Ray-Mont et la Ville de Montréal s’engagent à travailler ensemble

Ray-Mont Logistiques retarde le début de ses travaux de construction le temps de s’entendre avec la Ville et les citoyens sur des mesures de mitigation.
Afin de limiter les nuisances associées à sa future plateforme intermodale de transbordement de conteneurs, un groupe de travail sera mis sur pied cet été au sein de l’instance Concertation Assomption Sud–Longue-Pointe, a annoncé la Ville de Montréal lundi. L’objectif du groupe, qui doit inclure des représentants de la Ville, de l’entreprise et des citoyens, sera d’établir un plan d’ici la fin de l’automne.
Jusqu’à tout récemment, les tensions étaient vives entre Ray-Mont et les élus de l’arrondissement, qui avaient tenté de bloquer le projet controversé. L’entreprise avait affirmé que les travaux de construction allaient commencer dans les prochaines semaines, sans qu’aucune mesure soit prévue pour limiter les bruits et la poussière susceptibles de bouleverser la qualité de vie des résidents du quartier Viauville. De plus, Ray-Mont poursuit présentement la Ville de Montréal pour 373 millions de dollars.
Une première rencontre jugée fructueuse entre la Ville et l’entreprise, au début juin, aurait permis de dénouer l’impasse. « Notre entreprise est consciente des défis de cohabitation du secteur, et c’est la raison pour laquelle nous sommes engagés avec sérieux dans cette démarche », a fait savoir, dans un communiqué, le président-directeur général de Ray-Mont Logistiques, Charles Raymond.
Le responsable du développement économique et commercial au sein du comité exécutif de la Ville de Montréal, Luc Rabouin, espère qu’il sera ainsi possible de réaliser « un projet exceptionnel ». « Charles Raymond dit publiquement depuis un bon moment qu’il a cette ambition, donc on va voir comment on va arriver à des mesures concrètes, comment ça va se refléter dans la réalité », a-t-il dit en entrevue. « L’été va être le test pour savoir si on peut bien travailler ensemble à un bon rythme », a aussi souligné l’élu municipal.
Rappelons que Ray-Mont Logistiques prévoit le transport et l’entreposage de milliers de conteneurs remplis de grains, quotidiennement, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, sur un terrain de 2,5 millions de pieds carrés à proximité du port de Montréal. Par le passé, des mesures comme l’aménagement d’un talus, d’une zone tampon boisée et d’art public ont été évoquées par diverses parties prenantes.
Une étude demandée
Mais pour de nombreux citoyens, une étude des impacts environnementaux du projet doit être effectuée avant toute chose. Une pétition déposée à l’Assemblée nationale le 31 mai, signée à ce jour par 1251 personnes et parrainée par le député solidaire Alexandre Leduc, demande au ministre de l’Environnement d’agir en ce sens.
« Qu’est-ce qu’on peut mitiger si on ne sait même pas ce qu’il y a à mitiger ? Il faut savoir d’abord ce qui nous cause actuellement des nuisances, c’est quoi la qualité de l’air, la quantité de poussières, c’est quoi les vibrations qu’on subit déjà dans le quartier à cause du passage actuel des trains et la présence du port. À partir de là, ce qu’on veut, c’est moins de nuisances », a affirmé Anaïs Houde, une participante à l’instance Concertation Assomption Sud–Longue-Pointe.
Le Collectif en environnement Mercier-Est a indiqué mercredi « que l’implantation de toute nouvelle installation industrielle lourde en milieu urbain, nonobstant le fait que le terrain soit zoné industriel, justifie pleinement l’imposition d’une obligation de réaliser une étude d’impact environnemental ». « L’article 20 de la Loi sur la qualité de l’environnement (LRQ c. Q-2) prescrit qu’il est interdit d’émettre des contaminants susceptibles “de porter atteinte à la vie, à la santé, à la sécurité, au bien-être ou au confort de l’être humain, de causer du dommage ou de porter autrement préjudice à la qualité de l’environnement, aux écosystèmes, aux espèces vivantes ou aux biens” », a poursuivi l’organisme dans un communiqué.
De son côté, le ministère de l’Environnement dit ne pas pouvoir procéder à une telle évaluation, puisque le promoteur n’a pas encore déposé de demande d’autorisation pour la construction de sa plateforme intermodale.