Marcel Côté au Devoir - Soigner Montréal

La Ville de Montréal est atteinte d’un cancer et pour éradiquer le mal, il faudra effectuer une importante réforme des institutions à l’Hôtel de Ville, croit Marcel Côté. En rencontre éditoriale au Devoir, le chef de Coalition Montréal et candidat à la mairie soutient être celui qui saura prendre les décisions difficiles qui s’imposent. Mais, admet-il du même souffle, livrer un tel message dans des « clips » de 50 secondes est une tâche ardue.
Marcel Côté a visiblement longuement réfléchi aux problèmes qui rongent Montréal. Cet expert en redressement d’entreprises a une idée précise des changements qui, selon lui, devront être apportés. « Le problème de la Ville de Montréal, c’en est un de gestion. Il y a véritablement un cancer dans cette boîte-là. On peut changer les maires, mais tant qu’on ne règle pas ce problème, Montréal va rester un canard boiteux », dit-il.
Marcel Côté estime que la Ville a conservé un « modèle du maire tout-puissant à la Jean Drapeau » : « Les maires arrivent et chambardent toute l’administration, un peu comme si un premier ministre arrivait et disait qu’il ne voulait pas de Conseil du trésor. »
Il faut alléger la bureaucratie, instaurer des systèmes de gestion efficaces dans la machine administrative qui, à certains égards, est devenue dysfonctionnelle, et revoir les règles qui encadrent le comité exécutif. « Ce n’est pas un Conseil des ministres. Normalement, tout devrait passer par le directeur général », signale M. Côté. Le candidat à la mairie juge également qu’il faudrait confier le dossier des finances à un élu autre que celui qui préside le comité exécutif.
Pour lutter contre la corruption, Montréal n’a pas besoin d’un policier « avec de gros sabots », explique-t-il en évoquant l’inspecteur général que propose son adversaire Denis Coderre. Selon lui, ce concept importé des États-Unis n’est pas adapté à la réalité des villes canadiennes. « Dans les organisations saines, il n’y a pas nécessairement de corruption parce qu’il y a des contre-pouvoirs. »
Il faut soigner Montréal sans délai, plaide-t-il. « Une bonne fois, il va y avoir une crise majeure à la Ville de Montréal si rien n’est fait. Des décisions seront imposées à Montréal, prévient-il. On a l’air d’avoir beaucoup de difficulté à saisir l’ampleur du problème à la Ville. Quand on regarde le roulement des directeurs généraux, on devrait se poser des questions. »
Un message difficile à transmettre
Marcel Côté est intarissable quand il parle des réformes. Mais il reconnaît sans peine que ce genre de propos se prête mal à une campagne électorale où l’image prend toute la place. « C’est ça mon dilemme, comment expliquer ça ? J’essaie de faire des clips, mais je ne changerai pas, dit-il. Je ne ferai pas trop rêver l’électeur, mais je vais lui parler comme payeur de taxes et comme citoyen. »
« Les gens qui n’ont pas beaucoup d’intérêt [pour la politique municipale] auront plus tendance à voter pour M. Coderre parce qu’il est sympathique, poursuit-il. Tandis que les électeurs qui payent des taxes et ont à coeur les problèmes urbains vont voter pour Projet Montréal ou moi. »
Mais selon lui, il est le mieux outillé pour entreprendre les réformes nécessaires.
Il dit ne pas comprendre le vent favorable dont bénéficie Mélanie Joly dans les sondages. Selon lui, la démarche de celle-ci est superficielle. « Il y a des décisions trop difficiles à prendre et ça prend de l’envergure », dit-il au sujet de sa jeune adversaire. Il décrit Denis Coderre comme celui « qui pense que tous les problèmes se règlent avec des tapes dans le dos ». « M. Coderre n’a pas démontré qu’il était capable de prendre des décisions difficiles. On va le voir immédiatement dans la composition du comité exécutif s’il est élu. S’il met des barons sur le comité exécutif, oublions tout. »
Quant à Richard Bergeron, il semble lui vouer plus de considération : « Bergeron n’a pas la même vision de la Ville et de la démocratie urbaine que moi, mais je reconnais qu’il a du caractère, qu’il y a réfléchi et qu’il est capable de prendre des décisions difficiles ».
L’affaire des appels robotisés
Même si cet épisode est pénible pour lui, Marcel Côté accepte de parler des appels robotisés qui ont entaché sa campagne - momentanément l’espère-t-il. S’il a autorisé le recours aux appels automatisés qui permettent de faire du pointage à moindre coût, il n’a pas vu le questionnaire avant que celui-ci soit utilisé pour l’enregistrement. De plus, le texte enregistré ne comportait pas les corrections qui avaient été requises par son organisation, insiste-t-il. « Ça ne se reproduira plus, j’en suis convaincu. L’organisation est un peu traumatisée de ça », dit-il.
Marcel Côté a décidé d’assumer la responsabilité de cette bourde et personne n’a perdu son emploi dans cette affaire : « J’aurais pu congédier un innocent. Les empereurs romains faisaient ça. Si je suis élu maire, je ne ferai pas rouler des têtes pour faire rouler des têtes. Je n’ai pas besoin d’affirmation de pouvoir. »
Les sondages défavorables à Marcel Côté n’ont rien pour aider le candidat à la mairie dans sa campagne électorale. Quatrième dans les intentions de vote, selon le sondage de CROP -Radio-Canada rendu public mardi dernier, le chef de Coalition Montréal de 71 ans tient bon. Il réitère que malgré certaines déclarations récentes qui ont pu paraître ambiguës, il veut vraiment être maire de Montréal car il souhaite procéder à « une transformation profonde de la Ville ».