Des résidents sont inquiets de la fermeture prochaine du seul bureau de poste situé au cœur du quartier montréalais de Pointe-Saint-Charles. Au moment où une autre franchise de Postes Canada s’apprête à fermer dans le Sud-Ouest, l’arrondissement presse le gouvernement fédéral de conserver l’accès à ce « service essentiel » à ses résidents.

Le 31 janvier, le bureau de poste situé à l’intérieur de l’épicerie IGA de la rue Mullins, à Pointe-Saint-Charles, fermera ses portes. De nombreux résidents du quartier devront alors effectuer des déplacements en transport en commun ou marcher sur une longue distance pour apposer un timbre sur une lettre ou faire livrer un colis dans un autre bureau de poste à l’extérieur du quartier. Une situation qui affectera particulièrement les personnes âgées ou à mobilité réduite du secteur.

« On nous prend vraiment en otage », laisse tomber Natacha Alexandroff, une septuagénaire qui demeure à Pointe-Saint-Charles. « C’est un service public qu’on nous enlève », ajoute la dame. Après cette fermeture, les résidents du quartier pourront se rendre à un bureau de poste situé près du marché Atwater ou encore à celui situé sur la rue Bridge, près de la Cité-du-Havre.

« Pour les personnes à mobilité réduite et les aînés, ce n’est vraiment pas évident », soulève également la porte-parole d’Action Gardien, Corporation de développement communautaire de Pointe-Saint-Charles, Camille Trudelle.

Mobilisation citoyenne et politique

 

Une pétition a d’ailleurs été lancée dans les dernières semaines par cet organisme pour réclamer un moratoire sur la fermeture du bureau de poste situé dans le IGA de la rue Mullins, le temps d’en ouvrir un autre ailleurs dans le quartier. Celle-ci a depuis récolté plus de 1120 signatures, signe qu’une mobilisation se prépare donc dans ce quartier d’environ 15 000 habitants, qui connaît d’ailleurs une importante croissance démographique. « Des actions s’en viennent », assure Mme Trudelle, qui reçoit d’ailleurs l’appui de l’arrondissement dans ses démarches.

« Pointe-Saint-Charles, c’est comme une petite ville canadienne. Elle mérite d’avoir accès à ce service », insiste également le conseiller d’arrondissement Craig Sauvé, qui représente notamment ce quartier.

Les élus du Sud-Ouest ont d’ailleurs adopté à l’unanimité le 17 janvier une résolution pour affirmer leur appui à « la mobilisation citoyenne actuelle » et demander à Postes Canada de « maintenir un bureau de poste » à Pointe-Saint-Charles, de même que dans le quartier Ville-Émard, où un bureau de poste fermera aussi ses portes le 31 janvier dans une pharmacie du boulevard Monk.

« Nous sommes au début du processus de recherche de comptoirs postaux de remplacement. Entre-temps, tous les produits et services postaux seront offerts dans des bureaux de poste situés à proximité », a indiqué au Devoir jeudi un porte-parole de Postes Canada. Il s’agit toutefois de comptoirs situés à l’extérieur des deux quartiers affectés par ces fermetures.

Or, pour l’arrondissement, « c’est essentiel pour nous que des bureaux postaux restent ouverts à Pointe-Saint-Charles et dans Ville-Émard », insiste Julie Bélanger, la directrice du cabinet du maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais. « C’est un service essentiel », martèle-t-elle.

L’arrondissement a aussi contacté le député fédéral Marc Miller, tout comme l’a fait dans les derniers jours Action Gardien, qui a aussi interpellé Postes Canada et la ministre des Services publics et de l’approvisionnement, Filomena Tassi.

« On veut un comptoir postal au cœur du quartier bien situé et accessible pour les aînés », insiste Mme Trudelle.

Il n’y a d’ailleurs pas que l’arrondissement du Sud-Ouest qui est confronté à des fermetures de bureaux de poste. Le 31 janvier, le seul bureau postal du quartier Mercier-Est fermera ses portes, une décision qui a là aussi soulevé une forte opposition citoyenne. Un bureau de poste a aussi fermé à Sainte-Foy le mois dernier, notamment.