Racheter le terrain de Ray-Mont Logistiques coûterait cher, soutient Projet Montréal

Il y a six ans, Ray-Mont Logistiques a fait l’acquisition du terrain en friche de 232 0000 m2 situé près de la rue Notre-Dame afin d’y implanter une immense plateforme de transbordement de marchandises.
Photo: Alexandre Shields Le Devoir Il y a six ans, Ray-Mont Logistiques a fait l’acquisition du terrain en friche de 232 0000 m2 situé près de la rue Notre-Dame afin d’y implanter une immense plateforme de transbordement de marchandises.

Le rachat du terrain de Ray-Mont Logistiques par la Ville de Montréal, tel que s’engagent à le faire Ensemble Montréal et son chef Denis Coderre, pourrait coûter plusieurs centaines de millions de dollars, estime le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et membre de projet Montréal, Pierre Lessard-Blais. Selon lui, cette promesse faite à l’approche du scrutin municipal est aussi irréaliste qu’électoraliste.

Pierre Lessard-Blais soutient que si la Ville de Montréal est aujourd’hui dans un tel bourbier avec ce dossier, c’est à cause de l’administration de Denis Coderre qui a été au pouvoir de 2013 à 2017. Promettre aujourd’hui de racheter le terrain est de la « pensée magique », selon lui : « Il y a un degré de désespoir chez les citoyens qui est assez élevé, je le comprends bien. Mais cette situation extrêmement difficile ne justifie pas qu’on se mette à dire n’importe quoi aux gens. […] Denis Coderre est en train de tomber dans une réalité alternative pour gagner des votes. »

Lundi, le Journal de Montréal rapportait que le parti de Denis Coderre entreprendrait des négociations pour que la Ville achète le terrain de Ray-Mont Logistiques s’il est porté au pouvoir le 7 novembre prochain. Mais Ensemble Montréal ne détaille pas le coût possible de cette transaction. Rappelons qu’il y a six ans, Ray-Mont Logistiques a fait l’acquisition du terrain en friche de 232 0000 m2 situé près de la rue Notre-Dame afin d’y implanter une immense plateforme de transbordement de marchandises, un projet qui suscite de vives inquiétudes chez les résidents des secteurs environnants en raison des nuisances que ce projet entraînera.

« Je ne peux pas imaginer le coût d’un tel rachat ou d’une expropriation », soutient Pierre Lessard-Blais qui briguera un autre mandat à la mairie de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve en novembre. Il indique qu’en tenant compte du coût d’achat initial de 20 millions du terrain par Ray-Mont Logistiques en 2015, des investissements de 40 millions réalisés pour la décontamination, de la compensation pour les pertes liées aux opérations passées et futures ainsi que de la poursuite de 373 millions intentée par l’entreprise contre la Ville — pour avoir tardé à lui accorder son permis —, la facture pourrait grimper à quelques centaines de millions de dollars.

« L’expropriation aurait été simple et facile il y a cinq ans, pendant le mandat de M. Coderre, M. [Réal] Ménard et Mme [Karine] Boivin Roy, qui sont les mêmes qui se présentent cet automne. Les modifications au zonage de la Ville auraient été très faciles à faire dans le mandat précédent », avance-t-il, accusant ses adversaires politiques d’avoir plutôt créé la Cité de la logistique.

Des négociations à entreprendre

La conseillère d’Ensemble Montréal et candidate à la mairie de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Karine Boivin Roy, juge au contraire que la proposition de son parti est faisable. « C’est une solution tout à fait réaliste qui est réfléchie depuis plusieurs mois. À la suite de nos échanges, le promoteur est ouvert à la discussion. C’est un énorme gain », a indiqué Mme Boivin Roy dans une déclaration écrite transmise au Devoir.

Elle précise que les négociations avec l’entreprise pourraient être lancées au lendemain des élections. « Projet Montréal n’a rien à proposer à l’heure actuelle. Pire, sur quatre ans, les élus et élues de l’arrondissement n’ont fait qu’empirer la situation en jetant de l’huile sur le feu, ce qui a résulté récemment par une poursuite pendante de 373 millions, l’équivalent de cinq fois le budget de l’arrondissement », ajoute-t-elle.

Ensemble Montréal précise avoir ouvert le dialogue avec Ray-Mont Logistiques, « ce que les élus de Projet Montréal ont toujours refusé de faire ». À l’heure actuelle, les autres niveaux de gouvernement ne sont pas impliqués dans les discussions, dit l’élue.

De son côté, Pierre Lessard-Blais rappelle qu’un groupe de travail a été mis sur pied en collaboration avec l’entreprise afin d’examiner des mesures à prendre pour réduire les nuisances. Un rapport est attendu pour le mois de septembre ou octobre.

À voir en vidéo