Un tramway pour Québec et un bout de ligne rose pour Montréal

Montréal a accepté que la Ville de Québec utilise son enveloppe de 800 millions de dollars des fonds fédéraux pour son projet de tramway. En échange, le gouvernement du Québec a promis de financer l’implantation d’un tramway entre le centre-ville de Montréal et Lachine, ce qui représente un premier tronçon de la ligne rose chère à la mairesse Valérie Plante. Le premier ministre François Legault refuse toutefois de s’engager à construire le reste de la ligne rose en souterrain.
« Grâce à cette collaboration, nous avons réussi à passer d’une situation où un projet de tramway était menacé, celui de Québec, à deux projets de tramway qui vont se réaliser, un à Québec et l’autre à Montréal », a déclaré la mairesse Plante lors d’une conférence de presse mercredi matin à Montréal en compagnie du président du Conseil du trésor, Christian Dubé, et de la ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau.
L’entente intervenue entre le gouvernement caquiste et les villes de Québec et de Montréal prévoit aussi l’ajout de portes palières sur les quais des stations de la ligne orange du métro, la création d’un centre d’attachement du secteur Nord-Ouest pour la ligne bleue et l’implantation d’un nouveau système de contrôle de trains sur la ligne bleue.
Un montant de 800 millions sera inscrit au Plan québécois des infrastructures (PQI) 2020-2030 pour la réalisation de l’ensemble de ces projets.
Études à venir
« Ç’a été un peu plus long qu’on pensait », a admis Christian Dubé. Depuis des mois, le gouvernement tentait de convaincre la mairesse Plante de renoncer aux 800 millions de fonds fédéraux destinés à la métropole pour ses projets de transport collectif afin de financer le tramway de Québec. Valérie Plante se faisait tirer l’oreille, car elle craignait que l’utilisation de ces fonds ne se fasse au détriment des projets de transport pour les Montréalais.
Québec ignore encore quel tracé suivra le futur système de transport vers Lachine, de même que l’échéancier ou la technologie qui seront retenus puisque le projet devra d’abord faire l’objet d’études de la part de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), a indiqué Christian Dubé. Mais il ne s’agira pas d’une ligne d’autobus ou d’un système rapide par bus (SRB) a assuré Valérie Plante. « On est tous d’accord qu’il faut du transport structurant, mais ça passe par du transport lourd ou mi-lourd », a-t-elle dit.
En campagne électorale, François Legault n’avait manifesté aucun intérêt pour le projet de ligne rose de la mairesse. En entrevue au Devoir mercredi, il a réitéré son opposition à la construction d’une ligne rose en souterrain. « Je n’ai pas changé d’idée sur la ligne rose. Il y a une partie « métro » sous terre qui, à notre avis, est trop coûteuse. Puis, il y a une partie hors terre [entre] le centre-ville et Lachine », a-t-il dit.
Il soutient toutefois que l’entente conclue est « gagnante-gagnante » à la fois pour Montréal et Québec. « On a une mairesse de Montréal qui est contente parce qu’on a accepté une partie de sa ligne rose, puis un maire de Québec qui est content parce qu’on a le plein financement de 3 milliards pour le tramway de Québec », a-t-il résumé.
Par voie de communiqué, le maire de Québec, Régis Labeaume, s’est réjoui de l’annonce faite à Montréal. « Cela permet de régler une étape importante dans la répartition des fonds de l’enveloppe fédérale pour le financement du transport en commun au Québec », a-t-il indiqué. « Je salue l’excellente négociatrice qu’a été Valérie Plante. Elle a permis aux Montréalais d’obtenir des gains considérables pour le transport en commun. »
Le chef de l’opposition à l’Hôtel de Ville, Lionel Perez, juge que ce sont le gouvernement caquiste et la Ville de Québec qui sortent gagnants de cette entente : « Le gouvernement peut aller de l’avant avec le tramway de Québec sans avoir à débourser de nouvelles sommes d’argent et sans s’engager formellement de façon concrète à plus de 800 millions de dollars dans le futur [pour Montréal] ».
M. Perez estime aussi qu'un flou demeure quant à la gestion du projet. « Qui va être le maître d’oeuvre de ce tramway de l’ouest ? Est-ce que ce sera l’ARTM, la STM ou la CDPQ Infra ? Si c’est la CDPQ Infra, ce sera un prolongement du REM de l’Est. »
Avec Marco Bélair-Cirino
Des portes palières pour la ligne orange
L’entente intervenue entre le gouvernement caquiste et les villes de Québec et Montréal permettra aussi de financer l’installation de portes palières dans plusieurs stations de la ligne orange du métro.Ces baies vitrées bordant les quais, qui comportent des portes s’ouvrant à l’arrêt des trains en station, visent à réduire les arrêts de services et à prévenir les tentatives de suicide.
La Société de transport de Montréal (STM) mènera un projet pilote, mais à terme, le président du conseil d’administration de la STM, Philippe Schnobb, souhaite que ces équipements soient déployés dans toutes les stations du réseau de métro.