Poëti et Coderre accusés de mal protéger le patrimoine

Le ministre des Transports, Robert Poëti, et le maire de Montréal, Denis Coderre, ont dû se défendre d’avoir permis aux bulldozers de raser les vestiges du Village des Tanneries, sous l’échangeur Turcot samedi. Le ministère des Transports (MTQ) n’a pas agi « en catimini », a affirmé le ministre Poëti en réplique aux accusations des partis d’opposition à l’Hôtel de Ville.
« Il y a une incompréhension vraiment majeure du dossier », a soutenu le ministre Poëti en entrevue à l’émission matinale de Radio-Canada lundi.
Le ministre a affirmé que Québec avait clairement fait connaître ses intentions lors d’une conférence de presse le 13 septembre dernier et a dit que la démolition des vestiges du Village des Tanneries allait se faire à mesure que le MTQ recevrait le feu vert des archéologues. « Les archéologues, pas le gars de la pépine », a insisté le ministre.
Le maire Coderre a lui aussi été talonné sur la question, mais a soutenu que le dossier du Village des Tanneries avait été géré dans les règles de l’art par le MTQ et que les nombreux artefacts retirés du site seraient mis en valeur.
Furieux de la destruction des vestiges, le maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais, a demandé au ministre Poëti de lever la clause de confidentialité qui « bâillonne » les archéologues travaillant sur le site pour connaître leur véritable opinion.
Le cas du square Viger
Mais aux yeux des élus de Projet Montréal, le dossier du Village des Tanneries apparaît comme une tache de plus du dossier de l’administration Coderre en matière de patrimoine après les cas de la maison Redpath, du square Viger et de la maison Alcan.
S’il semble être trop tard pour le Village des Tanneries, dont l’essentiel des bâtiments a disparu, le chef de l’opposition, Luc Ferrandez, croit que l’administration n’aura pas le choix de reculer dans le dossier du square Viger.
Rappelons qu’en juin dernier, le maire avait annoncé que l’Agora conçue par le sculpteur Charles Daudelin allait être détruite pour permettre la transformation du square. La famille Daudelin, des artistes, des défenseurs du patrimoine et des dirigeants de musées avaient alors réclamé du maire qu’il conserve l’oeuvre. Et en juillet, l’administration avait annulé le lancement d’un appel d’offres pour la transformation du square, affirmant ne pas être satisfaite par les plans présentés au printemps.
Questionné lors d’une conférence de presse lundi au sujet du square Viger, le maire Coderre a refusé de prononcer le mot « démolition ». « Le square Viger va être réaménagé, a-t-il dit. On parle en termes de réaménagement. […] Mais c’est sûr qu’il y a des choses qui vont disparaître et d’autres qui vont rester. »