Budget de Montréal - Une hausse de taxes de 3,3 % décriée

Gérald Tremblay et le directeur général Guy Hébert ont présenté mardi le budget 2013 de la Ville de Montréal.
Photo: - Le Devoir Gérald Tremblay et le directeur général Guy Hébert ont présenté mardi le budget 2013 de la Ville de Montréal.

L’ombre de la corruption a obscurci la présentation du budget 2013 de la Ville de Montréal. La hausse de 3,3 % des taxes foncières a été dépeinte par l’opposition comme une conséquence du gonflement artificiel du coût des travaux publics.

L’administration Tremblay a déposé son budget au moment même où un ancien organisateur politique, Martin Dumont, attribuait au maire Gérald Tremblay une connaissance intime des pratiques frauduleuses à Union Montréal.


Selon Vision Montréal, la hausse de taxes découle directement du laxisme de l’administration Tremblay à l’égard de la corruption et de la collusion. « C’est le prix de l’illégalité, de l’immoralité et de l’indécence que les Montréalais recevront avec leur compte de taxes », a dit Louise Harel, chef de Vision Montréal. La vice-présidente de la Commission sur les finances et l’administration, Véronique Fournier, a comparé la hausse du fardeau fiscal à « une hypothèque sur la corruption ».


La leader de l’Opposition officielle au conseil, Anie Samson, s’est montrée encore plus dure, lors de la séance spéciale du conseil, en assimilant la hausse des taxes à « un pizzo » que les Montréalais doivent payer à l’administration Tremblay. « Avez-vous vous à coeur l’intérêt des Montréalais ou de remplir votre coffre-fort », a lancé Mme Samson en direction du maire Tremblay.


Budget haussier


Le budget 2013 de la Ville de Montréal est de 4,9 milliards de dollars, en hausse de 2,7 % (130 millions) par rapport à l’année précédente. Il comprend une hausse des taxes foncières de 3,3 % en moyenne.


Des arrondissements s’en tirent à coût nul, tels qu’Anjou (+ 0,5 %). Le Plateau Mont-Royal (+5,7 %), Mercier - Hochelaga-Maisonneuve (+4,9 %) et le Sud-Ouest (+4,6 %) connaissent les plus fortes hausses du compte de taxes.


Les services de la police (686 millions) et des incendies (348 millions) accaparent à eux seuls le quart des dépenses de la Ville.


Deux tiers des revenus de la Ville proviennent des impôts fonciers (3,2 milliards), une situation difficile pour une métropole qui a autant de responsabilités que Montréal.


La dette est toujours préoccupante ; elle se chiffre à 4,3 milliards.


Le président du comité exécutif, Michael Applebaum, est particulièrement fier de la réforme du financement des arrondissements afin de corriger les iniquités à long terme. Ils obtiennent cette année un espace fiscal de 5 cents/100 $ d’évaluation (87 millions au total).


M. Applebaum estime qu’il a respecté ses engagements de ne pas hausser les taxes plus vite que l’inflation. Si l’on exclut la hausse de 1,1 % de la taxe pour le Fonds de l’eau, l’augmentation moyenne des taxes foncières est de 2,2 %, « soit le niveau anticipé de l’inflation »,avance-t-il.


Pas de répit fiscal


La Chambre de commerce du Montréal métropolitain ne souscrit pas à sa rhétorique jovialiste. Pour le lobby des gens d’affaires, il est clair que le fardeau fiscal a augmenté de 50 % de plus que l’inflation.


Dans un contexte d’incertitude économique, la Chambre de commerce aurait souhaité « un répit fiscal » pour les contribuables montréalais doublé d’un réel effort de réduction des dépenses de la Ville.


Or, les dépenses sont à la hausse de 130 millions. Selon le maire, la Ville ne peut pas retarder des investissements massifs en transport collectif et dans le réseau d’eau pour répondre aux besoins de la population. « On va continuer de répondre aux attentes légitimes des gens d’affaires et des citoyens, qui veulent une amélioration de leur qualité de vie », a-t-il dit.


Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a aussi déploré l’absence de contrôle sur les dépenses. Avec si peu de légitimité politique, Gérald Tremblay aurait dû se contenter de reconduire le budget de l’an dernier, estime M. Bergeron. « On n’est pas devant une administration qui a le vent dans les voiles et qui fait des choses extraordinaires, on est devant une administration en faillite morale et technique », a-t-il dit.

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Une hausse variable d’un arrondissement à un autre

Hausse moyenne des taxes foncières sur les immeubles résidentiels par arrondissement

Ahuntsic-Cartierville 3,2 %
Anjou 0,5 %
C.-des-Neiges -N.-D.de-Grâce 2,5 %
Lachine 2,8 %
LaSalle 3,4 %
L’Île-Bizard -Sainte-Geneviève 3,0 %
Mercier -H.-Maisonneuve 4,9 %
Montréal-Nord 1,7 %
Outremont 3,3 %
Pierrefonds-Roxboro 1,4 %
Plateau-Mont-Royal 5,7 %
R.-des-Prairies -P.-aux-Trembles 3,3 %
Rosemont -La Petite-Patrie 4,1%
Saint-Laurent 3,2 %
Saint-Léonard 2,1 %
Sud-Ouest 4,6 %
Verdun 2,3 %
Ville-Marie 2,3 %
Villeray -Saint-Michel -P.-Extension 4,1 %

Source: Ville de Montréal

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