Parc-Extension risque d’être frappé de plein fouet par la COVID-19

Le quartier Parc-Extension pourrait-il devenir un quartier chaud de la COVID-19 ?Dans les rangs communautaires, l’inquiétude est réelle. Ce quartier multiethnique, l’un des plus pauvres au Canada, pourrait être un terreau fertile à la propagation du virus, craint-on.

Depuis le début de la crise, les demandes d’aide alimentaire ont explosé dans Parc-Extension. La cafétéria de l’Organisation des jeunes de Parc-Extension (PEYO) a été convertie en entrepôt où sont rangées les denrées alimentaires. Avec la collaboration de l’organisme Ressources action-alimentation de Parc-Extension, des paniers ont été livrés à quelque 600 ménages depuis le 13 mars. Et la demande ne cesse de croître.

Photo: Marie-France Coallier Le Devoir

Lundi, lorsque le premier ministre François Legault a annoncé que le déconfinement serait reporté au 18 mai à Montréal, le directeur national de santé publique du Québec, le Dr Horacio Arruda, a indiqué vouloir vérifier ce qui se passait dans deux secteurs de la métropole : Montréal-Nord et Parc-Extension.

Avec 1239 cas de contamination,Villeray–Saint-Michel–Parc-Extensionsuit de près Montréal-Nord (1544) et Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (1247). La Santé publique de Montréal n’est cependant pas en mesure de dire combien de cas ont été répertoriés dans Parc-Extension ni de préciser si la situation est plus problématique que dans Saint-Michel.

Monique Léger, directrice de Ressource action-alimentation de Parc-Extension, ne serait pas étonnée que Parc-Extension devienne un secteur chaud, à l’instar de Montréal-Nord.

Photo: Marie-France Coallier Le Devoir

« Quand on parle des conditions sociales, c’est identique : des gens vivent en surpopulation dans des logements insalubres — dans certains cas, deux familles s’entassent dans un trois et demie —, ils font du travail de première ligne et sont mal protégés. Certains sont sans statut. Je pense qu’on pourrait facilement se retrouver dans la même situation que Montréal-Nord. »

Des travailleurs agricoles

 

Parc-Extension compterait moins detravailleurs de la santé que Montréal-Nord, mais davantage de travailleurs du milieu agricole et du secteur de la transformation alimentaire, où les conditions de travail sont difficiles. Des autobus jaunes ont d’ailleurs été aperçus dans le quartier. Ils viennent chercher des travailleurs pour les envoyer aux champs ou dans des manufactures.

Des gens vivent en surpopulation dans des logements insalubres. Ils font du travail de première ligne et sont mal protégés.

Récemment, Monique Léger et Jo-An Audrey Jetté, directrice générale de PEYO, ont vu un groupe d’une quarantaine de travailleurs sans masques s’entasser dans un véhicule. « Je ne suis pas convaincue que ces gens vont protéger notre population », dit Monique Léger.

La mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Giuliana Fumagalli, reconnaît que le nerf de la guerre, c’est la communication. Des affiches et un envoi postal détaillant les ressources disponibles seront réalisés dans dix langues. À compter de samedi, des camions munis de haut-parleurs sillonneront les rues pour inciter les résidents à subir un dépistage. La clinique mobile devrait d’ailleurs faire une halte dans le quartier la semaine prochaine, dit-elle : « Les gens sont stressés et préoccupés. Notre rôle est de les rassurer. »

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