L’administration Plante promet de la qualité aux cyclistes

La qualité avant la quantité. Tel est le credo de l’administration Plante au sujet des aménagements cyclistes à Montréal.
Au cours de la prochaine année, 15 millions seront investis pour la réalisation de 33 kilomètres de voies cyclables.
Ainsi, pour 2018-2019, Montréal mettra en chantiers quarante-huit projets de nouvelles voies et la mise à niveau de quatre infrastructures existantes. Le tiers des projets concernent des pistes protégées, c’est-à-dire que les voies ne se limitent pas à des bandes peintes au sol, mais comportent des aménagements séparés de la chaussée. Les projets sont répartis dans seize arrondissements et quatre villes liées.
Selon la responsable du transport actif au comité exécutif, Marianne Giguère, l’administration Plante est en année de transition dans ce dossier. « C’est un virage qui s’amorce aujourd’hui, basé non plus sur l’ajout simple de kilomètres au réseau cyclable, mais sur l’objectif de convaincre de nouvelles personnes de faire du vélo et de sécuriser celles qui le font déjà, a-t-elle expliqué. C’est beaucoup une question de qualité des aménagements. »
Rappelons que l’administration de Denis Coderre misait sur l’ajout annuel de 50 kilomètres de nouvelles pistes.
Le Réseau express
Outre le projet de piste cyclable sur l’avenue des Pins, qui reliera l’avenue du Parc au parc La Fontaine et dont faisait état Le Devoir dans son édition de jeudi, Montréal mettra aux normes la piste cyclable Clark, le long de laquelle des arbres seront plantés.
La Ville prolongera aussi la piste du boulevard De Maisonneuve vers l’est jusqu’à la rue du Havre — de manière transitoire en attendant des aménagements permanents. Une piste cyclable sera construite sur le site du nouveau Campus Outremont.
Dans l’est de l’île, la piste du boulevard Maurice-Duplessis sera prolongée.
Montréal doublera le nombre de ses vélos et testera sur certaines voies des séparateurs temporaires — de meilleure qualité que les bollards verts utilisés à l’heure actuelle — afin de rendre les bandes cyclables accessibles même en hiver.
Quant au Réseau express vélo (REV), promis par Projet Montréal en campagne électorale, le projet est à l’étape de planification, l’administration souhaitant d’abord mener une consultation à ce sujet. Rappelons que le REV consiste en l’aménagement de 140 kilomètres de voies cyclables sécurisées sur de grands axes qui restent à déterminer. La rue Saint-Denis fait partie des artères envisagées pour accueillir le REV, a cependant reconnu Marianne Giguère.
L’administration souhaite augmenter la part modale du vélo à 15 % dans 10 ans. À l’heure actuelle, le vélo représente 2,5 % des déplacements dans l’agglomération de Montréal, selon l’enquête Origine-Destination de 2013.
La qualité des kilomètres
Les associations de cyclistes ont salué les annonces faites par l’administration.
« C’est une excellente nouvelle. Parce que ce n’est pas tant le nombre de kilomètres qui est important que la qualité des kilomètres », a commenté la p.-d.g. de Vélo Québec, Suzanne Lareau.
« On sait que le principal frein à l’utilisation du vélo au quotidien pour aller travailler ou étudier, c’est le fait de ne pas se sentir en sécurité dans les rues. Cette nouvelle tendance va vraiment contribuer à améliorer le réseau cyclable. »
Mais selon Mme Lareau, le centre-ville demeure encore inhospitalier pour les cyclistes, et elle espère que l’administration s’y attaquera dès l’an prochain.
De son côté, la Coalition vélo de Montréal se dit encouragée par l’approche de la nouvelle administration, au pouvoir depuis sept mois.
« Un tiers des nouvelles pistes cyclables prévues en 2018 seront protégées et la sécurité de quelques pistes non protégées existantes sera améliorée », a-t-on souligné. La Coalition ne croit cependant pas que les sept pistes protégées envisagées pour le REV suffiront à faire grimper la part modale du vélo à 15 %, « mais c’est un bon départ », croit-elle.
Les propositions de l’administration plaisent aussi à Pierre Rogué, instigateur de la campagne « Une porte une vie ». Il souligne particulièrement le projet de piste sur l’avenue des Pins et la mise au niveau de la piste Clark avec la plantation de nombreux arbres. « Mais là où j’ai une frustration, c’est qu’on ne réalise pas la piste sur le boulevard Rosemont », dit-il.
M. Rogué relate avoir travaillé sur ce projet avec la précédente administration, mais les appels d’offres devaient être lancés en janvier, ce qui n’a pas été fait, déplore-t-il.