Les Forges de Montréal ne seront pas expulsées

Après un an d’incertitude, les Forges de Montréal ont appris qu’elles pourront demeurer dans leurs locaux de la rue Riverside. La Ville de Montréal a retiré l’avis d’expulsion expédié en février 2016 et se dit prête à négocier un nouveau bail.
Au bout du fil, Mathieu Collette est soulagé. L’année qui vient de s’écouler a été fort pénible pour lui et l’organisme sans but lucratif qu’il a fondé il y a 16 ans. Formé en France auprès d’un maître forgeron, Mathieu Collette tentait depuis des mois de convaincre la Ville de renoncer à chasser les Forges de Montréal de l’immeuble qu’elles occupent depuis des années à l’ombre de l’autoroute Bonaventure. « On ne voulait pas aller devant les tribunaux parce que ça aurait été trois ans de plus à vivre dans l’incertitude », explique-t-il.
L’organisme, qui dispose des équipements nécessaires à la pratique traditionnelle des travaux de ferronnerie, offre des formations aux apprentis forgerons et accueille des visiteurs afin de les sensibiliser au savoir-faire traditionnel.
Mais en février 2016, la Ville a fait parvenir aux Forges un avis d’expulsion, leur reprochant de ne pas avoir respecté l’une des clauses du contrat de location signé en 2006, qui les obligeait à investir au moins 1 million dans la restauration du bâtiment. Les Forges ont investi quelque 500 000 $ pour retaper l’immeuble, mais pas la somme totale requise.
Des préjudices
Le cabinet du maire Coderre a confirmé au Devoir lundi soir que la menace d’expulsion des Forges était levée et que le Service de la gestion et planification immobilière de la Ville entreprendrait des pourparlers pour signer un nouveau bail.
Les Forges pourront donc poursuivre leurs activités. Mathieu Collette estime toutefois que la menace d’expulsion a causé d’importants préjudices à son organisme. Les locataires qui occupaient une partie des locaux ont quitté les lieux, et Mathieu Collette a dû renoncer à son salaire et s’endetter pour faire fonctionner les Forges.
M. Collette n’écarte pas l’idée de tenter de faire l’acquisition du bâtiment construit en 1887. Première station de pompage de Montréal, l’immeuble est de propriété municipale, mais il se trouve sur un terrain appartenant à l’Administration portuaire de Montréal.
Les Forges de Montréal ont reçu de nombreux appuis tout au long de cette saga, dont celui d’Héritage Montréal, qui avait pressé la Ville de protéger non seulement le patrimoine bâti, mais également le patrimoine immatériel.
« Il s’agit bien d’un bâtiment municipal d’intérêt patrimonial et la recommandation internationale pour la sauvegarde du patrimoine bâti est de leur trouver un usage compatible, ce qui est bien le cas avec Les Forges de Montréal, avait fait valoir Dinu Bumbaru en juillet dernier. Un bâtiment patrimonial municipal abandonné n’est pas [plus avantageux] qu’un contrat détourné. »