Montréal - Des «incidents fortuits» ont mené à l’avis d’ébullition de l’eau

« Aucune faute professionnelle n’a été répertoriée », a assuré le maire Michael Applebaum.
Photo: - Le Devoir « Aucune faute professionnelle n’a été répertoriée », a assuré le maire Michael Applebaum.

La Ville de Montréal a attribué à des « incidents fortuits » les problèmes survenus à l’usine Atwater le 22 mai dernier et qui ont conduit à l’émission un avis d’ébullition touchant 1,3 million de personnes sur l’île de Montréal. Tout en se disant satisfait de l’opération de communication lors de cet événement, le maire Michael Applebaum a reconnu que la stratégie pourrait être améliorée.


La Ville de Montréal a fait le point, jeudi, sur les événements survenus le matin du 22 mai à l’usine de production d’eau Atwater. Dans le cadre de travaux de modernisation de l’usine visant l’ajout de nouvelles technologies telles l’ozonation et la désinfection aux ultraviolets, un abaissement du niveau de l’eau dans un réservoir a été requis pour retirer une membrane qui avait été posée temporairement au fond du bassin. En raison d’un « phénomène hydraulique », la baisse du niveau d’eau s’est faite plus rapidement que prévu. Or, le système électrique d’arrêt automatique de la pompe a flanché, faisant en sorte que les sédiments au fond du réservoir sont entrés en suspension, a expliqué Chantal Morissette, directrice du Service de l’eau.


On connaît la suite : l’eau brouillée s’est engouffrée dans le réseau d’aqueducs connecté à l’usine Des Baillets. Par mesure de précaution, la Ville a donc émis un avis d’ébullition qui a touché 1,3 million de personnes pendant 36 heures.


« Ce qui s’est passé relève d’une série d’incidents qui, pris de manière isolée, ne peuvent avoir de conséquences graves, mais qui s’avèrent problématiques puisqu’ils se sont produits simultanément », a expliqué le directeur général de la Ville, Robert Lamontagne. « On sait maintenant que l’eau du réservoir avait été traitée et chlorée et que les particules remise en suspension […] ne représentaient pas un danger »


« Aucune faute professionnelle n’a été répertoriée », a indiqué le maire Applebaum qui s’est dit satisfait des explications fournies par le Service de l’eau.


Les travaux de modernisation de l’usine Atwater ont été suspendus et ne reprendront que lorsque la Ville aura l’assurance qu’un tel incident ne puisse se reproduire. Un groupe de travail composé d’experts-conseil a été mis sur pied pour analyser les travaux et une révision des procédures de travail sera effectuée. Le Service de l’eau envisage notamment de recourir à des plongeurs pour retirer la dite membrane.


Procédures de communication


Le maire Applebaum rejette les critiques selon lesquelles la Ville a mis trop de temps à avertir la population. Rappelons que le problème concernant l’usine Atwater a été signalé à la Ville vers 7 h 30, qu’un premier avis a été publié pour Le Sud-Ouest et Verdun avant que le territoire soit élargi à la majeure partie de l’île de Montréal à 11 h. Les réseaux sociaux et les médias ont été mis à contribution, mais le maire assure que la stratégie sera analysée car il « y a toujours place à amélioration ».


En cas d’incident majeur, la Ville dispose d’un service pour avertir les citoyens via leur cellulaire, sauf que pour recevoir le message, ceux-ci doivent s’inscrire au service et, jusqu’à maintenant, seuls 800 d’entre eux l’ont fait sur une population de 1,8 million d’habitants, a admis François Massé, coordonnateur de la sécurité civile de l’agglomération de Montréal et directeur du Service de sécurité incendie de Montréal. Quant au service automatisé d’alerte par téléphone filaire, seules 10 000 personnes à l’heure peuvent être rejointes. « C’est sûr que pour 1,3 million de personnes, on n’est pas capables de rejoindre tout le monde rapidement, ça c’est clair », a-t-il précisé.


Restent donc les médias sociaux et médias de masse, télévision et radio. « Il faut opter pour plusieurs moyens et ça, ça demeure le principal. Mais on a commencé des discussions avec Astral et Cogéco pour voir s’il n’y aurait pas lieu d’améliorer la communication plus instantanée quitte à avoir des ententes avec eux », a-t-il dit. Les lois sont plus contraignantes au Canada qu’aux États-Unis en ce qui a trait aux messages texte, a-t-il précisé.


La chef de Vision Montréal, Louise Harel, estime que la stratégie de communication de la Ville en cas d’urgence est déficiente. Son parti entend d’ailleurs présenter une motion au conseil municipal le 17 juin prochain afin que le Centre de sécurité civile engage des négociations avec les fournisseurs de téléphonie cellulaire. Elle souhaite qu’il soit ainsi possible d’envoyer un message d’alerte directement aux téléphones cellulaires sans qu’une inscription préalable soit nécessaire.


Mais les compagnies de téléphonie cellulaire doivent respecter certaines règles, rappelle le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). « Les fournisseurs de services de téléphonie sans fil auraient besoin de la permission de chacun de leurs abonnés avant de pouvoir créer ou divulguer un annuaire des téléphones cellulaire », a expliqué Guillaume Castonguay, du service des relations avec les médias au CRTC, lors d’un entretien téléphonique. « C’est comme ça depuis le début de l’ère du cellulaire, depuis les années 90. Il n’y a pas d’exceptions prévues pour le moment. »



Avec la collaboration de Jonathan Brosseau

À voir en vidéo