Le coût des usines de compostage explose

Les cinq centres de compostage et de biométhanisation que Montréal compte construire pourraient coûter deux fois plus cher que prévu. Annoncés en 2013 au prix de 237 millions, ils nécessitent désormais des investissements de 523 millions.
Les chiffres publiés dans le programme triennal d’immobilisations (PTI) 2019-2021 déposé la semaine dernière par l’administration Plante-Dorais ont fait sursauter Bruce Walker, du groupe STOP, qui assistait mardi aux travaux de la commission des finances sur le budget de la Ville de Montréal.
Le PTI précédent, présenté au début de 2018, prévoyait que le centre de compostage de Saint-Laurent coûterait 65 millions. Sa facture a maintenant atteint 131,9 millions. À 89 millions initialement, le centre de biométhanisation de LaSalle est maintenant rendu à 143 millions. Quant au centre de compostage de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, son coût est passé de 46,8 millions à 90,7 millions.
L’été dernier, le quotidien The Gazette avait révélé que les soumissions déposées dans le cadre des appels d’offres pour les trois projets s’étaient avérées de plus de 50 % plus élevées que les estimations de la Ville. « Le processus décisionnel est en cours. Je ne peux pas dévoiler les raisons profondes des écarts de coûts sans donner des informations privilégiées contenues dans les propositions », a expliqué mardi le directeur du Service de l’environnement de la Ville, Roger Lachance.
La Ville de Beauharnois a elle aussi dû composer avec des prix beaucoup plus élevés que ceux escomptés, a indiqué le fonctionnaire en soulignant que Montréal devait construire ses usines en milieu urbain, ce qui nécessitait des exigences plus élevées, notamment en matière de gestion des odeurs.
« Est-ce qu’on va avoir les centres les plus dispendieux de l’univers ? Je ne pense pas. Mais on va avoir d’excellents centres de traitement », a-t-il dit.
Les projets seront aussi retardés. Le centre de biométhanisation de Montréal-Est entrera en activité en 2021, celui de LaSalle, en 2025 seulement. À l’origine, trois des cinq centres devaient entrer en activité en 2016.
Est-ce qu’on va avoir les centres les plus dispendieux de l’univers ? Je ne pense pas.
Membre de l’opposition, le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa, a recommandé à l’administration Plante de réviser les projets afin d’évaluer la pertinence de chaque élément. « Ça va compromettre nos engagements vis-à-vis du développement durable et de notre capacité à atteindre les objectifs de réduction des déchets. Il pourrait y avoir des coûts additionnels », a-t-il fait remarquer.
Le responsable de l’environnement au comité exécutif, Jean-François Parenteau, s’est dit d’accord avec ces observations. Il a assuré que la réflexion se poursuivait à la Ville.
« On prévoit d’aller de l’avant avec le projet de Saint-Laurent et Montréal-Est. Mais le projet de RDP–PAT sera retardé », a dit M. Parenteau au Devoir.
La Ville prévoit aussi de construire deux centres pour le recyclage, l’un à Lachine pour 2019 au coût de 4,4 millions et l’autre dans l’est de l’île pour 2024 au coût de 66,1 millions. Au printemps dernier, Montréal avait dû verser 29,2 millions à Rebuts solides canadiens pour l’aider à traverser la crise du recyclage.
Les nouvelles usines seront plus performantes que le centre de tri actuel, a précisé Jean-François Parenteau, qui souhaite toutefois que la consigne soit étendue à certains contenants de verre et aux bouteilles de vin.