Plante et Coderre égaux sur les blocs de départ
La course à la mairie de Montréal s’annonce serrée. Alors que la campagne électorale municipale vient de débuter, les deux principaux candidats, Valérie Plante et Denis Coderre, se retrouvent au coude-à-coude dans les intentions de vote, selon un sondage Léger-Le Devoir. L’avance que détenait le chef d’Ensemble Montréal au printemps dernier s’est considérablement réduite, possiblement en raison de son début de course moins réussi que prévu, croit le sondeur.
Denis Coderre récolte 37 % des intentions de vote, alors que Valérie Plante obtient un taux de 36 %, révèle le sondage Web réalisé par la firme Léger auprès de 500 Montréalais entre le 14 et le 19 septembre dernier. 8 % des répondants préfèrent Balarama Holness, le chef de Mouvement Montréal, et 5 % d’entre eux choisiraient Marc-Antoine Desjardins, qui dirige Ralliement pour Montréal. Les indécis ou ceux qui refusent de se prononcer représentent une part de 14 %.
L’écart entre les deux principaux adversaires se resserre. En mai dernier, Denis Coderre avait obtenu 39 % des intentions de vote, contre 29 % pour Valérie Plante, selon un sondage Léger-Le Journal de Montréal. « Denis Coderre n’a peut-être pas eu le départ espéré. Il y a eu la polémique entourant le cellulaire au volant qui est venu ébranler certains Montréalais », avance Christian Bourque, vice-président exécutif chez Léger. Les électeurs tendent à juger, non pas ce qu’un leader politique dit sur un enjeu, mais la façon dont il parle de celui-ci, explique-t-il. Selon lui, le ton utilisé par M. Coderre au cours des derniers mois a pu semer un doute dans l’esprit des électeurs quant au réel changement opéré chez lui depuis 2017. De son côté, Valérie Plante n’a pas eu à faire face à des embûches majeures au cours de l’été, outre la question entourant la sécurité publique, dit-il.
Si Denis Coderre obtient plus d’appuis que son adversaire auprès des répondants de plus de 35 ans, Valérie Plante attire la faveur des jeunes de 18 à 34 ans. « À 46 %, c’est presque un jeune sur deux qui voterait pour Mme Plante. Il y a véritablement un enjeu générationnel dans cette course qui se dessine. Ça va nécessairement avoir un impact direct sur le message des deux principaux candidats », explique Christian Bourque, qui croit que la mairesse devra mener une campagne « idéologique » et mettre en relief les différences entre elle et son principal adversaire.
La cheffe de Projet Montréal est plus populaire dans les arrondissements centraux, alors que son rival récolte davantage d’intentions de vote dans les arrondissements de l’est et de l’ouest de l’île.
Denis Coderre fait aussi bonne figure auprès des francophones que des non-francophones, alors que Valérie Plante recueille plus d’appuis chez les francophones que chez les non-francophones. Le sondeur signale d’ailleurs que bien qu’il n’obtienne que 8 % des intentions de vote, Balarama Holness attire 15 % des non-francophones.
Près de la moitié des répondants, soit 48 %, souhaitent un changement d’équipe à l’hôtel de ville, contre 33 % qui préféreraient voir l’administration en place demeurer en poste. Selon Christian Bourque, cette volonté de changement n’est peut-être pas significative pour Denis Coderre. « On l’a vu aux élections fédérales, plus de 60 % des Canadiens souhaitaient un changement. Pourtant, on a vu le résultat lundi soir. À 48 %, ce n’est pas une vague assez forte pour porter M. Coderre. »
Les répondants sont divisés quand le sondeur leur demande s’ils sont satisfaits de Valérie Plante. 46 % le sont, alors que 49 % se disent très insatisfaits ou plutôt insatisfaits. Plus de la moitié des partisans du candidat Balarama Holness sont insatisfaits du travail de Mme Plante, mais plus du tiers sont tout de même satisfaits, ce qui fait dire à Christian Bourque que si la mairesse sortante cherche à gagner de nouveaux appuis, elle devrait peut-être regarder du côté de ce parti.
Quand le sondeur pose la même question concernant le mandat comme maire de Denis Coderre de 2013 à 2017, 43 % des répondants se disent satisfaits de son travail et la même proportion de répondants est insatisfaite.
Thèmes de campagne
Parmi les 15 thèmes soumis par le sondeur, le coût des loyers et l’accès à la propriété apparaissent au premier rang des enjeux de la campagne électorale montréalaise. « Ce qui est intéressant, c’est que c’est un dossier qui n’est pas uniquement de compétence municipale. Il y a des lois fédérales et des crédits d’impôt qui peuvent être appliqués. Ce ne sera pas facile. Ce n’est pas comme le déneigement des rues. C’est plus complexe », explique Christian Bourque. Comme il s’agit d’ailleurs d’un thème qui préoccupe particulièrement les jeunes, « Mme Plante doit faire le plein sur cet enjeu », croit-il.
Le contrôle des armes à feu et le financement du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) figure au second rang des préoccupations. « Plus on est proche de l’endroit où des coups de feu sont tirés, plus ça devient un enjeu important. […] Dans certains secteurs de Montréal, c’est l’enjeu numéro un », signale M. Bourque. Mais encore là, il s’agit d’un dossier qui n’est pas de compétence municipale exclusive.
Suivent, dans l’ordre : la relance économique du centre-ville et les artères commerciales, les services publics — habituellement en haut de la liste —, la gestion des chantiers de construction, la lutte contre l’itinérance et les taxes municipales. Les îlots de chaleur et le verdissement arrivent au 9e rang, suivis de la place du français à Montréal et du partage de la route entre automobilistes, cyclistes et piétons.
Le sondeur croit que la décision de ne pas permettre le vote par correspondance pour les Montréalais de 70 ans et plus n’aura pas un impact important : « Les personnes âgées voient le vote comme un devoir. Ils vont trouver une façon de voter. » Selon lui, le vote par correspondance lors des élections fédérales n’a pas démontré que le biais selon l’âge était important.
Un sondage Web ne comporte pas de marge d’erreur, mais à titre comparatif, la marge d’erreur maximale pour un échantillon de 500 répondants est de +/- 4,4 %.