Ensemble Montréal veut clarifier l’avenir d’AccèsLogis

L’arrivée du nouveau Programme d’habitation abordable Québec amplifie le flou sur l’avenir d’AccèsLogis, qui finance la construction de logements sociaux.
Jacques Nadeau Archives Le Devoir L’arrivée du nouveau Programme d’habitation abordable Québec amplifie le flou sur l’avenir d’AccèsLogis, qui finance la construction de logements sociaux.

Le gouvernement du Québec doit clarifier ses intentions quant à l’avenir du programme AccèsLogis, qui finance depuis 25 ans la construction de logements sociaux et communautaires dans la province, estime l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville de Montréal.

Le parti Ensemble Montréal déposera une motion d’urgence à la prochaine séance du conseil municipal, lundi prochain, afin que les élus de la métropole fassent part au gouvernement du Québec de leur souhait que ce programme soit maintenu et que de nouvelles sommes y soient allouées dans le prochain budget provincial.

Cette demande survient deux semaines après que la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, a annoncé la création du Programme d’habitation abordable Québec. Le gouvernement a ainsi prévu une enveloppe de 200 millions de dollars à cet effet et évoqué la mise en chantier de 2000 logements abordables d’ici un an.

Quant au programme créé en 1997 AccèsLogis, qui dispose d’une branche montréalaise, « il demeure en place afin de permettre la poursuite des projets déjà amorcés », indique le communiqué du gouvernement Legault diffusé le 3 février. Une déclaration qui, selon Ensemble Montréal, « [laisse] sous-entendre la possibilité que de nouvelles sommes n’y soient pas allouées », indique la motion du parti, que Le Devoir a pu consulter.

« On pense que ce sont des réponses ambiguës qui poussent le besoin d’avoir cette motion », soutient le porte-parole en matière d’habitation d’Ensemble Montréal, Sonny Moroz. Autrement, « on a peur de certains impacts que ça pourrait avoir sur l’accès aux logements sociaux », au moment où plus de 23 000 ménages sont sur une liste d’attente pour obtenir un logement social géré par l’Office municipal d’habitation de Montréal, ajoute le conseiller du district de Snowdon.

« On ne doit pas oublier l’importance des logements sociaux pour s’attaquer à la crise du logement », rappelle M. Moroz.

Appelée à réagir en marge d’une conférence de presse à l’hôtel de ville, jeudi, la mairesse Valérie Plante a indiqué avoir discuté à ce sujet avec le ministre des Finances, Eric Girard. « Ce qu’on veut, c’est qu’il y ait des [logements sociaux] qui se construisent, qu’il y ait des sommes », a-t-elle indiqué, tout en se montrant ouverte à « multiplier les outils » pour ce faire.

Le cabinet de la ministre Laforest a pour sa part refusé de commenter le contenu du prochain budget du gouvernement du Québec « à ce stade-ci », tout en assurant que le programme AccèsLogis « est toujours en place » et a été reconduit récemment. « Il faut voir le nouveau Programme d’habitation abordable Québec comme un véhicule qui est là en renfort pour augmenter plus rapidement l’offre de logements abordables au Québec », a ajouté une attachée de la ministre, Bénédicte Trottier Lavoie.

Levée de boucliers

 

L’avenir nébuleux du programme AccèsLogis inquiète d’ailleurs de nombreux groupes communautaires, qui ont pressé dans les derniers jours le gouvernement du Québec de clarifier sa position. Le Front d’action populaire en réaménagement urbain et le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal ont notamment souligné que le nouveau programme de logements abordables annoncé il y a deux semaines visait à créer des habitations louables au loyer médian des régions où elles seraient aménagées. Or, le loyer risque d’être trop élevé pour de nombreuses personnes à faible revenu, appréhendent les deux organismes. Les occupants d’un logement social allouent 25 % de leur revenu au loyer.

« On a de plus en plus l’impression qu’en douce, la [Coalition avenir Québec] est en train de détruire un élément clé du modèle québécois, qui est d’avoir des logements sociaux, des logements à but non lucratif au Québec », déclarait samedi dernier au Devoir le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois. Le Parti québécois et le Parti libéral du Québec ont aussi soulevé des préoccupations en marge de l’annonce du nouveau programme de logements abordables du gouvernement Legault.

La Société canadienne d’hypothèques et de logement publiera d’ailleurs vendredi son rapport sur l’état du marché locatif dans les principales régions du pays pour l’année 2021. En 2020, le taux d’inoccupation avait doublé sur l’île de Montréal, passant de 1,6 % à 3,2 %, en partie à cause de la chute de l’immigration et de l’arrivée d’étudiants étrangers dans le contexte de la crise sanitaire. Une situation qui n’a pas empêché les loyers de grimper à un rythme record, en particulier ceux des logements inoccupés.

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