Le recours aux pistolets électriques en hausse au SPVM

Le recours au pistolet impulsion électrique est de plus en plus fréquent au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). En 2018, les policiers l’ont utilisé à 383 reprises, révèle le rapport annuel du SPVM.
En 2015, cette arme — aussi connue sous le nom de Taser — avait été utilisée à 82 reprises, contre 112 fois en 2016 et 236 fois en 2017. L’an dernier, ce chiffre a grimpé à 383, mais dans la majorité des cas, soit dans 336 occasions, il était en mode « démonstration ». Le mode démonstration signifie que le policier a sorti l’arme sans effectuer de contact ou de projection. « C’est souvent suffisant pour calmer les gens », a fait remarquer le chef de police Sylvain Caron, mardi, lors de la présentation du rapport des activités du SPVM devant la Commission sur la sécurité publique.
Un seul contact et 46 projections avec cette arme ont été répertoriés. « Il y a plus d’armes à impulsion électrique disponibles pour nos policiers », a rappelé Sylvain Caron. « Mais ça me rassure de voir que les armes à impulsion électriques sont utilisées plutôt que des armes à feu. »
D’ailleurs, davantage de policiers ont suivi des formations en désescalade visant à calmer les tensions sur le terrain des interventions, a-t-il ajouté.
Rappelons que l’an dernier, le SPVM avait annoncé son intention de doter toutes les équipes de patrouille de pistolets électriques d’ici 2020.
Le rapport annuel du SPVM indique aussi que le nombre d’homicides a atteint 32 en 2018 sur le territoire montréalais, contre 24 en 2017.
Au chapitre de la circulation, trois cyclistes sont décédés à Montréal en 2018, soit un de moins que l’année précédente. Le nombre de cyclistes blessés gravement ou légèrement a aussi diminué l’an dernier par rapport à 2017.
En revanche, 18 piétons sont morts l’an dernier, contre 15 en 2017, et le nombre de blessés graves a grimpé à 87, contre 78 en 2017.
Critiques de l’opposition
Le conseiller de l’opposition Abdelhaq Sari se dit peu impressionné par le bilan global du SPVM depuis l’arrivée en poste de Sylvain Caron. « Il y a un manque d’alignement stratégique dans les actions du SPVM », a-t-il dit en évoquant plusieurs dossiers litigieux comme le profilage racial, le lien de confiance du public avec le service de police et la décision de la Ville de ne pas munir ses policiers de caméras portatives.
Il va plus loin en se demandant qui gouverne réellement le SPVM. « La commission de la sécurité publique et le conseil municipal n’ont pas toujours un mot à dire là-dessus parce qu’on n’écoute pas les citoyens », a-t-il avancé.
M. Sari critique aussi le processus qui a mené à la nomination de Sylvain Caron même s’il ne remet pas en question ses compétences. « Ç’a été fait sur un coin de table », a-t-il dit en rappelant que la candidature de M. Caron avait été suggérée par l’ancien directeur par intérim, Martin Prud’homme, lui-même placé à ce poste par le ministère de la Sécurité publique. Ni la Ville, ni conseil municipal ou les citoyens ont vraiment choisi leur chef de police, affirme-t-il.
Selon lui, les citoyens sont encore nombreux à être insatisfaits du traitement des dossiers de profilage racial et social et du manque de transparence des bureaux d’enquête.
Sylvain Caron assure que ses premiers mois à la direction du SPVM se passent bien et que la révision des processus au sein de l’organisation ainsi que l’élaboration d’un plan d’action ont permis de mobiliser les troupes.