Gérald Tremblay propose un «véritable traitement d’acupuncture urbaine» pour le Quartier latin

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, veut métamorphoser le Quartier latin au cours des cinq prochaines années par une série d’interventions ciblées.
Le coeur à la fête, l’arrondissement Ville-Marie compte notamment donner son feu vert à « la cuisine de rue », favorisera l’aménagement de contre-terrasses et travaillera de pair avec le gouvernement du Québec à la révision de « certaines dispositions relatives aux heures d’ouverture des débits de boissons alcooliques », stipule la version préliminaire du Programme particulier d’urbanisme (PPU) du Pôle Est du Quartier des spectacles dévoilée en grande pompe lundi soir.
En plus de « favoriser » l’élimination des terrains vacants, l’arrondissement Ville-Marie entend revitaliser le boulevard Saint-Laurent (à l’ouest), les rues Sainte-Catherine (au sud), Saint-Denis et Berri (à l’est), et Ontario (au nord), sans oublier les rues environnantes, pour y « offrir un ensemble de parcours culturels et commerciaux des plus animés », par exemple en améliorant l’ambiance urbaine par l’éclairage des immeubles patrimoniaux.
« On veut réaménager le domaine public par une multitude d’interventions à la façon d’un traitement d’acupuncture urbaine pour offrir une expérience urbaine unique », a déclaré Gérald Tremblay, alors qu’il présentait à des dizaines d’acteurs de la scène culturelle rassemblés au théâtre Saint-Denis la deuxième phase du Quartier des spectacles ; le Pôle du Quartier latin. Celui-ci prendra forme d’ici à 2017, année qui marquera le 375e anniversaire de Montréal.
Si on fie à M. Tremblay, en 2017, une « approche flexible de partage des rues entre les différents moyens de transport selon les saisons, les jours et les moments de la journée » fera partie des moeurs des élus et des gestionnaires. Et la piétonnisation de la rue Sainte-Catherine entre De Bleury et Papineau sera chose faite depuis belle lurette.
« Tension utile »
M. Tremblay, qui est aussi maire de l’arrondissement Ville-Marie, a appelé lundi soir Québec et Ottawa à délier les cordons de leur bourse afin d’engager chacun plus de 30 millions de dollars à la concrétisation du Pôle du Quartier latin, qui nécessite des investissements à hauteur de quelque 100 millions de dollars. Il souhaite calquer le partenariat qui s’est noué en vue de la concrétisation du Pôle de la Place des Arts où les gouvernements fédéral, provincial et municipal se sont partagé, « un tiers, un tiers, un tiers », une facture d’environ 140 millions de dollars.
Le député de Sainte-Marie -Saint-Jacques, Daniel Breton, s’est dit, à l’occasion d’une courte allocution improvisée, disposé à « tout faire pour que la phase deux voie le jour », le membre du cabinet Marois ajoutant même avoir « l’intention de faire [de l’îlot Voyageur] quelque chose d’utile ».
Le secteur privé sera aussi appelé à contribuer à l’ambitieux projet. « On a un gros gros projet qui devrait être annoncé bientôt », a souligné M. Tremblay, après avoir fait une liste non exhaustive des projets immobiliers qui ont vu le jour dans le Quartier des spectacles après l’achèvement du Pôle Place des Arts.
De 6000 à 12 000 résidants
L’administration Tremblay-Applebaum souhaite voir doubler le nombre de résidants dans le Quartier latin - faire passer de la population de 6000 à 12 000 âmes -, en favorisant la construction de 2500 à 3000 unités d’habitation supplémentaires. « Qui va venir y habiter ? Eh bien, les créateurs, les artistes, les travailleurs du CHUM et de son centre de recherche, ceux de l’université… », a suggéré Gérald Tremblay, avant d’appeler à encourager une plus grande intégration sociale des résidants des Habitations Jeanne-Mance au quartier.
Se gardant de commenter dans le détail le PPU, Projet Montréal a dénoncé lundi soir les « effets pervers et dévastateurs de la spéculation incontrôlée et des expropriations sur l’état des rues » en particulier dans le Pôle Place des Arts. « Le maire sait-il ce qu’il fait ? », s’interroge le chef de la deuxième opposition à l’Hôtel de Ville, Richard Bergeron. « On procède n’importe comment, en provoquant un mouvement spéculatif qui tue les petits commerces piliers du secteur […] plutôt que d’intensifier les activités culturelles, on les étouffe », a-t-il déclaré par voie de communiqué. « Demain [mardi], vous allez voir comment ils vont voter », a lancé Gérald Tremblay.
La Société de transport de Montréal (STM) ne sera pas en reste, étant appelée à effectuer la réfection de la station de métro Berri-UQAM au coût de 90 millions $, a précisé M. Tremblay.
L’Office de consultation publique de Montréal lancera à la mi-octobre des consultations sur le PPU, « le document de référence qui guidera l’aménagement du Quartier latin pour les années à venir », après quoi il fera partie du Plan d’urbanisme de la métropole.
L’annonce concernant le Pôle Quartier latin s’inscrit dans une série de « dix initiatives » qui seront faites « au cours des prochains jours, des prochaines semaines », afin de façonner Montréal comme « métropole culturelle », a souligné à grands traits M. Tremblay. « On a par exemple mis en place un comité d’art public [qui sera chargé] d’identifier dix endroits emblématiques à Montréal où l’on peut mettre une oeuvre d’art importante », a-t-il précisé avant de partir à l’hôtel de ville où se poursuivait le conseil municipal.