Projet de règlement pour encadrer l'installation d'antennes - Montréal oublie les craintes pour la santé, déplore la CSDM
La prolifération d'antennes de télécommunications en milieu urbain soulève des préoccupations de nature esthétique pour la Ville de Montréal, mais les risques potentiels des ondes électromagnétiques sur la santé de la population inquiètent bien davantage les citoyens, estime la commission scolaire de Montréal (CSDM).
À l'occasion des consultations publiques sur le projet de règlement de la Ville visant à mieux encadrer l'installation d'antennes à Montréal, le commissaire scolaire Jean-Denis Dufort a déploré hier que la Ville ne fasse aucune mention des problèmes de santé que peuvent représenter les micro-ondes. Au cours des dernières années, des antennes de télécommunications ont été installées dans des clochers d'église. Or, ces églises sont souvent situées à proximité d'écoles, a signalé M. Dufort.«Les élèves de ces écoles sont donc exposés, jour après jour, et pendant de nombreuses années, à un rayonnement constant provenant de ces antennes. Malgré le discours ambiant, il n'existe pas de consensus scientifique sur les effets biologiques, autres que thermiques, d'une exposition prolongée aux ondes provenant des antennes de télécommunications, et ce, particulièrement chez les enfants. Nous invitons donc la Ville de Montréal à faire preuve de prudence», a expliqué M. Dufort aux commissaires de l'Office de consultation publique de Montréal, chargé d'examiner le projet de règlement de la Ville.
La semaine dernière, le comité exécutif de la CSDM a d'ailleurs adopté une résolution demandant à la Ville d'appliquer un principe de précaution en imposant des niveaux d'exposition inférieurs aux recommandations de Santé Canada lors de l'installation d'antennes à proximité des écoles et des garderies.
«Ce n'est pas la couleur ni la forme des antennes ni leur localisation qui posent problème, mais le niveau de radiation qu'elles font subir à ceux qui vivent dans leur voisinage», a pour sa part fait remarquer François Therrien, porte-parole du collectif SEMO (Sauvons nos enfants des micro-ondes).
Selon lui, les risques liés aux micro-ondes des téléphones portables et des antennes-relais sur la santé humaine ne font plus de doutes. Le rapport scientifique du Bioinitiative Working Group publié en 2007 démontre que ces ondes ont des effets néfastes sur les fonctions immunitaires et le système nerveux et qu'elles peuvent être à l'origine de cancers, a fait valoir M. Therrien. Le SEMO réclame donc des normes de protection supérieures près des écoles, des garderies, des hôpitaux et des résidences pour personnes âgées.
Risque faible
La Direction de la santé publique (DSP) de Montréal n'adhère pas à ces constats alarmants. «Les experts des organismes nationaux et internationaux sont majoritairement concordants. [...] La probabilité d'un risque pour la santé de la population qui vit à proximité des antennes peut être considérée comme faible ou inexistante», a indiqué Monique Beausoleil, toxicologue à la DSP.
Rappelons qu'en mai dernier, l'Organisation mondiale de la santé a déterminé que les ondes émises par les téléphones cellulaires et les antennes étaient «peut-être cancérogènes pour l'homme». La DSP prône d'ailleurs une meilleure diffusion des informations concernant ces équipements.
Projet Montréal, qui présentait aussi un mémoire hier, s'est inquiété de l'application du règlement sur les antennes déjà existantes qui pourraient bénéficier de droits acquis, craint le conseiller Alex Norris.
Les consultations se poursuivent la semaine prochaine.