Richard Bergeron a été poussé vers la sortie

Lorsqu’il a remis sa démission comme chef de Projet Montréal en octobre dernier, Richard Bergeron était sur le point d’être démis de ses fonctions par des membres de sa propre équipe, a appris Le Devoir.
Contesté au sein de Projet Montréal, Richard Bergeron pourrait dès cette semaine accéder au comité exécutif du maire Denis Coderre et quitter le parti qu’il a cofondé il y a dix ans pour siéger comme conseiller indépendant.
Selon plusieurs sources au sein de Projet Montréal, l’insatisfaction à l’égard de Richard Bergeron était présente depuis plusieurs mois, mais elle a culminé au mois d’octobre lorsque le chef a été forcé d’admettre qu’il avait lui-même contacté le maire Coderre dans le but d’obtenir un siège au comité exécutif. « Ce fut la goutte qui a fait déborder le vase », ont admis plusieurs sources.
La situation était devenue « intenable », avance-t-on. À tel point qu’avant même la réunion du caucus du vendredi 24 octobre, des élus, des membres du parti ainsi que des membres du comité de direction avaient déjà convenu de lui retirer la chefferie de Projet Montréal, selon les informations recueillies par Le Devoir. Or, ce matin-là, M. Bergeron avait en main une lettre de démission.
Des membres du parti avec qui Le Devoir s’est entretenu et qui ont demandé l’anonymat refusent de parler de « putsch », car aucun plan précis n’avait été préparé pour remplacer Richard Bergeron à la tête du parti. Au cours de cette réunion du caucus, il a été convenu de choisir un chef intérimaire. C’est finalement le maire de l’arrondissement Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, qui a été choisi pour prendre la barre du parti. L’annonce de l’arrivée d’un nouveau chef a été faite le lundi suivant.
Résultats décevants
La performance de Richard Bergeron lors de la dernière campagne électorale avait suscité de l’insatisfaction dans les rangs de Projet Montréal, souligne-t-on. Alors que le parti avait réussi à doubler le nombre de ses élus, M. Bergeron avait dû se contenter d’une troisième place dans la course à la mairie.
Dans les jours suivants, M. Bergeron avait annoncé son départ éventuel de la vie politique avant de se raviser en octobre dernier. « Les gens au parti ont commencé à avoir peur qu’il ne parte plus », a confié une source.
Au cours de la dernière année, les membres du parti avaient d’ailleurs remarqué chez lui un manque d’intérêt pour ses fonctions de chef de l’opposition : « Il n’avait plus de passion, plus de conviction. »
Malgré le respect qu’ils vouent au fondateur de Projet Montréal, certains lui reprochent ses « gaffes » et ses déclarations parfois intempestives. On évoque notamment ses propos concernant les itinérants venus de l’extérieur de Montréal. « Je veux qu’on leur donne un billet d’autobus et qu’ils partent », avait dit M. Bergeron lors de la dernière campagne électorale.
Plusieurs ont été choqués lorsque, en septembre dernier, il avait voté en faveur du budget de l’arrondissement de Ville-Marie alors que le parti qu’il dirigeait s’était clairement prononcé contre la réforme du financement des arrondissements de l’administration Coderre.
Ils ont aussi sourcillé aux propos élogieux tenus par M. Bergeron à l’endroit du maire, notamment dans un article du magazine Maclean’s sur Denis Coderre paru en septembre dans lequel M. Bergeron vantait le travail du maire.
Selon plusieurs sources, le maire Coderre devrait annoncer dans les prochains jours la nomination de M. Bergeron au comité exécutif. Dans son édition de samedi, La Presse révélait que M. Bergeron s’occuperait des grands projets au sein de l’administration Coderre et siégerait désormais comme indépendant.
Rappelons que, mercredi dernier, le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, a déposé un projet de loi permettant au maire d’élargir son comité exécutif.
Au cours des derniers jours, M. Bergeron a refusé de commenter son avenir politique. Il n’a pas rappelé Le Devoir dimanche.