Coderre défend son intégrité

Selon le maire Denis Coderre, les partis politiques ne devraient pas exister dans la sphère municipale.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Selon le maire Denis Coderre, les partis politiques ne devraient pas exister dans la sphère municipale.

Au lendemain des révélations sur les contributions illégales versées par la firme SNC-Lavalin aux partis politiques fédéraux, le maire Denis Coderre a assuré que le financement dans son ancienne circonscription de Bourassa avait été conforme aux « règles de l’art ».

Jeudi, le commissaire aux élections fédérales a levé le voile sur les aveux de SNC-Lavalin, qui a reconnu avoir versé 109 615 $ au Parti libéral du Canada (PLC) entre mars 2004 et mai 2011 en utilisant un stratagème de prête-noms. La firme a également admis avoir fait des dons totalisant 8187 $ au Parti conservateur en recourant à la même technique, qui consiste à obtenir d’employés ou de leurs conjoints qu’ils signent un chèque aux partis pour être par la suite remboursés par l’entreprise.

Ancien fief de Denis Coderre à l’époque où il siégeait à la Chambre des communes (de 1997 à 2013), Bourassa fait partie des quatre circonscriptions québécoises à avoir bénéficié de ce financement illégal. L’association libérale de Bourassa a reçu 1000 $ de SNC-Lavalin, alors que celle d’Outremont a touché 6000 $, et celle de Sherbrooke, 5000 $. Un montant de 12 529 $ a aussi été acheminé aux quatre principaux candidats à la chefferie de 2006, dont 1700 $ à l’actuel ministre Stéphane Dion. Précisons que ces sommes ont été remboursées depuis.

Je n'ai pas fait 35 ans de vie politique pour perdre une carrière pour 100$ ou 200$

 

« J’ai toujours fait les choses dans les règles de l’art, et l’association [libérale de Bourassa] a toujours travaillé en ce sens. Il faudrait peut-être poser des questions à SNC-Lavalin », a commenté le maire Coderre vendredi, en marge du Forum mondial de l’économie sociale, qui s’est tenu toute la semaine au Palais des congrès de Montréal.

Transparence

 

Questionné sur les mesures prises par Équipe Denis Coderre, le parti qu’il a créé pour briguer la mairie de Montréal, afin d’éviter que des entreprises aient recours au stratagème de prête-noms, le maire a rétorqué que sa formation politique était celle qui faisait preuve de la plus grande transparence dans l’arène municipale. « Contrairement à d’autres partis qui existent au niveau municipal, on a toujours été publics et transparents, non seulement sur les donateurs, mais sur les solliciteurs, a-t-il dit. Nous, on donne tout, contrairement à l’opposition, qui a mis beaucoup de temps pour mettre à jour sa liste des donateurs », a-t-il ajouté au sujet de Projet Montréal.

Rappelons qu’en 2013, le plafond des contributions permises pour les partis municipaux est passé de 1000 à 300 $ et que le nom de l’employeur du donateur est dorénavant exigé.

« Je n’ai pas fait 35 ans de vie politique pour perdre une carrière pour 100 $ ou 200 $, a poursuivi M. Coderre. On s’est donné les outils pour combattre la corruption et la collusion. C’est moi qui ai créé le poste d’inspecteur général. On s’est assuré que la fierté puisse revenir à Montréal. »

Selon le maire Coderre, les partis politiques ne devraient pas exister dans la sphère municipale. Mais si l’on juge que le financement public des partis est problématique, Québec devrait songer à les financer davantage en fonction du nombre de votes obtenus aux élections, dit-il.

La réputation de SNC-Lavalin a été fort entachée au cours des dernières années. La commission Charbonneau avait permis d’établir que la firme avait versé près de 1,5 million en contributions illégales au Parti libéral du Québec, au Parti québécois, ainsi que sur la scène municipale de 1998 à 2010. La firme a déjà fait savoir son intention de participer au programme québécois de remboursement volontaire.

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