Montréal devra prévoir des investissements plus importants pour protéger ses milieux naturels

Montréal aura besoin d’investissements importants pour faire l’acquisition de milieux naturels et atteindre son objectif de 10 % d’espaces protégés sur le territoire de l’agglomération. Dans son rapport annuel rendu public lundi, la vérificatrice générale (VG), Michèle Galipeau, prévient que la Ville ne prévoit pas suffisamment de fonds pour y parvenir.
La VG note qu’en octobre 2019, 6,1 % du territoire de l’agglomération de Montréal était protégé alors que le Schéma d’aménagement vise un taux de 10 %.
À la lumière des acquisitions réalisées en 2019 avec l’achat d’un terrain de Sainte-Anne-de-Bellevue au coût de 5,1 millions et d’un autre à Pierrefonds-Roxboro pour 73 millions, la VG évalue que la Ville devrait disposer d’un budget de 260 millions pour acquérir les 500 hectares prévus d’ici 2030. À plus court terme, il lui manquerait 27 millions pour procéder aux achats souhaités d’ici la fin de 2021.
L’analyse effectuée par la VG n’a pas non plus réussi à démontrer que la Ville disposait de budgets suffisants pour en maintenir la valeur écologique. Les audits écologiques ne sont pas faits à la fréquence nécessaire et un seul des milieux naturels protégés est doté d’un plan de gestion écologique, souligne la VG dans son rapport.
« Économiquement, l’acquisition des milieux naturels nécessaires pour atteindre la cible de 10 % pourrait avoir un impact important considérant les investissements requis dans les prochaines années, écrit la VG. De plus, autant les arrondissements que le Service des grands parcs n’ont pas de budgets dédiés récurrents pour assurer l’entretien écologique des milieux naturels protégés. »
La VG recommande notamment que la Ville recense les parcs locaux qui pourraient répondre aux conditions requises pour se qualifier comme un milieu naturel afin de contribuer à l’atteinte de l’objectif de 10 % d’aires protégées. « Les milieux naturels jouent plusieurs rôles écologiques, sociaux et économiques. À l’heure des changements climatiques, leur préservation est importante », fait valoir la VG.
Climat, informatique et ressources humaines
Dans son rapport annuel qui fait plus de 600 pages, la VG s’est aussi penchée sur le Plan d’adaptation aux changements climatiques. Le bilan déposé en octobre dernier ne permet pas de connaître avec précision le degré d’implantation des mesures promises, note-t-elle toutefois. Comme ce programme arrive à échéance bientôt, la Ville a entrepris la préparation d’un « Plan Climat », mais compte tenu des lacunes observées dans le plan précédent, la VG croit que la Ville devra s’assurer que les nouvelles mesures envisagées mèneront à des résultats mesurables.
En matière de ressources humaines, les cinq prochaines années seront déterminantes pour la Ville puisque 25 % des employés seront admissibles à la retraite et que le nombre de départs volontaires et le roulement du personnel demeurent importants. Montréal a entrepris en 2008 des démarches pour préparer des plans de main-d’œuvre afin de pourvoir les postes, mais les « efforts se sont essoufflés », a constaté la VG, qui a relevé plusieurs lacunes et recommande à la Ville de mieux encadrer la gestion de la relève.
Au chapitre de l’informatique, la VG observe que de nombreux employés de la Ville ont recours à des outils et à des applications qui ne sont pas gérés par le Service des technologies de l’information (STI) et qui lui sont inconnus, un concept connu sous le nom d’« informatique grise ».
La VG relève que la Ville n’a pas mis en place de mécanismes de contrôle et que le STI n’a pas de processus de protection. Le recours à l’informatique grise coïncide avec le report de plusieurs projets informatiques à la Ville, fait-elle remarquer. « Advenant la mauvaise utilisation de l’informatique grise par les unités d’affaires, cela pourrait engendrer, entre autres, des risques de brèche de sécurité impactant la confidentialité de données sensibles », peut-on lire dans le rapport.
Le rapport s’attarde aussi au programme Accès Logis et à la construction des 12 000 logements sociaux et abordables promis par l’administration Plante qui pourraient connaître un ralentissement en raison, notamment, du non-renouvellement de l’entente sur les logements abordables entre la Société d’habitation du Québec (SHQ) et la Société canadienne d’habitation et de logement (SCHL).
La vérificatrice générale présentera les grandes lignes de son rapport annuel aux élus mardi à l’occasion d’une séance plénière lors de l’assemblée du conseil municipal.