Sue Montgomery a tenté de congédier une victime de harcèlement

La mairesse de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery, a suspendu, puis tenté de congédier une victime alléguée de harcèlement psychologique car cet employé ne se présentait plus au travail sur ordre du contrôleur général de la Ville de Montréal, Me Alain Bond.
Sue Montgomery, qui doit se défendre de manquements en déontologie devant la Commission municipale du Québec (CMQ), a livré son témoignage jeudi. Elle a expliqué avoir constaté l’absence de l’employé au retour des Fêtes, en janvier 2020. Après plusieurs tentatives pour le rejoindre, elle a appris que le contrôleur général avait ordonné que l’employé reste à la maison tout en continuant de toucher son salaire. Le mois précédent, une enquête des Ressources humaines avait conclu que cet employé avait été victime de harcèlement psychologique de la part d’un autre membre du personnel.
Sue Montgomery estime le Contrôleur général n’avait pas le pouvoir de prendre une telle décision. Sur l’avis de son avocat, l’élue a signifié à l’employé sa suspension sans salaire pour avoir omis de se présenter au travail. Elle lui a par la suite fait parvenir un avis de congédiement, a-t-elle dit.
Si Sue Montgomery a tenté de mettre à la porte cet employé, elle n’a pas voulu congédier le harceleur allégué. C’est d’ailleurs ce refus qui a conduit à son expulsion du caucus de Projet Montréal, le parti avec lequel elle s’était fait élire en 2017.
Discussion avec Valérie Plante
Sue Montgomery a relaté la conversation qu’elle a eue à ce sujet avec la mairesse Valérie Plante en marge d’une réunion du caucus des élus de Projet Montréal le 10 janvier 2020 à l’hôtel de ville de Montréal.
À cette occasion, Valérie Plante a demandé Mme Montgomery de sortir de la salle pour discuter. Sue Montgomery soutient que la mairesse lui a indiqué qu’il lui faudrait congédier l’employé visé par des allégations de harcèlement psychologique, faute de quoi elle serait expulsée de Projet Montréal. La mairesse lui aurait dit que les allégations de harcèlement étaient « dommageables ».
Sue Montgomery a refusé de se plier à cette demande. Selon elle, il aurait été illégal de montrer la porte à un employé sans disposer de preuves suffisantes pour le faire. Mme Montgomery a finalement su le 23 janvier qu’elle était expulsée de Projet Montréal. « Je l’ai appris dans un communiqué de presse. Ils ne m’ont même pas appelée pour me l’annoncer », a-t-elle dit.
Le 9 janvier, le directeur général de la Ville, Serge Lamontagne, aurait offert de congédier le directeur de l’arrondissement, avec qui Sue Montgomery était à couteaux tirés depuis des mois, en échange du congédiement de son employé accusé de harcèlement allégué.
Un malaise
La CMQ a entendu plusieurs témoins depuis la semaine dernière. En matinée jeudi, le conseiller Christian Arseneault a évoqué une rencontre chez Sue Montgomery à laquelle participait aussi la conseillère Magda Popeanu le 10 janvier 2020, peu après la conversation entre la mairesse de CDN-NDG et Valérie Plante. Il a soutenu qu’à cette occasion, Sue Montgomery, qui était frustrée par la tournure des événements, avait tenu des propos déplacés à l’égard du contrôleur général Alain Bond. Il a dit que ces propos avaient créé un « malaise profond » chez les participants à la rencontre.
Lors de son témoignage, Sue Montgomery a affirmé que ses propos avaient été mal rapportés et qu’elle faisait une blague. « J’étais en état de choc avec toute cette situation qui était devenue hors de contrôle. J’étais partie de candidate vedette pour Projet Montréal pour être ensuite expulsée du caucus », a-t-elle expliqué.
Les audiences se poursuivront vendredi avec le contre-interrogatoire de Sue Montgomery.
Le juge Alain R. Roy a par ailleurs annoncé sa décision de retirer trois chefs de manquements portés contre Mme Montgomery en raison de l’absence de preuves pour les appuyer. Rappelons que Sue Montgomery a été citée en déontologie municipale pour ne pas avoir maintenu un climat de travail exempt de harcèlement, pour conflit d’intérêts et pour divulgation d’informations confidentielles.
Une ordonnance du Tribunal interdit par ailleurs aux médias d’identifier les personnes qui auraient été victimes de harcèlement psychologique ainsi que le harceleur allégué.