Texas et d’autres incidents impliquant des armes à feu à Montréal, le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a affirmé mercredi que le Québec pourrait prendre l’initiative d’interdire les armes de poing. « L’idéal, c’est une interdiction mur à mur sur l’ensemble du Canada, mais si le fédéral continue à refuser de le faire, nous, on pense que l’autre meilleure option, c’est de le faire sur le territoire québécois », a-t-il dit.
Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, a estimé qu’il aurait tout de même été possible d’agir pour le gouvernement caquiste de François Legault. « Le devoir d’un gouvernement nationaliste, c’était de légiférer, peu importe ce que le fédéral fait ou ne fait pas », a-t-il dit.
Un plan fédéral pour bientôt
Le gouvernement Trudeau a promis, lors de la dernière campagne électorale, en 2021, de dégager un milliard de dollars cette année pour les provinces disposées à interdire les armes de poing sur leur territoire. La somme ne figurait pas au dernier budget, mais un « plan d’action » fédéral sur ces armes est attendu « dans les prochaines semaines », assure Audrey Champoux, l’attachée de presse du ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino. « Ce n’est pas quelque chose qui va traîner longtemps. C’est une priorité pour le ministre. »
Le Bloc québécois dit porter les demandes de la mairesse Plante à Ottawa, en exigeant que le fédéral « fasse sa part » pour mieux contrôler les armes de poing et les armes d’assaut à l’échelle nationale. « On attend toujours, c’est extrêmement déplorable. Il faut que les conversations aboutissent », laisse tomber la députée bloquiste Kristina Michaud.
Le Parti conservateur du Canada a renvoyé les questions du Devoir aux campagnes des différents candidats à la course à la chefferie.
Avec Alexandre Robillard et Boris Proulx