La vérificatrice générale de Montréal reproche à la Ville de tarder à appliquer ses recommandations

La présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, affirme que la Ville de Montréal ne dresse pas le même constat que la VG quant au suivi des recommandations qui lui sont faites.
Catherine Legault Archives Le Devoir La présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, affirme que la Ville de Montréal ne dresse pas le même constat que la VG quant au suivi des recommandations qui lui sont faites.

La vérificatrice générale (VG) de Montréal, Michèle Galipeau, reproche à la Ville de tarder à mettre en application les recommandations qu’elle a formulées au cours des dernières années. Selon elle, une majorité de ses recommandations ne se sont toujours pas concrétisées, un constat que rejette l’administration de Valérie Plante.

Dans son rapport annuel déposé lundi Michèle Galipeau soutient que sur les 471 recommandations examinées par son bureau en 2021, seulement 47,1 % d’entre elles ont été mises en application jusqu’à maintenant. Et au 31 décembre 2021, plus de 75 % des recommandations non réglées accusaient un retard dans leur application par rapport à l’échéancier fixé. « Je trouve que cette situation n’est pas acceptable et je recommande, pour une cinquième année, à la direction générale de se doter d’indicateurs du suivi des engagements des unités d’affaires », a insisté Michèle Galipeau mardi.

La VG précise que ce sont les services de la Ville qui élaborent les plans d’action pour appliquer les recommandations qu’elle soumet dans ses rapports. « L’échéancier n’est jamais imposé par le vérificateur général. Tous les plans d’action passent par la direction générale », a-t-elle soutenu.

Un constat différent

 

La présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, affirme que la Ville ne dresse pas le même constat que la VG quant au suivi des recommandations qui lui sont faites. « La vérificatrice et nous ne comptons pas exactement les mêmes choses. Clairement, elle a un pourcentage d’actions qui sont mises en place alors que nous, quand on demande à nos services, on en a 78 % qui ont été réalisées. »

L’élue a indiqué qu’elle comptait s’asseoir avec la VG pour déterminer des critères communs sur lesquels se baser pour assurer le suivi des dossiers.

Dans son rapport, la VG critiquait aussi sévèrement la planification des chantiers par la Ville qui se targue pourtant de coordonner les travaux de manière à réduire les impacts sur la circulation. Michèle Galipeau a relevé d’importantes lacunes dans les communications qui font en sorte que le Service des infrastructures du réseau routier de la Ville n’a pas une vue globale de tous les chantiers à venir, soit ceux de la ville-centre, des arrondissements, du ministère des Transports du Québec, des services publics et des promoteurs privés, ce qui nuit à une bonne coordination des travaux.

Dominique Ollivier soutient que la Ville a, depuis deux ans, mis en place un plan de coordination des chantiers dont l’implantation doit s’échelonner sur quatre ans. « On est à l’an deux de notre déploiement », a-t-elle dit. « C’est sûr que certaines mesures, ça prend plus de temps pour en voir l’effet. Mais on devrait, dès cette année, constater des améliorations. […] Ceci dit, est-ce que demain matin, les arrondissements, Hydro-Québec, les promoteurs, on va tous se parler et que, par magie, ça va être réglé ? Non. »

Plan arboricole à venir

La VG déplorait aussi que 17 ans après l’adoption de la Politique de l’arbre, la Ville ne disposait toujours pas d’une plateforme informatique unique pour dresser l’inventaire des arbres publics ni de guide de gestion de la forêt urbaine destiné aux arrondissements. Faute d’entretien et d’arrosage adéquat, de nombreux arbres dépérissent et meurent. De plus, leur état n’est pas suffisamment documenté, selon la VG.

Dominique Olivier assure que la Ville a toujours pour objectif de planter 500 000 arbres d’ici 2030. Mais alors que la VG indiquait que la Ville avait planté 100 000 arbres depuis 2012, l’élue mentionne que selon les données les plus récentes compilées par la Ville, c’est plutôt 230 000 arbres que la Ville a plantés. « Mais, clairement, il y a encore du travail à faire pour accompagner les arrondissements à se doter d’un plan arboricole. » La Ville entend proposer un guide pour l’entretien des arbres aux arrondissements d’ici 2024.

L’opposition à l’hôtel de ville estime pour sa part que le rapport de la VG est « dévastateur » pour l’administration Plante. Au sujet du taux d’application des recommandations de la VG, Aref Salem juge que l’administration devrait se fier au constat du bureau de la VG, un organisme indépendant, pour avoir un portrait fiable.

Quant aux chantiers, le chef d’Ensemble Montréal estime que comme l’administration Plante est au pouvoir depuis cinq ans, elle aurait dû depuis longtemps mettre en place les mesures requises pour mieux coordonner les travaux. « C’est inquiétant de voir l’administration se déresponsabiliser de cette situation-là. »

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