Trop de condos le long du canal de Lachine?

Majoritaires au conseil d’arrondissement du Sud-Ouest, les quatre élus de Projet Montréal ont refusé mardi soir de donner le feu vert à un projet immobilier le long du canal de Lachine.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Majoritaires au conseil d’arrondissement du Sud-Ouest, les quatre élus de Projet Montréal ont refusé mardi soir de donner le feu vert à un projet immobilier le long du canal de Lachine.

Au cours des dernières années, les projets de condominiums se sont multipliés aux abords du canal de Lachine. Estimant qu’il faut mettre fin au développement anarchique dans ce secteur, Projet Montréal réclame qu’un exercice de planification soit mis en place.

Majoritaires au conseil d’arrondissement du Sud-Ouest, les quatre élus de Projet Montréal ont refusé de donnerle feu vert à un projet immobilier mardi soir. Le maire Benoit Dorais était absent de cette assemblée.

Le projet situé au 2155-2175, rue Saint-Patrick prévoit ladémolition d’un bâtiment existant et la construction d’un immeuble de six étages comportant 185 condos et 77 logements sociaux, ainsi que des espaces à vocation communautaire et des bureaux.

Ce projet est adjacent au Myst, un imposant complexe comportant quelque 150 unités. Le terrain appartient à une compagnie à numéro détenue notamment par le promoteur Patrick Varin, qui a aussi réalisé dans le secteur un autre projet, baptisé « Le Canal ».

Murs de condos

 

« Projet Montréal est pour la densification des quartiers centraux de Montréal, mais pas à n’importe quel prix et pas n’importe comment », a expliqué le conseiller Craig Sauvé, qui craint que le canal soit éventuellement bordé de « murs de condos ».

Avec ses collègues, il demande qu’un exercice de planification soit lancé de manière à ce que les autorités municipales aient une vue d’ensemble du développement immobilier dans ce secteur et puissent décider, avec les citoyens, comment la densification doit être faite en tenant compte des enjeux de transport et des services. « Il n’y aura pas de blocage systématique, mais autour du canal, on dit qu’il faut faire une pause, et on va travailler à ce qu’il y ait une planification », a-t-il indiqué.

Le projet de la rue Saint-Patrick comporte plusieurs qualités, dont celle d’inclure des logements sociaux, mais autoriser les projets à la pièce représente des risques, croit le chef de Projet Montréal, Luc Ferrandez : « Ça donne un quartier de grands projets immobiliers très chers le long du canal, et le reste du quartier ne bénéficie d’aucune manière de ce développement. »

Dogmatisme?

Par voie de communiqué, le maire Benoit Dorais a qualifié de « dogmatique » l’attitude des élus de Projet Montréal qui mettent en péril 77 logements sociaux et communautaires. Il reproche à l’opposition de présenter le projet uniquement comme des condos de luxe, alors que dans les faits, il comporte 30 % de logements sociaux.

M. Dorais a souligné que depuis que Projet Montréal détient la majorité au conseil d’arrondissement, soit depuis 2013, aucun logement social ou communautaire ne s’est construit dans l’arrondissement. Les revenus liés aux permis de construction ont aussi chuté, passant de 2,7 millions en 2013 à 1,6 million au cours des deux dernières années. « Le mot se passe parmi les architectes et les investisseurs qu’il n’y a plus moyen de construire dans le Sud-Ouest », soutient-il.

De son côté, la directrice générale du RIL-Socam (Regroupement Information Logement et Société d’amélioration de Pointe-Saint-Charles), Murielle Sauvé, a indiqué que son organisme avait déposé quelque 600lettres d’appui au projet signées par des résidants de Pointe-Saint-Charles. « Cela fait des mois et des mois que les élus de Projet Montréal nous assurent que ça avance. Ils posent des questions, demandent des changements, etc. J’ai aujourd’hui l’impression de m’être fait mener en bateau et que jamais ils n’ont voulu aller de l’avant. »

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