La ligne bleue dans l’ombre du train électrique

Le prolongement de la ligne bleue du métro a beau être prioritaire pour le gouvernement du Québec, il ne se réalisera probablement qu’après le nouveau train électrique de la Caisse de dépôt et placement (CDPQ) prévu pour la fin de 2020.
En février dernier, le ministre québécois des Transports, Jacques Daoust, avait laissé entendre qu’une annonce concernant la ligne bleue était imminente. Mais alors qu’il participait à un forum sur les transports organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain vendredi, le ministre Daoust paraissait moins pressé. Il a indiqué que Québec devrait obtenir du financement fédéral avant de lancer le projet. « D’ici un an, on devrait avoir pris une décision », a-t-il expliqué.
Attendu depuis trois décennies, le prolongement de la ligne bleue du métro a-t-il été relégué dans l’ombre par le projet de service léger sur rail (SLR) de la Caisse de dépôt ? Jacques Daoust assure que non. « Il ne faut pas les mettre en opposition », a-t-il affirmé, réitérant que la ligne bleue demeurait une priorité pour le gouvernement.
Plus tard dans la journée, il a finalement précisé que la décision pourrait être prise plus tôt, advenant la confirmation rapide d’un engagement fédéral.
Creuser en tunnel comporte des inconnus, tels que la présence de sols contaminés ou d’infrastructures souterraines, ce qui explique que le SLR de la Caisse de dépôt pourrait être en service avant le segment de la ligne bleue vers Anjou. De son côté, le président du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal (STM), Philippe Schnobb, a précisé qu’il fallait compter quatre ans de travaux après la première pelletée de terre, mais qu’auparavant, il fallait prévoir au moins un an pour la confection de plans et devis.
Le maire d’Anjou, Luis Miranda, ne se fait plus d’illusions. L’est a été laissé pour compte au profit de l’ouest de l’île avec l’arrivée du projet de SLR. « En tenant compte des échéanciers nécessaires, on aura peut-être le métro à Anjou en 2026 ou 2027 », se désole-t-il.
Le financement
La réalisation des projets de transport collectif est tributaire du financement fédéral. Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a précisé que les deux projets montréalais se qualifieraient pour la phase 2 du programme d’infrastructures qui sera mis en oeuvre à compter de 2019.
Or, selon Macky Tall, président de CDPQ Infra, la réponse d’Ottawa ne pourra tarder. « Les discussions se poursuivent avec le gouvernement fédéral, a-t-il dit. Il nous faudrait avoir cette confirmation d’ici la fin de cette année pour pouvoir aller de l’avant avec le projet. »
Présent aussi au palais des congrès, le ministre fédéral de l’Infrastructure, Amarjeet Sohi, croit toutefois que les projets montréalais pourraient recevoir du financement plus rapidement. « Le prolongement de la ligne bleue et le projet de la Caisse pourraient avancer en utilisant des fonds de la phase 1 pour des travaux préparatoires et d’ingénierie », a-t-il déclaré.
Le milieu des affaires et Uber
Le projet de loi sur le transport rémunéré du ministre québécois des Transports, Jacques Daoust, qui risque de chasser Uber du Québec, inquiète le milieu des affaires. Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, craint que cela envoie un mauvais message aux entreprises innovantes qui pourraient être rebutées par des règles trop rigides. Il importe que le gouvernement s’assure du paiement des taxes et d’impôts, mais il doit être prudent, a-t-il dit. « En maintenant le système de quotas [des taxis], le projet de loi pourrait créer un environnement moins propice à l’innovation. On veut que le ministre Daoust maintienne la trajectoire sur un service à l’avantage du client », a expliqué M. Leblanc.Le maire Denis Coderre, qui, plus tôt cette semaine, s’était montré indifférent au départ possible d’Uber et avait dit « Bye bye » à l’entreprise, a balayé les appréhensions des gens d’affaires : « Il y a peut-être une ou deux personnes [de la communauté des affaires] qui ont parlé. Vous me les enverrez. On va ventiler ensemble. »