De colorés «Bonjour» pour les taxis montréalais

Les coûts d’habillage s’étendent de 700 $ pour une voiture déjà blanche à quelque 2000 $.
Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir Les coûts d’habillage s’étendent de 700 $ pour une voiture déjà blanche à quelque 2000 $.

Montréal veut ses taxis à elle, reconnaissables, comme ceux tout noirs de Londres ou les flambant jaunes de New York ; des taxis aux toits et capots colorés — en rouge pour les chauffeurs indépendants, en vert pâle pour Téo, peut-être en jaune ou bleu franc pour d’autres compagnies, selon ceux qui voudront suivre —, ornés d’un francophone « Bonjour » sur les portières.

Une image de marque, indiquait le maire de Montréal, Denis Coderre, lors du lancement dimanche, comme une des étapes « pour revitaliser l’industrie », en proposant « des taxis qui se distinguent ». Et qui se démarquent surtout complètement des voitures Uber.

Douze voitures arborent déjà le nouveau look, sur les quelque 4500 taxis qui quadrillent Montréal. L’adoption de la nouvelle signature, qui semble copiée — sauf ce « Bonjour » qui se rajoute — sur le design des voitures de Téo Taxi, sera volontaire et à la charge des chauffeurs ou des intermédiaires. Les coûts d’habillage s’étendent de 700 $ pour une voiture déjà blanche à quelque 2000 $. « On n’impose rien pour l’instant », a précisé M. Coderre, espérant tout de même visiblement un déploiement qui puisse être remarqué.

« Il faut que l’industrie se réinvente et, une des façons d’améliorer le service client, c’est par l’image de marque, a ensuite poursuivi le maire en point de presse. Et c’est pas juste un changement de peinture ! Ça passe aussi par une nouvelle plateforme technologique. La géolocalisation, qui va permettre d’aller très rapidement et d’être à la page. Faut que ça soit vite, bien, poli, propre ! » Cette nouvelle plate-forme technologique, qui fonctionnera par données ouvertes, devrait être lancée dans quelque trois mois, selon Renaud Beauchemin, du Bureau du taxi de Montréal.

Premières impressions

 

Le Comité provincial de concertation et de développement de l’industrie du taxi (CPCDIT) suit le maire dans cette démarche, même si l’investissement cosmétique demandé aux chauffeurs, sans aide financière possible pour l’instant, reste en travers de la gorge des 6000 détenteurs de permis de taxi que représente le groupe. « Le changement que demande le maire, c’est sûr, c’est un bon changement, a indiqué le président du CPCDIT, Georges Tannous, en entrevue au Devoir. Une initiative comme ça montre qu’on considère le taxi, qu’on le voit comme une façade de la ville. » Les intervenants répétaient d’ailleurs, lors de la conférence de presse, que les taxis sont des « ambassadeurs de Montréal », et souvent les « premières et dernières impressions » laissées au visiteur.

« C’est bien, poursuit M. Tannous. Mais comme on le répète, notre problème à Montréal, c’est la compétition déloyale qu’apporte Uber, et le fait que le permis de taxi est en chute libre. Donc les chauffeurs n’ont pas les moyens de payer, même si c’est bien que la nouvelle mesure soit appliquée au fur et à mesure, de manière volontaire. On pourra attendre le prochain changement de voiture pour acheter du blanc, ça coûtera beaucoup moins cher que de maquiller l’auto. »

Alexandre Taillefer, associé principal de Taxelco (Téo Taxi, Taxi Hochelage et Diamond), s’est dit « très content » de l’initiative. « On a déjà mis “Bonjour” sur cinq de nos voitures Téo ; ça coûte 400 ou 500 $ par voiture, Téo paye pour ça. L’industrie du taxi globalement va gagner si on est capables de démontrer qu’on offre un service de qualité ; tout ce qui est en compétition avec la voiture individuelle, ou avec un autre mode de transport, c’est bien accueilli de notre côté. » Cette nouvelle image lui semble donc une manière claire de se démarquer d’Uber ? « Absolument. On encourage aussi l’utilisation du Bixi et du transport en commun : notre vrai ennemi, c’est l’utilisation d’une voiture individuelle en ville. »

Uber n’a pas répondu aux questions du Devoir avant l’heure de tombée.

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