Montréal favorable à la décriminalisation de la possession simple de drogue

À l’instar de leurs homologues de Vancouver et de Toronto, les élus montréalais ont adopté mardi une motion demandant au gouvernement fédéral de décriminaliser la possession simple de drogue pour un usage personnel.
La motion a été présentée par le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand, qui s’appuie sur les recommandations faites par des organisations qui œuvrent auprès des toxicomanes et par des professionnels en santé qui plaident en faveur de l’adoption d’une approche basée sur la santé publique plutôt que sur la répression.
L’Association canadienne des chefs de police, la Dr Teresa Tam, administratrice en chef de l’Agence de Santé publique du Canada, le Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique la Dr Mylène Drouin, directrice régionale de la santé publique de Montréal, de même que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) se sont prononcés en faveur de la décriminalisation de la possession simple de drogue pour usage personnel, a rappelé M. Rotrand. « Même le chef conservateur, Eric O’Toole, a dit que l’approche devait changer », a-t-il souligné.
Comme d’autres villes canadiennes, Montréal connaît une augmentation importante du nombre de surdoses et de décès liés à la consommation de drogues. Mais la répression engorge les tribunaux et accapare beaucoup de ressources policières sans contribuer à la santé de la population, a fait valoir Marvin Rotrand.
Appelés à se prononcer sur la question mardi au conseil municipal, les élus étaient divisés sur la question. Les membres de Projet Montréal ont massivement appuyé la motion. « Depuis plusieurs années, les villes sont au-devant de la crise des surdoses des opioïdes et autres drogues illicites », a expliqué la responsable de l’inclusion sociale au comité exécutif, Nathalie Goulet, qui a insisté sur l’importance d’adopter une approche de santé publique et de miser sur la réduction des méfaits.
Mais dans les rangs du parti Ensemble Montréal, les opinions étaient partagées. Opposé à la motion, le conseiller de Saint-Léonard-Ouest, Dominic Perri, s’est étonné que les élus aient à se prononcer sur ce dossier alors que la Ville fait face à de nombreux enjeux liés à la pandémie de COVID-19. « Plus l’accès aux drogues est permis, plus celles-ci seront perçues acceptables et plus elles seront consommées et feront d’autres victimes », a-t-il soutenu.
Son collègue Benoit Langevin, conseiller dans Bois-de-Liesse, estime qu’au contraire, la répression en cette matière n’est pas toujours utile. « La criminalisation de la possession simple de drogue cible une partie de la population préalablement vulnérable et lui inflige une lourde peine, la précarisant davantage », a-t-il fait valoir.
Richard Deschamps, conseiller dans l’arrondissement de LaSalle, était aussi mal à l’aise avec cette proposition et ne croit pas que cette mesure atteigne le but visé. « Il n’y a pas de preuve qu’il y aura une réduction des méfaits, a-t-il dit. Je ne veux pas envoyer le message que c’est banal de prendre des drogues ou de les décriminaliser. »
La motion a finalement été adoptée à 47 votes contre 13.
Règlement pour la mixité
Plus tôt dans la journée, le conseil municipal a aussi approuvé à 36 voix contre 25 le Règlement pour une métropole mixte, aussi connu sous le nom de « 20-20-20 », qui entrera en vigueur le 1er avril prochain. Ce règlement controversé vise à favoriser la construction de logements sociaux, abordables et familiaux lors de la réalisation de projets immobiliers sur le territoire.
Le règlement ne fait pas l’unanimité dans le milieu des affaires. « Montréal impose son règlement aux entrepreneurs pour qu’ils financent des logements sociaux et abordables. C’est une erreur. L’investissement de Prével et de TGTA à l’extérieur de Montréal est symptomatique de ce qui s’en vient. On affaiblit la ville-centre », a commenté le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, sur Twitter.
L’institut de développement urbain, dirigé par l’ex-ministre Jean-Marc Fournier, estime pour sa part que le règlement fera augmenter le prix des unités neuves et poussera les citoyens vers les banlieues.
Jean-François Cloutier, candidat à la mairie
L’ancien conseiller municipal dans l’arrondissement de Lachine, Jean-François Cloutier, a confirmé mardi son intention de briguer la mairie de Montréal lors des élections de novembre prochain. L’homme d’affaires et avocat dirigera le parti Équité Montréal et souhaite présenter des candidats dans tous les districts. Il propose notamment de décentraliser la gouvernance de la Ville avec l’instauration d’un système qui ferait en sorte que chaque projet soumis au conseil municipal soit préalablement approuvé par 10 des 19 arrondissements.