Montréal limitera dans un an la distribution du Publisac

À compter de mai 2023 et afin de réduire la quantité de déchets à la source, Montréal ne permettra la distribution du Publisac qu’aux personnes qui l’auront demandé. La mairesse Valérie Plante en a fait l’annonce lundi matin.
À l’heure actuelle, ce sont les citoyens qui désirent ne pas recevoir de publipostage du genre qui doivent prendre l’initiative en apposant un autocollant sur leur porte ou sur leur boîte aux lettres. La formule de consentement explicite (opt-in) que compte implanter la Ville à compter du printemps 2023 fera plutôt en sorte que seuls ceux qui le demanderont recevront le Publisac. « La priorité du Plan de gestion des matières résiduelles de la Ville, c’est de viser le zéro déchet pour 2030 », a rappelé la responsable de la transition écologique au comité exécutif, Marie-Andrée Mauger. « Quand on parle de transition écologique, il faut aussi faire preuve de courage politique. »
Avec cette décision, l’administration Plante applique la principale recommandation formulée par la Commission sur l’eau et l’environnement de la Ville en décembre 2019. Le nouveau règlement obligera aussi Publisac à placer les circulaires dans un sac de papier, et non dans un sac de plastique.
La métropole estime que 800 000 circulaires et feuillets publicitaires papier sont distribués sur le territoire de Montréal chaque semaine, soit plus de 40 millions par an, et que ces publicités non sollicitées « remplissent les centres de tri et les sites d’enfouissement ». Selon Marie-Andrée Mauger, les imprimés publicitaires représentent 11 % des matières traitées dans les centres de tri à l’heure actuelle.
Un programme d’aide financière aux journaux locaux qui pourraient être affectés par ces nouvelles règles sera aussi mis en place,a promis la Ville.
L’entreprise propriétaire du Publisac, TC Transcontinental, n’a pas mis de temps à réagir. Selon elle, la formule qu’imposera Montréal n’est pas viable en raison de sa complexité et des « coûts prohibitifs » de son application.
« Dans le contexte inflationniste actuel, et au moment où la population doit faire face à la hausse des prix sans précédent, la pertinence sociale et économique du Publisac est plus grande que jamais », a soutenu Patrick Brayley, vice-président principal du Groupe Distribution de TC Transcontinental, dans un communiqué. Le Publisac donne accès à des rabais aux consommateurs et permet la distribution de journaux locaux à prix avantageux, a-t-il souligné.
« Nous comptons faire valoir nos droits et ceux de nos clients si nécessaire », a-t-il également affirmé.
En 2019, la Ville de Mirabel était devenue la première municipalité québécoise à interdire la distribution automatique de circulaires. TC Transcontinental s’était alors tournée vers les tribunaux pour contester le règlement municipal. Une décision sur la question doit être rendue bientôt.
La question des journaux de proximité
Métro Média, qui publie Métro et une vingtaine de journaux locaux, dit appuyer les efforts de la métropole dans sa transition écologique, mais estime que ces nouvelles règles de distribution auront des conséquences économiques « majeures » sur les journaux de proximité.
« L’apport des journaux locaux montréalais à la vitalité du tissu social et démocratique de notre ville doit être reconnu », a indiqué Andrew Mulé, p.-d.g. de Métro Média, par voie de communiqué.
M. Mulé, qui préside le comité consultatif sur les journaux locaux de la Ville de Montréal, reconnaît toutefois que l’administration Plante est consciente des impacts potentiels de sa décision. Il espère que l’aide promise compensera au moins une partie des coûts liés à la distribution des journaux par d’autres voies.
L’apport des journaux locaux montréalais à la vitalité du tissu social et démocratique de notre ville doit être reconnu
Les syndicats ont dénoncé la décision « unilatérale » de la Ville. Selon la CSN, ces nouvelles règles entraîneront une hausse des coûts de distribution de 20 millions de dollars pour les journaux locaux. Elles rendront non viable le modèle d’affaires de Métro et mettront en péril 40 emplois de journalistes, prévient-elle. De son côté, la FTQ avance que les 140 emplois dans les deux usines québécoises où sont imprimées les circulaires seront aussi menacés.
En 2019, un sondage Segma commandé par la Ville avait révélé que 53 % des répondants comptaient opter pour l’adhésion volontaire. À l’heure actuelle, environ 15 % des citoyens se sont prévalus d’une option de retrait, selon les estimations de la Ville.