Élections municipales - Débat sans passion sur le transport
Thèmes incontournables dans la campagne électorale montréalaise, le transport et l’environnement ont réuni les quatre principaux candidats à la mairie de Montréal lundi soir au Pavillon Sherbrooke de l’UQAM. Compte tenu de sa forme rigide, le débat organisé par le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Montréal a manqué de piquant bien que la controverse entourant un centre de compostage ait permis quelques échanges corsés.
Animé par Steven Guilbeault, cofondateur et directeur principal d’Équiterre, le débat était divisé en quatre grands sujets, soit le transport, les espaces verts et bleus, l’aménagement et la gestion des ressources. Tour à tour, les candidats donnaient leur point de vue sur chaque thème et les confrontations directes étaient limitées.
Cette formule, qui se prêtait moins aux échanges belliqueux, a du moins permis aux protagonistes d’exposer leurs visions parfois opposées des grands enjeux.
Transport
En matière de transport, les quatre candidats ont rappelé leurs engagements respectifs. Richard Bergeron a rappelé l’urgence d’agir en raison de l’augmentation du parc automobile et a plaidé une fois de plus en faveur de son projet de tramway. Mais ses adversaires, dont Marcel Côté et Mélanie Joly, ont plutôt évoqué l’aménagement de voies réservées pour autobus et de systèmes rapides par bus (SRB). « C’est huit fois moins cher qu’un tramway et quarante fois moins qu’un métro », a indiqué Mme Joly.
Si Marcel Côté s’est montré favorable à la navette ferroviaire entre le centre-ville et l’aéroport Trudeau - une option que rejette Denis Coderre -, il a mis en garde les Montréalais contre le système léger sur rail (SLR) envisagé sur le nouveau pont Champlain. « Je vais demander à l’Office de consultation publique de Montréal de regarder l’impact de ce SLR sur l’étalement urbain », a-t-il promis.
La question de gouvernance et de financement des transports en commun a provoqué quelques étincelles. Alors que ses adversaires plaidaient en faveur d’une vision régionale du transport, Richard Bergeron a plutôt joué la carte du candidat mandaté pour représenter les Montréalais. À son avis, Montréal ne doit pas tenter d’obtenir à tout prix un consensus avec les maires des couronnes nord et sud au sein de la Communauté métropolitaine de Montréal. Cette quête fait en sorte que les dossiers s’enlisent, ce qui, a-t-il dit, permet au gouvernement du Québec de ne pas agir. « Si on essaie de répondre à tout ce monde, on tombe dans le piège dans lequel est tombé Gérald Tremblay », a signalé le chef de Projet Montréal.
Centre de compostage
Sur plusieurs points, M. Bergeron et Mme Joly semblaient sur la même longueur d’onde. Ce fut le cas lorsque la question du centre de compostage de Saint-Michel a été abordée. M. Bergeron a été particulièrement virulent à l’endroit de Denis Coderre, lui reprochant d’avoir incité les élus de son équipe à s’opposer au site de Saint-Michel alors qu’en février dernier, ces mêmes élus issus d’Union Montréal et Vision Montréal avaient approuvé le projet lors d’un vote au conseil municipal. Mélanie Joly a renchéri en soutenant qu’il était inacceptable que des élus renient ainsi leur vote. Elle a d’ailleurs suggéré que le centre de compostage s’installe à Montréal-Est, sur le même site que l’usine de biométhanisation.
Visiblement enhardie par les résultats du sondage Léger, publié lundi matin par l’agence QMI (voir encadré), Mélanie Joly a su tirer son épingle du jeu en intervenant avec aplomb tout au long du débat, elle qui avait été exclue de celui présenté la veille sur les ondes de CTV.