Les citoyens auront leur mot à dire pour la mémoire de Villanueva

Les pressions pour inclure le visage de Fredy Villanueva dans la murale du centenaire de Montréal-Nord ont porté fruit. À l’issue d’une rencontre, tenue vendredi matin, avec le maire de l’arrondissement, le mouvement Montréal-Nord Republik (M-NR) s’est vu garantir une voix lors des consultations à venir.
La controverse a démarré à la suite de l’effacement, par les autorités municipales, d’un graffiti où on lisait « Fredy RIP » sur un mur de la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord. Cette paroi, désignée pour accueillir l’oeuvre d’art devant célébrer les 100 ans du quartier, fait face au parc où M. Villanueva est tombé sous les balles d’un policier, le 9 août 2008.
Compte tenu de la mobilisation populaire et de l’importante couverture médiatique, l’arrondissement a annoncé la tenue de consultations. Nargess Mustapha, l’une des porte-parole du mouvement M-NR, explique que la rencontre avec les représentants municipaux a permis de « prendre le pouls de leurs intentions et de s’assurer que le processus de consultations sera le plus inclusif possible ». Elle fera d’ailleurs partie du comité de travail nouvellement créé.
Trop tard
La réalisation de la murale par l’organisme MU devra toutefois attendre à 2016, ce qui fâche les membres du mouvement. « On va encore passer la mort de Fredy sous le tapis pendant les célébrations, c’est vraiment dommage », regrette Will Prosper, également porte-parole du groupe né il y a sept ans, dans la foulée des émeutes ayant éclaté après la mort de Villanueva. « Si leur intention est de gagner du temps, ils nous trouveront à nouveau sur leur chemin », promet-il.
M-NR déplore également que les nombreux organismes communautaires du quartier n’aient pas interpellé le maire Deguire à ce sujet. Alexandre Popovic, de la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP), rapporte que la famille Villanueva souhaiterait également qu’une plaque commémorative soit installée près d’un arbre du parc Henri-Bourassa.
Devenu pour plusieurs le symbole des tensions raciales et du profilage par les policiers, Fredy Villanueva doit figurer coûte que coûte sur cette oeuvre commémorative, dit le M-NR. Son omission a été présentée comme une occasion ratée d’entamer un processus de guérison. Avant de se pencher davantage sur « l’appropriation citoyenne du projet », le maire Gilles Deguire avait déclaré ne pas croire que son nom ou son image « donnerait une valeur ajoutée au bien-être de la collectivité ».
Une pétition citoyenne circule depuis le début d’août et demande à l’arrondissement de tenir « des réflexions adéquates » au sujet de ce projet commémoratif. « Nous souhaitons, y lit-on, que la murale serve aussi à démontrer que Montréal-Nord n’est pas amnésique face aux causes qui ont mené au décès de ce jeune qui, comme plusieurs, souhaitent [sic] vivre dans un monde qui reconnaît la différence comme une richesse et non comme une menace. »
Rappelons que le coroner avait conclu après enquête que le jeune homme avait été tué alors qu’il n’essayait pas « de s’en prendre sérieusement » à l’agent Jean-Loup Lapointe. Il avait toutefois refusé de condamner la conduite du policier. Le rapport, déposé après un long délai de cinq ans, recommandait entre autres de mettre en place un plan d’action sur la pauvreté et l’exclusion sociale.