Denis Coderre s’en prend au «crois ou meurs» de Projet Montréal

«Le Montréal actuel n’est pas un Montréal pour tous les Montréalais. Je pense qu’on a besoin d’une alternative. Je n’ai jamais vu Montréal aussi divisée que présentement», souligne l'ex-maire de Montréal, Denis Coderre.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir «Le Montréal actuel n’est pas un Montréal pour tous les Montréalais. Je pense qu’on a besoin d’une alternative. Je n’ai jamais vu Montréal aussi divisée que présentement», souligne l'ex-maire de Montréal, Denis Coderre.

Denis Coderre a beau dire qu’en se lançant dans la course à la mairie, il ne se présente pas contre Valérie Plante, mais plutôt pour Montréal, il ne se gêne pas pour s’attaquer au « crois ou meurs » de sa rivale, comme un avant-goût de la bataille électorale qui attend les Montréalais dans les prochains mois.

Au lendemain de son passage à l’émission Tout le monde en parle, qui a servi de tremplin au lancement de sa campagne, Denis Coderre a fait un retour sur le travail de réflexion auquel il s’est livré dans les quatre dernières années après sa douloureuse défaite de 2017. « Je pense qu’on grandit toujours dans nos défaites. Cette introspection m’a permis de voir plus clair », répète-t-il en entrevue au Devoir. « J’ai fait des erreurs. Il y a eu une “tempête parfaite”. On avait quand même un taux de satisfaction assez élevé. Les gens ont constaté ce que j’étais devenu et ils n’ont pas aimé ce qu’ils voyaient. C’est correct. »

S’il dit avoir gagné en sagesse et avoir pris le recul nécessaire pour écrire le fruit de ses réflexions dans son livre Retrouver Montréal, Denis Coderre demeure quand même un batailleur. À ses yeux, Montréal ne brille plus sous l’administration Plante. « Le Montréal actuel n’est pas un Montréal pour tous les Montréalais. Je pense qu’on a besoin d’une alternative, dit-il. Je n’ai jamais vu Montréal aussi divisée que présentement. »

Selon lui, l’administration Plante ne fait pas preuve du leadership nécessaire, trop « attentiste » dans certains dossiers et incapable de faire « contrepoids » aux autres ordres de gouvernement.

Photo: Guillaume Levasseur Archives Le Devoir Denis Coderre accuse Projet Montréal d’attiser les clivages entre les cyclistes et les automobilistes, entre les quartiers et la métropole.

En matière de transport ou de gouvernance, Projet Montréal cultive un climat de division qui oppose cyclistes et automobilistes, quartiers et métropole. « J’ai l’impression que c’est toujours diviser pour régner. Il y a quand même une aile militante de leur administration. On a l’impression que c’est le “crois ou meurs”. Ça, je n’aime pas », explique-t-il en se décrivant lui-même comme un « extrémiste du centre ». « C’est sûr qu’on a promis beaucoup et on a livré peu. […] Il ne faudrait pas que la pandémie soit une excuse. »

Quand on lui souligne que, dans son livre, sa proposition d’un axe de mobilité en diagonale, entre Berri-UQAM et Montréal-Nord, ressemble à s’y méprendre à la ligne rose de Valérie Plante, il se rebiffe en affirmant que le projet proposé de métro par la mairesse avait un coût prohibitif, alors que, lui, soumet plutôt un concept illustrant les besoins de mobilité dans ce secteur de la ville.

Mais c’est en matière d’habitation et de logements sociaux que sa vision diffère le plus de celle de son opposante. Le règlement pour une métropole mixte cher à l’administration Plante — aussi connu sous le nom de règlement 20-20-20 — ne ferait pas long feu si Denis Coderre était reporté au pouvoir en novembre. « C’est sûr qu’on va le remettre en question », lance-t-il en plaidant pour une cohérence et une action concertée avec les banlieues qui, à l’heure actuelle, n’imposent pas de telles contraintes aux promoteurs.

Trouve-t-il une qualité à Valérie Plante ? « J’aime sa sensibilité au niveau de l’environnement. »

Retour au bercail

 

Denis Coderre dit qu’il souhaite retrouver les membres de son ancien parti qu’il a quittés abruptement il y a quatre ans avec une lourde dette sur les bras. Éprouve-t-il des regrets à avoir laissé en plan son équipe confinée pendant quatre ans dans l’opposition ? « C’était la chose à faire », explique-t-il en évoquant les problèmes survenus dans sa vie personnelle dans la dernière année de son mandat. « J’ai vécu des moments extrêmement douloureux et je devais me reprendre en main. Je ne m’excuserai jamais d’être parti parce que j’avais besoin de partir. Ce n’est pas une question de parti politique, c’est une question de survie. »

Quant à la dette, il ne s’agit pas d’un problème insurmontable, selon lui : « Une dette, ça se rembourse. »

Je pense qu’on va avoir un bon débat politique. Denis Coderre dit qu’il a changé. Je le souhaite. "À Tout le monde en parle", il avait l’air réfléchi et sage. Il choisissait ses mots. Reste à savoir si ça va durer pendant sept mois.

 

Il n’est pas acquis que tous les élus d’Ensemble Montréal l’accueilleront à bras ouverts. Dimanche soir, le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, a publié un bref communiqué pour saluer le retour de Denis Coderre sous la bannière de sa formation politique. Mais lundi, le parti est demeuré fort discret. Des sources indiquent que certains élus ne sont pas d’emblée enchantés de son retour au bercail. Une réunion du caucus est prévue mardi. Denis Coderre compte laisser les membres du parti discuter entre eux avant d’aller à leur rencontre.

L’ex-mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Anie Samson, qui aquitté la vie politique après sa défaite de 2017, se réjouit du retour de Denis Coderre dans l’arène municipale. Mais elle émet quand même quelques doutes quant à la transformation réelle de l’ancien maire. « Je pense qu’on va avoir un bon débat politique. Denis Coderre dit qu’il a changé. Je le souhaite. À Tout le monde en parle, il avait l’air réfléchi et sage. Il choisissait ses mots. Reste à savoir si ça va durer pendant sept mois. »

Elle trouve cependant particulier qu’il annonce publiquement son retour au sein d’Ensemble Montréal sans prendre le temps d’en parler à tous les élus au préalable. Une attitude étonnante pour quelqu’un qui se présente comme un « joueur d’équipe »

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