Pierrefonds n’a pas à sacrifier ses milieux naturels pour se développer

Le parc-nature de l'Anse-à-l'Orme, à Pierrefonds
Photo: Ville de Montréal / CC Le parc-nature de l'Anse-à-l'Orme, à Pierrefonds

Opposé au projet immobilier Cap Nature à Pierrefonds-Ouest, le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Montréal est d’avis que la Ville devrait privilégier la revitalisation et la densification d’autres secteurs de l’arrondissement Pierrefonds-Roxboro plutôt que de favoriser un développement immobilier empiétant sur des milieux naturels.

Dans une étude qu’il vient de publier, le CRE a recensé quatre secteurs de l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro où il serait possible de faire du développement résidentiel. Le secteur présentant le plus de potentiel est celui de l’îlot Saint-Jean où 1687 logements pourraient être construits, calcule le CRE. Les zones entourant les gares de train Sunnibrook et Pierrefonds-Roxboro, et celle à proximité de la future gare du Cheval blanc offrent aussi la possibilité de réaliser du développement immobilier.

Dans certains cas, les terrains appartiennent à la Ville de Montréal ou à l’Agence métropolitaine de transport (AMT), celle-ci les utilisant notamment pour du stationnement, alors que d’autres sont la propriété d’intérêts privés. Le CRE estime ainsi qu’un total de 2387 logements pourraient être construits dans les quatre zones visées, une évaluation jugée prudente par l’organisme.

« Notre objectif, c’est de faire la démonstration que, si la Ville veut continuer à se développer dans Pierrefonds, elle peut le faire beaucoup plus intelligemment et en respectant des principes qu’elle a elle-même édictés en matière de densification, de transport collectif et de revitalisation des quartiers », explique Coralie Deny, directrice générale du CRE.

Cap Nature

 

Rappelons que le maire Denis Coderre s’est déjà montré favorable à la réalisation du projet de Cap Nature qui prévoit la construction de 5500 logements à Pierrefonds-Ouest sur d’anciennes terres agricoles d’une superficie de 185 hectares. Les cinq promoteurs immobiliers qui sont propriétaires de ces terrains entendent par ailleurs céder 180 hectares à la Ville pour permettre leur conservation et agrandir le parc-nature de l’Anse-à-l’Orme. Le projet immobilier doit se réaliser par phases selon un échéancier de dix ans.

Coralie Deny estime qu’en privilégiant le projet Cap Nature, la Ville va à l’encontre des orientations du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) adopté par les élus en 2011 et de son Schéma d’aménagement.

« Pour un promoteur, c’est tellement plus facile d’aller dans un ancien golf, un milieu naturel ou une ancienne terre en friche parce qu’il n’y a pas de décontamination à faire et rien à démolir », signale Mme Deny.

Le rapport d’analyse souligne que le projet Cap Nature fera disparaître des terrains d’une valeur écologique importante et rappelle que ceux-ci ne sont dotés d’aucune infrastructure de transport collectif. « Le projet de plus de 5000 logements ne va pas dans le sens d’une densification intelligente, d’une consolidation des secteurs autour des pôles de transport collectif et de la protection et mise en valeur des milieux naturels », conclut le rapport.

Moratoire rejeté

 

Le projet Cap Nature suscite une vive controverse depuis des mois. Le 4 avril dernier, la conseillère Justine McIntyre, du parti Vrai Changement pour Montréal, a présenté une motion au conseil d’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro demandant un moratoire sur le développement immobilier de ce territoire.

L’arrondissement comptant cinq élus, dont trois pour Équipe Denis Coderre et deux pour le Vrai changement, la motion a été rejetée.

Le projet Cap Nature « donne lieu à des discours passionnés et parfois alarmistes sur l’impact environnemental », a fait valoir le maire de Pierrefonds-Roxboro, Jim Beis, en expliquant que, selon lui, il était prématuré de se prononcer sur le projet et que le zonage permettait le développement résidentiel.

Plusieurs informations manquent toujours, dont celles concernant les impacts environnementaux et les coûts des infrastructures requises, a signalé le maire Beis. Il a également indiqué son intention de documenter plusieurs scénarios, dont celui de racheter et d’exproprier les terrains.

Les citoyens auront l’occasion de s’exprimer à l’automne puisque le projet sera étudié par l’Office de consultation publique de Montréal, a-t-il dit.

À voir en vidéo