Guérir Montréal d’ici à 2017

Le ministre de la Métropole, Jean-François Lisée, en compagnie du nouveau maire de Montréal, Michael Applebaum, lundi. M. Lisée, qui a prononcé un discours devant la jeune Chambre de commerce de Montréal, pose un regard dur sur le délabrement des mesures de contrôle dans l’octroi des contrats publics à Montréal.
Photo: - Le Devoir Le ministre de la Métropole, Jean-François Lisée, en compagnie du nouveau maire de Montréal, Michael Applebaum, lundi. M. Lisée, qui a prononcé un discours devant la jeune Chambre de commerce de Montréal, pose un regard dur sur le délabrement des mesures de contrôle dans l’octroi des contrats publics à Montréal.

La corruption et la congestion routière sont les pires maux qui affligent la métropole, selon le ministre Jean-François Lisée. Il a promis de s’y attaquer avec le fol espoir que Montréal retrouve sa stature d’antan d’ici 2017. Le ministre de la Métropole a annoncé la création d’un comité-conseil sur l’octroi des contrats à Montréal, des changements à la loi 1 et la multiplication des voies réservées aux autobus et au covoiturage sur tout le territoire de l’île.

M. Lisée rêve que la métropole retrouve son prestige juste à temps pour le 50e anniversaire de l’Expo 67, en 2017. Le ministre accorde plus d’importance à ce 50e qu’au 375e anniversaire de Montréal, ou même au 150e anniversaire de la Confédération canadienne, qui tombent aussi en 2017.

« Pour moi, c’est beaucoup plus évocateur, a-t-il dit. Vrai, Maisonneuve et Jeanne Mance ont mis au monde Montréal il y a bientôt 375 ans, mais les Montréalais se sont mis au monde il y a bientôt 50 ans. »


Se disant « montréalo-optimiste », M. Lisée pose un regard dur sur le délabrement des mesures de contrôle dans l’octroi des contrats publics à Montréal.


« La démonstration est maintenant faite. Pendant une décennie au moins, en termes de travaux publics, Montréal fut une ville fermée à la concurrence. Des crapules et des criminels ont vampirisé une partie de nos budgets et de notre santé démocratique. Ils se sont infiltrés dans notre fonction publique municipale et ils ont gangrené le financement de certains partis », a dit M. Lisée dans un discours prononcé devant la jeune Chambre de commerce de Montréal.


Le pire est passé, a enchaîné le député de Rosemont. « Les crapules sont en train de tomber, en couleur et en direct », a-t-il dit, faisant allusion aux travaux de la commission Charbonneau.


« Je suis très confiant, on est en train de sortir de la crise », a-t-il ajouté.

 

Changer la loi 1


Le gouvernement Marois est encouragé par l’ouverture du nouveau maire de Montréal, Michael Applebaum.


Le maire a impressionné Québec par le pragmatisme et la rapidité de ses demandes pour corriger la loi 1 sur l’intégrité. La loi sera modifiée pour que l’Autorité des marchés financiers (AMF) atteste des bonnes moeurs des entrepreneurs pour tout contrat de construction ou d’infrastructures de 100 000 $ ou plus.


Bras dessus, bras dessous avec M. Lisée, M. Applebaum a par ailleurs officialisé la création d’un comité-conseil sur l’octroi des contrats municipaux. Formé d’experts indépendants, le comité devra produire un rapport d’ici juin 2013. Le mandat porte sur la révision des règles d’attribution et de gestion des contrats, l’efficacité des contrôles internes et externes et le respect des normes éthiques.


« Nous voulons réduire les risques de collusion et de corruption, a dit Michael Applebaum. Il faut toujours améliorer notre façon de faire les choses, et on va regarder ce qui est fait dans d’autres villes en Amérique du Nord et en Europe. »


Québec soumettra au maire Applebaum une courte liste des candidats potentiels pour la présidence de ce comité et d’autres sièges à combler. Les partis d’opposition souhaitent que des élus municipaux soient intégrés aux travaux.


La présidence et la vice-présidence du comité seront confiées à des experts de l’externe. Des représentants du bureau du contrôleur général, des avocats de la Ville et des fonctionnaires responsables de l’octroi des contrats feront aussi partie du groupe de travail.

 

Accueil tiède


Louise Harel, chef de l’opposition officielle, est satisfaite de l’initiative du maire Applebaum, et elle n’a pas tardé à présenter sa liste de souhaits.


Elle recommande la création d’une unité anticollusion, dirigée par la police de Montréal à la Ville, l’habilitation sécuritaire des élus et fonctionnaires impliqués dans l’octroi des contrats, la création d’un poste de commissaire à l’éthique avec pouvoirs de sanctions, l’abolition de la règle du plus bas soumissionnaire et le retour de la ligne éthique dans le giron du Vérificateur général.


Depuis que la ligne a été transférée sous la supervision du Contrôleur général (qui relève du directeur général), le nombre d’appels reçus a chuté de 138 à moins de 40 par an.


« Il est évident que l’abcès est crevé, mais le ménage reste à faire. […] Nous applaudissons la création de ce comité, mais c’est le suivi des recommandations qui va être important », a dit la chef de Vision Montréal.


Son homologue de Projet Montréal, Richard Bergeron, semble moins enthousiaste.


« J’ai peine à comprendre pourquoi, plus de trois ans après la dernière élection, on n’est pas prêt à mettre tout de suite en place de nouvelles structures », a dit M. Bergeron.


Lors du dépôt du rapport en juin, les élus montréalais seront bien engagés dans la campagne en prévision des élections de novembre 2013. Selon lui, il faudra attendre après le scrutin pour espérer des changements.


« Il me semble qu’il y a beaucoup de temps perdu. Il y a longtemps qu’on aurait dû mettre en place les structures opportunes pour lutter contre la corruption et la collusion », a dit M. Bergeron.

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Budget adopté et nouvelle démission à Union Montréal

Les élus montréalais ont adopté lundi en début de soirée un budget amendé qui ramène à 2,2 % la hausse moyenne de l’impôt foncier, en plus de limiter la hausse des tarifs à la Société de transport de Montréal (STM) à la progression de l’inflation. Les débats ont été marqués par une nouvelle démission à Union Montréal. La mairesse d’Outremont, Marie Cinq-Mars, a quitté le parti qu’elle accuse de vouloir réduire les prérogatives des arrondissements. « Les citoyens paient plus de taxes alors qu’on leur avait promis d’en payer moins. Où sont les économies d’échelle que devaient générer les fusions depuis onze ans ? », s’interroge-t-elle. Son départ porte à 20 le nombre d’élus d’Union Montréal. Le gonflement des salaires versés aux cadres a fait jaser. En 2011, ils ont obtenu des augmentations de 6,5 % à 12 %, selon les données compilées par Projet Montréal.

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