Le «Club Med» de la Ville encore garni

Le « Club Med » (pour « employés mis en disponibilité ») de la Ville de Montréal compte encore un nombre élevé de cadres qui n’occupent pas des fonctions correspondant à leur rémunération, a constaté Projet Montréal, qui reproche à l’administration Coderre de ne pas avoir réussi à endiguer le problème.
Selon des données obtenues auprès de la Ville par l’opposition grâce à la Loi sur l’accès à l’information, 76 cadres étaient considérés « en disponibilité » le 3 juillet dernier, contre 65 en 2013 et 83 en 2014. Comme ils gagnent en moyenne 108 000 $ par année, Projet Montréal estime que les Montréalais paient 8,2 millions pour des employés dont les capacités ne sont pas exploitées à leur pleine mesure. Certains d’entre eux touchent un salaire pouvant aller jusqu’à 136 000 $ ou 168 000 $ annuellement, note Projet Montréal.
Postes permanents
De 76 cadres en disponibilité, 48 le sont depuis trois ans, souligne la conseillère Laurence Lavigne Lalonde. Certains ont peu de tâches à effectuer en attendant d’être réaffectés, alors que d’autres sont mis sur des mandats, dit-elle.
« Quand le maire Coderre avait été élu, il disait qu’il y avait trop de monde à la Ville. Il a voulu régler ça avec son Plan quinquennal de la main-d’oeuvre, mais la réalité l’a rattrapé, car il y a des conventions collectives et des planchers d’emploi dans certains cas », a commenté la conseillère.
Selon elle, l’administration Coderre devra mettre davantage d’efforts pour réintégrer ces cadres dans d’autres fonctions : « Ces employés ne sont sûrement pas contents de se retrouver dans ce Club Med. » Et l’administration devrait faire appel à eux avant d’embaucher des ressources externes comme le consultant payé à 1800 $ par jour pour l’accueil des réfugiés, ajoute Mme Lavigne Lalonde.
Précisons que certains des cadres de la Ville embauchés avant 2002 bénéficient d’une sécurité d’emploi, car ils ont un poste permanent, alors que les autres ne profitent pas d’une telle protection.
Tout le monde travaille
Le président du comité exécutif, Pierre Desrochers, soutient que les données obtenues par l’opposition ne reflètent pas tout à fait la réalité, car elles tiennent compte de cadres en invalidité ou qui écoulent leur banque de vacances.
Il insiste pour dire que l’administration n’a pas ménagé ses efforts pour remédier à la situation. « C’est l’un des premiers projets sur lesquels on s’est penchés. On a demandé que l’administration apporte les correctifs requis », explique-t-il.
Entre le 1er janvier et le 18 décembre 2015, l’administration a réduit de 44 % les effectifs d’employés (cadres et syndiqués) en disponibilité, faisant passer leur nombre de 233 à 131, signale-t-il.
Il reste néanmoins 72 cadres en disponibilité, admet-il : « Mais ce sont tous des cadres qui sont occupés. Ils sont au travail, sur des projets spéciaux, ou ils sont réaffectés selon leurs compétences, mais il n’y a personne qui, au moment où on se parle, est à la maison à ne rien faire. »
Le talent
L’administration souhaite réduire de 25 % le nombre d’employés en disponibilité au cours de la prochaine année. La Ville dispose d’un « cadre de gestion » afin de replacer les employés selon leurs compétences, soutient M. Desrochers.
« À une certaine époque, les gens mis en disponibilité étaient presque stigmatisés, mais ce n’est plus le cas. Les gens ont des compétences. Parfois, ils sont victimes d’une réorganisation, mais il y a encore du talent. Il faut utiliser ce talent-là », avance-t-il.
Selon M. Desrochers, il est inévitable que la Ville compte des employés en disponibilité. « Une ville, ça bouge, c’est organique », dit-il, tout en précisant que les cadres bénéficiant de postes permanents seront de moins en moins nombreux à mesure que le temps avance.
Quand le maire Coderre avait été élu, il disait qu’il y avait trop de monde à la Ville. Il a voulu régler ça avec son Plan quinquennal de la main-d’œuvre, mais la réalité l’a rattrapé car il y a des conventions collectives et des planchers d’emploi dans certains cas.