La voie cyclable sur Laurier Ouest retirée des plans

Les cyclistes ne seront finalement plus les bienvenus sur l’avenue Laurier Ouest, à Montréal. La voie cyclable qui devait être aménagée entre le Chemin de la Côte-Sainte-Catherine et l’avenue du Parc, n’est plus à l’ordre du jour, a appris Le Devoir.
« Une voie cyclable était effectivement prévue sur Laurier Ouest. Toutefois, la Ville a été à l’écoute des commerçants et a décidé de ne pas aller de l’avant avec ce projet », a indiqué la Ville de Montréal, sans ajouter plus de détails sur sa décision de faire avorter le projet.
En août 2015, l’administration Coderre avait annoncé que, dans le cadre de la réfection de l’avenue Laurier — qui aura des trottoirs élargis et un nouveau mobilier urbain —, un espace de 1,5 mètre entre la chaussée et le trottoir serait réservé à la mise en place d’une voie cyclable.
Des plans d’aménagement proposés par la Ville en décembre 2016 l’envisageaient encore.
À un an de la fin des travaux, ni l’arrondissement d’Outremont ni les organismes consultés pour le projet n’ont été prévenus du revirement de situation.
L’Association des commerçants de l’avenue Laurier Ouest a toutefois bien accueilli la nouvelle. « On n’est pas contre les pistes cyclables ou les cyclistes, au contraire, on trouvait ça dangereux pour eux », affirme le directeur général, Louis-David Malo. L’association avait notamment déposé un mémoire proposant de déplacer la voie cyclable sur le boulevard Saint-Joseph Ouest, juste à côté.
Si on prévoit l’espace, pourquoi ne pas faire la voie cyclable ? Ils manquent de peinture ?
D’après M. Malo, l’agrandissement des trottoirs sur ce tronçon risquait de créer davantage d’accidents en réduisant l’espace pour les voitures et les cyclistes. « C’est une avenue commerciale, alors beaucoup de véhicules passent, et avec la pente prononcée les cyclistes arrivent vite de Côte-Sainte-Catherine. C’est plus risqué lorsqu’on ouvre une portière. »
Mais le projet ne semble pas enterré à jamais, puisque la Ville précise que « dans le cadre des travaux d’aménagement et de voirie [elle] a tenu compte de la possibilité qu’une voie cyclable y soit aménagée ». Techniquement, l’avenue Laurier pourrait donc accueillir cette piste cyclable un jour, sans demander de travaux majeurs.
Déception et incompréhension
La nouvelle a soulevé une vague d’étonnement et de déception auprès d’organismes faisant la promotion du vélo et au sein de l’opposition à l’Hôtel de Ville.
La chef de Projet Montréal, Valérie Plante, estime que la sécurité des cyclistes devrait être une priorité pour le maire alors qu’un « énième accident mortel impliquant une cycliste est survenu récemment ».
« C’est inacceptable ! Je n’en reviens pas ! L’administration se targue [de diriger] une ville ayant à coeur la sécurité des cyclistes […] mais Denis Coderre parle à travers son chapeau, il prouve qu’il ne comprend pas la Vision zéro », déplore-t-elle.
Même son de cloche du côté de la Coalition Vélo de Montréal. « C’est dommage de voir que les intérêts locaux d’un groupe de commerçants priment la sécurité des cyclistes, note le porte-parole, Daniel Lambert. Ça me choque de la part de la Ville, qui voudrait faire reconnaître Montréal à l’échelle internationale comme une ville de vélo. »
La Ville soutient toutefois qu’en dépit du rétrécissement de la chaussée les vélos pourront circuler en toute sécurité. « Si le besoin de sécuriser davantage se faisait sentir, ce nouvel aménagement le permettrait. »
« Si on prévoit l’espace, pourquoi ne pas faire la voie cyclable ? Ils manquent de peinture ? » a vivement réagi de son côté Magali Bebronne, de Vélo Québec.
À ses yeux, les vélos sont de plus en plus utilisés pour faire passer des projets comme « exemplaires » auprès de la population pour ensuite disparaître des plans. « C’est comme avec la dalle-parc, un beau projet qui allait relier le quartier à pied et à vélo, finalement abandonné. »
Les deux organismes espèrent faire changer la Ville d’opinion, un espace pour une voie cyclable étant toujours prévu dans les travaux.